COIMBRA (AFP) - A 18 ans, l'attaquant de l'équipe d'Angleterre, Wayne Rooney, est entré dans la légende statistique en devenant jeudi le plus jeune buteur dans une phase finale d'un Championnat d'Europe des nations de soccer.

Grâce à son doublé, l'Angleterre a facilement dominé la Suisse (3-0) à Coimbra, lors de la 2e journée de l'Euro-2004 (gr.B).

A 18 ans 7 mois et 24 jours, Rooney a battu un record détenu jusque-là par Dragan Stojkovic. En 1984, à Saint-Etienne (France), l'ancien joueur de l'Etoile Rouge de Belgrade avait marqué sur penalty avec la Yougoslavie, contre la France (défaite 3-2), 3 mois et 16 jours après son 19e anniversaire.

Phénomène de précocité, Rooney, 18 ans depuis octobre, n'est en revanche pas le plus jeune joueur à évoluer dans une phase finale d'un Championnat d'Europe des nations. Il est quatre mois plus vieux qu'Enzo Scifo, qui jouait son premier match pour la Belgique en 1984, à l'âge de 18 ans, 3 mois et 25 jours.

D'une timidité maladive, un peu gauche au moment de s'asseoir devant un micro - alors qu'il est si à l'aise sur le terrain -, le jeune attaquant au physique massif jouait, jeudi soir, les modestes: "Ce que ça me fait d'être le plus jeune buteur de l'histoire dans une phase finale d'un Championnat d'Europe? C'est bien, déclarait-il. Mes partenaires m'ont donné la balle et j'ai transformé ça en but. Je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus".

"Fantastique!"

"Le 2e but est peut-être le plus important de ma vie, car ça a vraiment coupé les jambes des Suisses", consentait-il toutefois à ajouter, avec un fort accent et mâchant en outre un chewing-gum pour se donner de l'assurance.

Les deux sélectionneurs opposés jeudi, le Suisse Koebi Kuhn et l'entraîneur suédois de l'Angleterre Sven Goran Eriksson, s'accordaient tous deux sur un seul épithète pour le qualifier: "Fantastique!".

Beau joueur, l'entraîneur helvète concluait: "c'était un plaisir de le voir jouer, c'est dommage, ce n'était pas avec nous".

Surnommé "Roonaldo", Wayne Rooney, né à Liverpool dans une famille modeste et formé à Everton, a fait ses débuts en Championnat d'Angleterre comme remplaçant, le 17 août 2002 contre Tottenham. Deux mois plus tard, il était devenu - déjà - le plus jeune buteur de la Premier league en trompant le gardien d'Arsenal, David Seaman, d'un somptueux tir sous la transversale.

En février 2003, il décroche un nouveau record puisqu'à 17 ans et 111 jours, il est le plus jeune international anglais, disputant la seconde période lors de la défaite en amical contre l'Australie (1-3). L'attaquant replonge à cette occasion dans l'oubli James Prinsep (17 ans et 254 jours), sélectionné contre l'Ecosse le 5 avril... 1879.

Grosse faiblesse

Même s'il n'a pas été étincelant avec son club, Rooney était déjà également entré dans l'histoire du soccer anglais en devenant le plus jeune buteur en équipe d'Angleterre lors de la victoire (2-1) contre la Macédoine, le 6 septembre 2003 à Skopje, en match qualificatif à l'Euro-2004.

Buteur à 17 ans et 317 jours, Rooney devenait le digne successeur de Michael Owen, auteur d'un but contre le Maroc, en 1998, à l'âge de 18 ans et 133 jours.

Alors qu'il ne gagnait que 120 euros par semaine il y a encore deux ans, sa cote a sérieusement grimpé: Chelsea aurait proposé à son club, Everton, plus de 50 millions d'euros pour le convaincre de quitter les rives de la Mersey.

Mais le jeune homme, qui a jusqu'alors toujours refusé de s'éloigner de sa région natale, a tout de même une grosse faiblesse: ne pas savoir maîtriser ses nerfs. En match de préparation à l'Euro, il s'est laissé aller à gifler, sans raison apparente, le Japonais Shinji Ono.

Il devra aussi surveiller son alimentation pour ne pas connaître d'excédent de poids, vu sa solide constitution. Un joueur à suivre, quoi qu'il en soit, car la "Rooneymania" ne fait sans doute que commencer.