ZURICH (AFP) - La commission de discipline de la Fédération internationale de soccer (Fifa) a mis un terme, jeudi, au feuilleton né de l'incident entre Zinédine Zidane et Marco Materazzi en finale du Mondial-2006 en renvoyant les deux hommes dos à dos et en écartant la thèse des propos racistes proférés par l'Italien.

L'instance présidée par le Suisse Marcel Mathier a condamné les joueurs à des sanctions pratiquement similaires, trois matches de suspension et 7500 francs suisses d'amende (4800 euros) pour Zidane, deux matches de suspension et 5000 francs suisses d'amende (3200 euros environ) pour le défenseur de l'Inter Milan.

La commission a en quelque sorte ménagé l'ancien N.10 des Bleus et a souhaité tenir compte du caractère particulier et "exceptionnel" de la situation du Français, convoqué en tant que principal accusé pour son coup de tête de la 110e minute du match France-Italie (1-1 a.p., (5-3 t.a.b.), mais parti à la retraite à l'issue de la Coupe du monde.

"Sachant que Zidane met un terme à sa carrière, la commission a pris note que Zinédine Zidane s'engageait, au-delà des sanctions prononcées à son encontre, à se rendre disponible auprès de la Fifa pour des activités humanitaires menées par l'instance dirigeante du soccer mondial en faveur des enfants et des adolescents", a déclaré le porte-parole de la Fifa Andreas Herren, lisant un communiqué.

Une demande formulée "apparemment" par Zidane lui-même, selon M. Herren.

Les dirigeants français ont salué cette décision, soulignant par la voix du président de la Ligue de soccer professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, que "le provocateur (Materazzi) a été puni" et "lourdement sanctionné".

La président de la Fédération française de soccer (FFF), Jean-Pierre Escalettes, a estimé que cette condamnation "fera jurisprudence" et "servira à nous tous, dans les ligues, dans les districts, à la Fédération française de football" pour lutter contre les comportements antisportifs.

"Atteinte à l'honneur"

La Fifa a surtout voulu faire taire l'une des principales polémiques nées du coup de tête de Zidane en balayant la thèse des insultes racistes prononcées par Materazzi, sans pour autant entrer dans le détail.

"(...) Les deux joueurs ont unanimement admis que les propos de Materazzi constituaient une atteinte à l'honneur mais qu'ils n'étaient pas de nature raciste", a indiqué le porte-parole de la Fifa.

La commission de discipline n'a pas déchu Zidane de son titre de meilleur joueur de la Coupe du monde, contrairement à ce qu'avait laissé entendre le président de la Fifa Joseph Blatter. Une sanction qui aurait eu une portée beaucoup plus forte pour le jeune retraité que les symboliques matches de suspension.

"Cette question n'a pas été évoquée par la commission", a expliqué M. Herren en soulignant que la distinction de Zidane faisait suite à un vote des journalistes "sur la base de ses performances exceptionnelles" durant le tournoi.

Paradoxalement, les condamnations à l'encontre de la "victime" Materazzi, entendu dès le 14 juillet et sanctionné pour "provocation répétée", auront plus d'incidence puisque le défenseur devrait manquer la revanche de la finale, programmée le 6 septembre au Stade de France dans le cadre des qualifications à l'Euro-2008.

"Le verdict de la commission disciplinaire de la Fifa est définitif et donc nous le respectons", a déclaré Le commissaire extraordinaire de la Fédération italienne de football, Guido Rossi. "Mais l'épisode reste gravé grâce aux images télévisées et est porté au jugement de l'opinion publique du monde entier."

Pas de vidéo

Autre objet de litige, l'utilisation de la vidéo par le 4e arbitre de la finale, l'Espagnol Luis Medina Cantalejo, pour avertir l'arbitre de champ, l'Argentin Horacio Elizondo, du geste de Zidane, a été réfutée par la Fifa.

"Les faits avaient été signalés dans l'oreillette à l'arbitre et ses assistants par le quatrième officiel (...), qui avait vu l'incident depuis sa position au bord du terrain (sans l'intervention de la vidéo)", indique le communiqué de la Fifa.

Les deux hommes avaient également été entendus dans la matinée par la commission de discipline.

Zidane, arrivé à 10h18 locales, et sorti du siège de la Fifa à 12H06 locales, n'a fait aucun commentaire. Durant son audition, il était accompagné de Jean-Pierre Escalettes et du directeur général adjoint de la FFF chargé des affaires juridiques, Jean Lapeyre.