Sotchi, un choix téméraire
Jeux olympiques mercredi, 4 juil. 2007. 21:58 mercredi, 11 déc. 2024. 15:27
GUATEMALA - Le choix de la station balnéaire russe de Sotchi pour accueillir les Jeux d'hiver de 2014 est probablement le plus téméraire que pouvait opérer le Comité international olympique (CIO) en matière politique, financière et stratégique pour son image.
La candidature de la cité des bords de la mer Noire, qui sera la première ville russe à organiser des Jeux d'hiver, était en effet la plus extrême des trois options qui s'offraient aux Olympiens: Sotchi, c'est l'inexpérience absolue en matière de compétitions de sports d'hiver et la perspective de travaux pharaoniques estimés à 12 milliards de dollars pour faire sortir de terre des infrastructures à la hauteur de l'événement.
Après Pékin (2008) et Londres (2012), les grands électeurs du CIO ont donc fait une nouvelle fois le choix du gigantisme, mâtiné là d'esprit d'aventure comme dans le cas de la Chine, en dépit des recommandations feutrées de leur président. Jacques Rogge plaide en vain depuis son arrivée au pouvoir, en 2001, pour des Jeux "à taille humaine" et financièrement sobres. Une voie qu'il n'est jamais parvenu à imposer au risque de brouiller l'image de son institution.
Les Russes, auteurs d'une campagne de communication très percutante, voire agressive, ont parfois franchi la ligne jaune tracée par la Commission d'éthique du CIO mais séduit au final une majorité d'électeurs - bien que la plus infime avec 51 membres pro-russes, sur 100 habilités à voter au second tour.
Car les JO sont devenus une marque déposée, une entreprise commerciale à but lucratif, donc destinée à défricher de nouveaux marchés. Et Sotchi, au sud d'un pays de 142 millions d'habitants est à ce titre un Eldorado à côté de Pyeongchang et Salzbourg.
Un cadeau pour Poutine
La Corée du Sud, déjà organisatrice d'événements sportifs hivernaux depuis plus de dix ans, et surtout l'Autriche, pays de ski par excellence, ne pouvaient rivaliser en terme d'investissements prévisibles.
Equiper une montagne totalement vierge est un pari économique ambitieux. Le faire dans cette région des bords de la mer Noire ajoute à la difficulté.
Car Sotchi, Riviera russe où le président Vladimir Poutine possède une datcha, est aussi la porte d'entrée d'un Caucase qui vit depuis 1991 au rythme de la guerre en Tchétchénie.
Le CIO semble avoir fait confiance au chef de l'Etat russe qui lui a garanti la sécurité à défaut de paix. Une promesse d'autant plus liante que l'obtention des Jeux est le trophée personnel du président Poutine qui a mis tout son poids politique au service de la candidature, à l'image de ce qu'avait fait Tony Blair pour Londres-2012, il y a deux ans à Singapour. Quitte à renoncer à certaines de ses habitudes les plus inamovibles: mercredi matin, il a ainsi offert aux membres du CIO la primeur de son premier discours en anglais avant de reprendre l'avion pour Moscou.
En accordant les Jeux à un pouvoir qui en avait fait une "priorité nationale", le CIO offre un cadeau lourd de sens à Vladimir Poutine, engagé actuellement dans un bras de fer stratégique avec l'Occident, et son homologue américain George Bush en particulier. Un choix politique tout aussi intrépide que le risque économique.
La candidature de la cité des bords de la mer Noire, qui sera la première ville russe à organiser des Jeux d'hiver, était en effet la plus extrême des trois options qui s'offraient aux Olympiens: Sotchi, c'est l'inexpérience absolue en matière de compétitions de sports d'hiver et la perspective de travaux pharaoniques estimés à 12 milliards de dollars pour faire sortir de terre des infrastructures à la hauteur de l'événement.
Après Pékin (2008) et Londres (2012), les grands électeurs du CIO ont donc fait une nouvelle fois le choix du gigantisme, mâtiné là d'esprit d'aventure comme dans le cas de la Chine, en dépit des recommandations feutrées de leur président. Jacques Rogge plaide en vain depuis son arrivée au pouvoir, en 2001, pour des Jeux "à taille humaine" et financièrement sobres. Une voie qu'il n'est jamais parvenu à imposer au risque de brouiller l'image de son institution.
Les Russes, auteurs d'une campagne de communication très percutante, voire agressive, ont parfois franchi la ligne jaune tracée par la Commission d'éthique du CIO mais séduit au final une majorité d'électeurs - bien que la plus infime avec 51 membres pro-russes, sur 100 habilités à voter au second tour.
Car les JO sont devenus une marque déposée, une entreprise commerciale à but lucratif, donc destinée à défricher de nouveaux marchés. Et Sotchi, au sud d'un pays de 142 millions d'habitants est à ce titre un Eldorado à côté de Pyeongchang et Salzbourg.
Un cadeau pour Poutine
La Corée du Sud, déjà organisatrice d'événements sportifs hivernaux depuis plus de dix ans, et surtout l'Autriche, pays de ski par excellence, ne pouvaient rivaliser en terme d'investissements prévisibles.
Equiper une montagne totalement vierge est un pari économique ambitieux. Le faire dans cette région des bords de la mer Noire ajoute à la difficulté.
Car Sotchi, Riviera russe où le président Vladimir Poutine possède une datcha, est aussi la porte d'entrée d'un Caucase qui vit depuis 1991 au rythme de la guerre en Tchétchénie.
Le CIO semble avoir fait confiance au chef de l'Etat russe qui lui a garanti la sécurité à défaut de paix. Une promesse d'autant plus liante que l'obtention des Jeux est le trophée personnel du président Poutine qui a mis tout son poids politique au service de la candidature, à l'image de ce qu'avait fait Tony Blair pour Londres-2012, il y a deux ans à Singapour. Quitte à renoncer à certaines de ses habitudes les plus inamovibles: mercredi matin, il a ainsi offert aux membres du CIO la primeur de son premier discours en anglais avant de reprendre l'avion pour Moscou.
En accordant les Jeux à un pouvoir qui en avait fait une "priorité nationale", le CIO offre un cadeau lourd de sens à Vladimir Poutine, engagé actuellement dans un bras de fer stratégique avec l'Occident, et son homologue américain George Bush en particulier. Un choix politique tout aussi intrépide que le risque économique.