Cette série d'articles sur l'alpinisme est présentée en partenariat avec Jeep®

Après deux récentes catastrophes meurtrières survenues ces dernières années, le Népal a du mal à se relever car les touristes ont déserté ses sentiers. Pourtant, c’est la destination de montagne la plus belle et la plus attirante qui soit.

Les trekkeurs et les alpinistes se doivent de retourner au Népal.

Octobre 2014 : l’automne est la saison reine pour pratiquer le trekking dans ce petit pays situé au nord de l’Inde. Mais cette année, sans que rien ne puisse le laisser présager, les éléments se déchaînent. Une tempête de neige d’une rare intensité s’abat sur la région de l’Annapurna, causant une avalanche meurtrière. La neige qui commence à tomber le matin va continuer de tomber durant plusieurs jours consécutifs. Trois Québécoises perdent la vie, dont la professeure et guide en tourisme d’aventure bien connue : Sylvie Marois. Une tragédie qui marque toute la communauté du plein air québécois. Deux ans après ce drame, les commémorations sont toujours aussi émouvantes.

Avril 2015 : le Népal est à nouveau frappé par une catastrophe sans précédent : un séisme de magnitude 7,8 frappe Katmandou et Pokhara, et provoque d’énormes avalanches dans la région de l’Everest notamment. Le bilan est énorme : on déplore environ 17 000 morts. Cités historiques et villages de montagne sont détruits en grande partie. Maisons, écoles, dispensaires, hôpitaux : tout est à reconstruire.

Mon ami Bal Kumar me l’a écrit sur Facebook cette année, depuis Katmandou : les trekkeurs ne sont pas revenus au Népal. Ils ont peur d’une autre catastrophe. Pourtant, les sismologues ont observé cette partie du monde et la plaque tectonique qui glisse de l’Inde vers la chaine de l’Himalaya : aucun évènement particulier ne s’est manifesté, qui puisse présager d’autres tremblements de terre du genre. Il est aussi «dangereux» de séjourner au Népal qu’en Californie, c’est tout dire! Mais la peur est un sentiment irrationnel qui se nourrit d’imaginaire et s’abreuve aux photos choc.

Mon ami Bal Kumar et d’autres sherpas comme lui (du nom du peuple autochtone népalais) ont bien du mal à se passer de cette manne que représente le tourisme de montagne dans ce pays particulièrement pauvre. Avec plus de 100 000 trekkeurs chaque saison (printemps et automne), c’est l’industrie touristique (en montagne et dans les sites historiques) qui constitue la plus grande source de revenus au pays. Sans lui, les montagnards ne peuvent compter que sur une maigre agriculture de subsistance pour survivre dans des conditions extrêmes.

Les sherpas tirent leur emploi majoritairement du tourisme de montagne : guides de trek ou d’alpinisme, hôteliers dans les guesthouse, cuisiniers, muletiers, etc. L’absence de visiteurs signifie l’absence de jobs, l’absence d’argent, plus rien.

La reconstruction a bel et bien débuté dans plusieurs endroits du pays.

« Les Népalais sont très résilients : après le séisme, ils se sont relevé les manches assez vite pour rebâtir le pays. Et de nombreuses ONG sont venues les aider à reconstruire pour redonner les services essentiels », soutient l’explorateur Bernard Voyer, vice-consul du Népal au Canada.

D’ailleurs le Canada s’est montré particulièrement empressé à apporter de l’aide humanitaire. Selon Bernard Voyer, ce sont surtout les sites archéologiques, comme la cité historique Baktapur et d’autres, qui sont à restaurer.

« Ça va prendre du temps », dit-il.

En réaction à cette situation préoccupante, le gouvernement népalais a ouvert l’accès à plusieurs sommets, qui n’étaient pas accessibles jusque-là. Mais, selon Bernard Voyer, « ces sommets ambitieux intéressent les alpinistes, pas les trekkeurs. Cela ne concerne donc que quelques centaines de personnes, on est très loin de la masse critique que représente le tourisme de trek. »

Dans le contexte d’une économie fragile, et d’un gouvernement qui peine à agir et démontre un net penchant pour les tracasseries administratives, les touristes doivent emboiter le pas.

« C’est la communauté des trekkeurs qui doit montrer l’exemple, dit monsieur Voyer. Votre prochaine expédition de levée de fonds, il faut la faire au Népal! ». Il va plus loin : « Durant votre trek dans la vallée de Katmandou ou de l’Everest, pourquoi ne pas vous arrêter trois  jours dans un villages pour aider la communauté dans son travail de reconstruction? »

Tous ceux qui ont eu le privilège de marcher sur les sentiers de ce pays ou sur ses arêtes sommitales le savent : les Sherpas vivent dans un incroyable dénuement, mais ne s’en plaignent jamais. Leur richesse est ailleurs.

Et quand on les côtoie de près, on a l’impression de recevoir tant de leur part qu’il faut bien, maintenant, leur rendre la pareille. Sans devoir moral ni culpabilité. Juste parce qu’ils ont besoin d’aide et qu’on peut les aider. Pas par l’aumône ou la pitié : en recourant à leurs services, à ce qu’ils savent faire très bien et qui les fait vivre depuis des générations.

La communauté du plein air internationale leur doit bien ça.

D’ailleurs, les choses semblent aller dans le bon sens : selon un autre ami, qui possède une agence de trekking, les voyageurs commencent doucement à regarder vers le Népal pour leur prochain voyage. Tout comme moi, d’ailleurs.

Alors si vous l’envisagez aussi, voici quelques conseils pratiques :

-          Assurez-vous de faire affaire avec une agence locale professionnelle, si possible qui a pignon sur rue à Katmandou. Prenez le temps de discuter avec les guides avant de vous engager.

-          Apportez avec vous un sac plein de matériel scolaire : crayons, cahiers, stylos, etc. Lors d’un trek au Népal, on croise beaucoup d’écoles et c’est précisément ce dont manquent les enseignants.

-          À la fin de votre aventure, laissez vos équipements à vos guides : matelas de sol, lampe frontale, lunettes de soleil (surtout : les Sherpas passent leur temps en montagne et souffrent de problèmes oculaires graves).

-          N’oubliez jamais d’être généreux en pourboire à la fin d’un trek; les guides perçoivent un salaire correct, mais c’est peu de chose en regard des risques qu’ils prennent. Un bon pourboire signifie que vous avez aimé l’expérience : ils n’en seront que plus heureux.