TOKYO (AFP) - Le numéro un du sumo, le Mongol Asashoryu, un des plus grands champions de la lutte traditionnelle japonaise, a nié mardi les accusations d'un hebdomadaire populaire selon lequel il aurait acheté des combats.

Asashoryu, qui a été interrogé par les autorités du sumo, a menacé de poursuivre en diffamation le magazine qui l'accuse.

"Il n'y a rien de malhonnête. J'ai investi toute ma vie dans ce sport. J'ai gagné vingt tournois (professionnels)", a déclaré le lutteur mongol aux journalistes après avoir été convoqué mardi par l'Association japonaise de sumo.

"Ca a été une semaine très difficile. J'envisage de porter plainte", a expliqué le plus célèbre "sumotori" du Japon, qui vient de remporter brillamment son 20e tournoi professionnel.

Selon l'hebdomadaire populaire Shukan Gendai, Asashoryu, 26 ans, de son vrai nom Dolgorsuren Dagvadorj, a acheté 11 des 15 combats du grand tournoi d'automne, en novembre, pour empocher son 19e trophée professionnel.

Chacune de ses victoires truquées aurait été monnayée plusieurs centaines de milliers de yens.

Asashoryu ("dragon bleu du matin" en japonais) a catégoriquement démenti ces accusations, ainsi que son entraîneur et plusieurs autres lutteurs professionnels qui ont déjà été interrogés.

Le plus grand "sumotori" étranger

Lutteur impétueux, voire irascible, Asashoryu est le plus grand combattant de sumo étranger de tous les temps.

Il est devenu en 2005 le premier combattant de l'histoire à remporter la même année les six grands tournois qui composent la saison professionnelle de sumo.

Originaire d'Oulan Bator, il est le cinquième enfant d'une famille qui s'est dédiée à la lutte. Trois de ses frères pratiquent ce sport en Mongolie.

Repéré par le proviseur d'un lycée japonais, Asashoryu a débarqué en 1997 au Japon où il a effectué ses débuts professionnels deux ans plus tard.

Depuis, il n'a cessé de gravir les échelons de la hiérarchie: il a été le premier Mongol à atteindre le pinacle du sumo en décrochant en 2003 le titre de "yokozuna" (champion suprême).

Réputé pour sa vélocité, Asashoryu est relativement moins corpulent (145 kilos pour 1,85 m) que ses concurrents.

Son caractère belliqueux lui a attiré l'antipathie du très conservateur monde du sumo -lutte qui remonte à deux mille ans- mais aussi des fans japonais habitués à l'apparente bonhomie et à la force tranquille des grands lutteurs.

Certains de ses détracteurs ont été jusqu'à attribuer ses victoires au faible niveau de ses adversaires.

Ce n'est certes pas la première fois que le sumo est éclaboussé par des accusations de corruption ou de dopage, souvent portées par d'anciens lutteurs.

Aujourd'hui, le Japon compte dans ses rangs de plus en plus de lutteurs d'origine étrangère, une soixantaine, dont quelque 35 Mongols, ce qui passe mal auprès de certains Japonais qui déplorent le déclin de cette spécialité nationale.