Voilà. Mario Lemieux s’est publiquement prononcé sur la question de la violence dans son sport et il clairement indiqué que les dirigeants de la Ligue ont manqué une belle occasion de montrer que ce type de comportement n’est plus admissible. Je vais vous rappeler les grandes lignes de l’affaire si jamais vous avez séjourné au camp de base de l’Everest durant les derniers jours. (Et même là, on a dû en parler). Bref, Mario Lemieux a réagi suite aux gestes commis par des joueurs des Islanders aux dépens des Penguins durant la partie du 11 février. Selon lui, il y a eu des comportements répréhensibles et dangereux. Les arbitres ont décerné 346 minutes de pénalités dans un match qui s’est terminé 9 à 3 pour les New-Yorkais.

« Le hockey est un sport robuste, un jeu physique, et il faut que ça demeure ainsi. Mais ce qui est arrivé vendredi contre les Islanders n‘était pas du hockey. C‘était une vraie mascarade. C‘était pénible de regarder le jeu que j‘aime tant tourner en un spectacle semblable ».Voilà les mots utilisés par Mario pour décrire ses impressions.

Il n’est pas le seul à déplorer cette situation. Par exemple, Steve Yzerman pense la même chose. Étonnant quand même que deux anciens et excellents joueurs estiment que la LHN n’a pas fait son travail. En sommes-nous encore rendus à vendre le hockey au USA en annonçant la violence et la bagarre dont ils semblent si friands ?

Parmi nous, plusieurs avaient l’impression que depuis la grève des joueurs les règlements étaient plus pointus et mieux appliqués. Je ne suis pas de ceux qui idéalisent le hockey comme on le jouait dans le passé. Bien au contraire. Avec le style de jeu qu’on pouvait admirer depuis quelques années, à quelques exceptions près, le sport est devenu plus rapide, plus intense et plus intéressant. Il est plus rare aujourd’hui qu’un bon joueur doive porter ses adversaires sur le dos pour avancer, comme l’a fait si souvent Mario pendant sa carrière. On voit beaucoup de joueurs talentueux et d’un plus petit gabarit exceller sur les patinoires. Seulement chez le Canadien, pensez à Gomez, Gionta ou Desharnais. Et c’est tant mieux.

Il faut aussi nous souvenir que 2 jours avant la partie Islanders / Pinguins, Boston donnait le même genre de traitement au Canadien. Et ce n’était pas plus édifiant. J’espère vraiment que ce n’est pas la tendance qui se dessine pour l’avenir et qu’on ne reverra pas les équipes engager des fiers à bras, gros, lents et sans beaucoup de talent pour faire respecter les plus petits.

J’ai entendu des gens (des plus vieux) dire qu’à l’époque de Béliveau ça jouait dur, mais que les joueurs se respectaient. Je ne peux le dire et je ne crois pas que les deux époques se comparent vraiment. Aujourd’hui le jeu est plus dynamique, les joueurs plus grands, gros et rapides, et les équipements permettent des choses qui alors étaient impensables. Et c’est certain que, dans le feu de l’action, il se produit des accidents. Ça reste du hockey et c’est un sport de contact. Mais (et j’en ai déjà parlé) je crois qu’il y a maintenant bien des gestes dangereux et intentionnels qui sont posés par les joueurs contre d’autres joueurs et qu’il n’y a aucune considérations sur les répercussions que ces gestes peuvent avoir. Certains joueurs commencent la partie en voulant faire payer chèrement un adversaire pour un geste posé lors d’une partie précédente. C’est planifié. Et voilà certainement ce que la ligue ne peut accepter. Et je persiste à penser que les joueurs eux-mêmes devraient refuser et empêcher ce genre de comportement.

En conclusion, pour moi qui demeure un spécialiste de la psychologie du sport, le hockey, comme tous les sports professionnels, est une tribune fantastique pour montrer aux jeunes des modèles de travail et de persévérance. Est-ce encore le cas? La violence, selon moi, est le refuge des imbéciles et de ceux qui n’ont pas d’autres façons de se faire reconnaître. Et ce n’est assurément pas cette image que je veux voir projeté dans le hockey moderne. Cette époque est révolue. Enfin j’espère…