Le Canada a entamé sa septième Coupe du monde de rugby de belle façon en battant le Tonga 25 à 20. Une victoire qui peut permettre de rêver. Attention, pas rêver de gagner la Coupe du Monde, il faut quand même garder les pieds sur terre, mais rêver de bien se positionner sur l’échiquier mondial du rugby.

La fédération canadienne est allée chercher l’entraîneur néo-zélandais Kieran Crowley pour que le Canada progresse, pour l’amener un peu plus loin. On peut dire que c’est bien amorcé. La meilleure performance du Canada en Coupe du Monde fut en 1991 où il s’était rendu en quarts-de-finales. Depuis, il y a eu une victoire en 95 contre la Roumanie 34-3, une victoire contre la Namibie (qui n’a jamais gagné un match en Coupe du Monde) en 99, 72-11, une victoire contre le Tonga en 2003, 24 7 et un match nul contre le Japon 1212, en 2007. Cette victoire en ouverture sur le Tonga met les Canadiens en confiance pour la suite du tournoi.

Un objectif réaliste serait de tenter d’accéder à la troisième place de la poule A, qu’il partage avec la Nouvelle-Zélande, la France, le Japon et le Tonga. Cette troisième place donne une qualification automatique pour la prochaine Coupe du monde en 2015. Le Canada a démontré de réelles qualités sur le terrain contre le Tonga. Une belle ténacité en défense par les avants, des arrières mobiles et rapides, des joueurs clés inspirants et surtout la capacité de revenir de l’arrière et d’avoir de l’audace dans les décisions afin de se donner les moyens de ses ambitions.

L’essai de MacKenzie (il a marqué un essai à chacun de ses quatre derniers matches pour le Canada) est survenu suite à une pénalité. Plutôt que de tenter de botter entre les poteaux pour trois points, les joueurs ont décidé de botter en touche pour avoir un alignement à cinq mètres et ainsi tenter de réussir un essai qui les mettrait en avant par cinq points avec la transformation. Pari réussi. C’était risqué, mais ça valait le coup. Le Tonga ne pouvait plus reprendre la tête sur un seul coup de pied, pénalité ou drop.

Cette audace est possiblement l’un des effets Crowley. Arrière des All-Blacks dans les années 80, il amène quelque chose de neuf à cette équipe qui manque cependant cruellement d’expérience et d’occasions de jeu. C’est encore et toujours le problème du Canada. On ne peut devenir meilleur si on n’affronte pas les meilleurs. L’absence d’une vraie ligue professionnelle, l’isolement géographique qui rend chacune des rencontres internationales coûteuses et difficiles à organiser, font que les Canadiens arrivent toujours en Coupe du monde avec un pauvre bagage international à déclarer.

Mais ils compensent avec de l’enthousiasme et de la détermination et cette victoire contre le Tonga les a gonflés à bloc. Il réside quand même une inquiétude dans leur jeu, la défense fragile des arrières qui ont parfois de la difficulté à suivre et laissent l’adversaire créer le surnombre. Le Tonga n’en a pas profité, ça risque d’être différent avec les autres équipes qui auront étudié le Canada à la vidéo. Le prochain match contre la France sera difficile, et si le Canada l’emportait, ce serait LA surprise du tournoi. Mais ça le préparera au match contre le Japon où se jouera la troisième place, le Japon qui sortira de ses deux gros matches de poule contre la France et la Nouvelle-Zélande, et qui n’aura pas eu l’occasion de bâtir sa confiance comme le Canada l’a fait. Alors pour l’instant ce qui importe, c’est le court bilan jusqu’à maintenant : une victoire aucune défaite. Un bilan qui sonne comme un avertissement pour tous ceux qui croyaient que le Tonga, 12e au monde était plus fort que le Canada, 14e. La suite sera passionnante.