Par Éric Leblanc - Environ 12 heures après avoir été couronné le roi du poker, Jonathan Duhamel flottait encore sur un nuage et il aborde avec enthousiasme tous les nouveaux défis qui se présentent devant lui dont celui du nouvel ambassadeur de cette discipline.

En entrevue au RDS.ca, Duhamel était heureux de partager ses émotions même s'il est embarqué dans un tourbillon d'événements depuis son triomphe.

«C'est merveilleux et complètement fou ce qui se passe en ce moment. Je suis le gars le plus content au monde! J'ai encore de la misère à réaliser ce qui arrive, mais c'est le plus beau feeling au monde», a raconté celui dont sa performance face à John Racener sera diffusée mardi à RDS vers 22h après la partie du Canadien.

Dans la nuit de lundi à mardi, Duhamel a utilisé avec brio sa quantité six fois plus imposante de jetons pour achever son adversaire américain en 43 mains. Le jeune professionnel de 23 ans a terminé le travail en poussant Racener all-in avec un As et un Valet contre un Roi et un huit en carreau.

«C'était loin d'être fini et j'avais environ de 60% des chances de gagner, mais j'étais content parce que j'avais la meilleure main et je ne pouvais pas demander mieux. J'espérais être chanceux jusqu'à la dernière carte parce que je ne pouvais rien contrôler», confie-t-il.

«C'était tellement long avant que le croupier dévoile le flop, le tournant et la rivière. Tout s'est bien passé, mais j'étais tellement stressé avant de voir la dernière carte…»

Dès sa victoire, l'ambiance a explosé au Casino Rio grâce à la présence de plusieurs dizaines d'amis et de membres de sa famille.

«Je crois qu'ils sont autant sur une bulle que moi présentement», avance Duhamel au sujet de son entourage avec qui il a pu célébrer en grand dans une immense suite offerte par le Casino Rio. «C'est fou tout ce qui arrive. Je parlais beaucoup avec eux et ils ne réalisent pas encore l'envergure de la situation et on a beaucoup de plaisir. Ce sont les plus belles journées de ma vie!»

Le nouveau visage du poker

En atteignant le sommet de l'Everest du poker à un si jeune âge, Duhamel hérite d'un rôle qu'il peut accepter avec enthousiasme ou avec discrétion. En tant que champion des Séries mondiales de poker, Bernard Lee (un analyste de poker à ESPN), affirme que le Québécois deviendra le prochain grand ambassadeur de cette discipline et pas seulement au Canada.

«C'est merveilleux d'entendre cela et beaucoup de personnes me demandent si je veux remplir ce rôle étant donné que ça me revient un peu avec ce titre. C'est un nouveau défi pour moi et je suis content de le faire. Je ferai de mon mieux pour être un bon ambassadeur pour le poker. Je vais m'impliquer à 100% et ça devrait bien aller», dévoile le premier Canadien à mériter ce titre.

Duhamel, qui a touché une bourse de près de neuf millions (8 944 310$), ignore présentement la date de son retour en sol québécois et il se contente d'apprécier ce qui lui arrive.

«Je vais prendre les choses une heure à la fois et je n'ai pas encore eu le temps de penser quel cadeau je pourrais m'offrir. Je vais peut-être y réfléchir dans l'avion», suggère l'ancien étudiant en administration à l'UQAM.

Surpris par le jeu de Racener

Au départ, Duhamel se retrouvait en compétition contre 7 318 joueurs et il est parvenu à se hisser en tête grâce à quelques remontées et de bonnes lectures sur ses adversaires et une dose de chance. En finale, il a toutefois été un peu étonné par le style employé par Racener.

«Je savais qu'il ne voudrait pas trop prendre de risques avant le flop afin d'attendre pour prendre des décisions plus prudentes par la suite. J'ai quand même été surpris qu'il n'essaie pas vraiment de voler mon big blind et ça m'a aidé», décrit Duhamel.

«De mon côté, j'ai essayé de varier mon jeu. Il savait que je serais agressif surtout avec mon avance de jetons, mais je voulais choisir mes occasions pour foncer. Parfois, je l'étais moins pour éviter qu'il sache à quoi s'attendre», ajoute le joueur originaire de Boucherville.

Même si Racener est parvenu à doubler ses avoirs à mi-chemin de la confrontation, Duhamel n'a pas perdu sa confiance établie rapidement.

«Après quelques mains, j'ai senti que j'avais un bon contrôle sur le duel et ça s'est très bien passé par la suite. Plusieurs de mes amis étaient derrière moi et ils m'aidaient et me donnaient des conseils en me disant de rester calme et continuer à suivre ma stratégie», note le représentant de Pokerstars qui s'est lié d'amitié avec quelques opposants dont Joseph Cheong (troisième position) qu'il a lui-même éliminé.