Je connais personnellement Isabelle Charest. Et lorsqu’elle nous a informés que presque toutes les activités sportives et de loisir étaient à mises « pause » pour quelques semaines. Je sais qu’elle était encore plus triste que moi.

 

Vous savez que je travaille beaucoup avec les jeunes. Pas seulement des jeunes sportifs, même si j’en connais énormément. Après le printemps épouvantable qu’ils ont connu, ils craignent maintenant qu’on leur impose de revivre toute cette solitude et cet isolement, sans vraiment savoir combien de temps durera leur purgatoire.

 

Pourtant, ils ont déjà fait des efforts et des sacrifices. Pendant des semaines et des mois au printemps dernier, ils sont restés à la maison, sans voir leurs amis et sans pratiquer leur sport préféré. 

 

Aujourd’hui, je les entends parler d’anxiété, de souffrance, d’angoisse et, parfois même, de désespoir. 

 

L’adolescence est cette période de la vie ou les relations avec les autres relèvent des besoins fondamentaux. Leur refuser le sport, source d’équilibre colossale pour des milliers d’entre eux, implique pratiquement qu’on accepte de les larguer. 


Comme le disait l’Association des pédiatres du Québec dans une lettre au premier ministre François Legault, le resserrement des consignes pour les jeunes ne changera fondamentalement rien à la transmission de la COVID-19, mais occasionnera une 4e vague dévastatrice avec « décrochage, dépressions, toxicomanie, cyberdépendance, troubles alimentaires, peurs incontrôlables, distorsion de la pensée. On pourra alors parler de sacrifice générationnel… »

 

J’ignore ce qu’il faut faire pour lutter contre ce fichu virus. Personne n’a la réponse. Cependant, on ne peut condamner toute une génération, leur laisser des dettes faramineuses, hypothéquer leur avenir et faire comme si de rien n’était. Ce sont de nos enfants dont on parle ici. Il est clair que la solution ne se trouve pas dans les restrictions. Le vrai coupable, c’est le virus et pas les jeunes.

 

Je ne crois pas que la contamination se fasse à l’intérieur des murs de l’école ou pendant la pratique sportive où tout est réglementé et surveillé. C’est hors de ces activités, dans les pauses et avec la famille et les amis que se fait probablement la propagation. 

 

Il faut alors songer sérieusement à revoir collectivement notre approche au problème. Ce ne sont certainement pas que les jeunes seuls ou les sportifs qui sont en cause. Nous devons revoir nos comportements et la façon d’entretenir nos relations sociales pour améliorer notre sort. N’oublions pas que les jeunes suivent souvent l’exemple de leurs aînés. Si certains sont trop désinvoltes face à la COVID-19, nos adolescents reproduiront ce qu’ils voient. 

 

Nous devons tous regarder ce que nous faisons, mais je ne crois pas que le fait de refuser la pratique du sport aux jeunes (et aux moins jeunes) nous fasse gagner la bataille. Ce remède s’avérera sous peu bien pire que la maladie...