La flamme s'apprête à éclairer de nouveau le stade Maracana : moins de trois semaines après la clôture des Jeux olympiques de Rio, place mercredi aux XVe Jeux paralympiques d'été, entre défi financier et quête de ferveur populaire.

Après une quinzaine olympique -la première en Amérique du Sud- mitigée et en pleine crise politique et économique, la mégapole brésilienne accueille jusqu'au 18 septembre plus de 4 300 sportifs handicapés venant de 161 nations, tous prêts à en découdre sur les terrains pour faire oublier leur handicap.

Six pays participent pour la première fois au rendez-vous paralympique : Aruba, Congo, Malawi, Somalie, Sao Tome et Principe et le Togo. Autre première, la présence d'une délégation de réfugiés, composée d'un athlète iranien et d'un nageur syrien.

Cécifoot, athlétisme, rugby-fauteuil, natation, escrime, volleyball assis, équitation : vingt-deux sports figurent au programme, soit deux de plus qu'en 2012, avec le canoë-kayak et le triathlon en nouveaux venus.

En 2012, la Grande-Bretagne, berceau du paralympisme, avait placé la barre très haut en organisant dans sa capitale des Jeux record et sans fausse note, avec des compétitions disputées à guichets fermés.

Mais la star incontestée de Londres, chouchou du public et des médias, ne sera pas au Brésil: l'athlète sud-africain Oscar Pistorius est en prison pour le meurtre en 2013 de sa petite amie Reeva Steenkamp.

- Les ventes s'accélèrent -A Rio, les difficultés s'accumulent. En août, en pleine période de destitution de sa présidente Dilma Rousseff, le Brésil ne s'était pas franchement passionné pour ses JO. Rousseff désormais destituée et Michel Temer devenu le nouveau chef d'Etat brésilien, l'engouement ne s'annonce pas pour autant au rendez-vous pour les Paralympiques.

Et les caisses sont vides. Pour pallier des dépenses imprévues pendant les JO (réparations dans le village olympique, nettoyage de la piscine devenue verte), le CIO a pioché dans le budget global de Rio-2016. Les recettes n'ont pas permis de combler le déficit, notamment à cause du démarrage poussif de la vente des billets pour les Paralympiques et du manque de sponsors.

A 48 heures de la cérémonie d'ouverture, le comité organisateur annonçait toutefois lundi la vente de plus d'1,5 million de tickets sur un total de 2,5 millions et espérait même écouler le million restant, compte tenu « du rythme des ventes ».

Le manque d'argent ayant menacé un temps la participation des pays les plus pauvres, la ville de Rio a offert de débourser 150 millions de reais (42,4 M EUR) et le gouvernement brésilien 100 millions de reais (27,4 M EUR) supplémentaires via des parrainages d'entreprises publiques.

Des sommes conséquentes mais insuffisantes pour le président du comité organisateur qui a dénoncé une « situation inédite » et annoncé des coupes budgétaires : cérémonies d'ouverture et de clôture plus modestes, service de transports réduit...

- Le Brésil vise le top 5 -Autre coup dur, la puissante Russie, deuxième meilleure nation à Londres, a été exclue des Jeux paralympiques à la suite du scandale de dopage d'Etat, une sanction dénoncée jusqu'au sommet de l'Etat russe.

Pas de quoi doucher les ambitions de plus de 4 000 sportifs surmotivés qui rêvent depuis quatre ans du Corcovado et attendent d'avoir enfin l'attention des médias du monde entier.

Selon Philip Craven, président de l'IPC, ces Jeux cariocas seront ceux « de la performance athlétique ». Ils pourraient être également le « catalyseur » d'un changement au Brésil et en Amérique latine vis-à-vis des personnes en situation de handicap, estime-t-il.

La Chine, qui avait survolé la compétition en 2012 avec 231 médailles, dont 95 en or, pourrait de nouveau s'imposer. La Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Ukraine devraient lutter pour les places d'honneur.

Fort d'une délégation de 285 sportifs, le pays organisateur vise lui la cinquième place au tableau des nations.