En le voyant exécuter des manœuvres à une vitesse impressionnante sur sa planche, barbe bien fournie et longs cheveux bruns ondulant au rythme de ses mouvements, il est difficile de s’imaginer le petit garçon qu’était JS Lapierre quand il a découvert le skateboard dans la petite ville de Notre-Dame-de-Stanbridge, en Montérégie.

Le Québécois de 26 ans est maintenant un planchiste connu à travers le monde, l’un des rares athlètes de la province qui arrivent à vivre de son sport. Il a senti que c’était sa destinée dès le moment où il a mis un pied sur une planche. 

« J’étais assez jeune. Un de mes amis avait une rampe chez lui. Son grand frère faisait du skate. À partir du moment où je suis monté sur un skateboard, j’étais incapable de penser à autre chose. Ç’a vraiment changé ma vie. J’étais fait pour ça », a-t-il raconté.

Même si dans sa tête il était clair qu’il était fait pour le skateboard, les apparences n’en disaient pas autant dès le commencement.

« La première chose que j’ai réussie à faire, c’est sûrement le mouvement dans lequel tu fais tourner ta planche, un truc de base. Au début, je n’étais pas super bon, mais j’ai persévéré et ç’a débloqué. Mes parents m’ont beaucoup aidé et c’est entre autres grâce à eux que j’ai eu la chance de continuer », a-t-il dit.

Dès vendredi, JS Lapierre participera au Am Getting Paid, une compétition montréalaise qui a une place toute spéciale dans son cœur. C’est à cet événement, en 2015, qu’il a vu sa carrière être propulsée à un autre niveau. Il a été sacré champion du « street », une épreuve durant laquelle les planchistes doivent exécuter leurs meilleures manœuvres sur les modules aménagés dans l’espace en un temps donné, et s’est retrouvé en Afrique du Sud pour participer à la Kimberley Diamond Cup, une compétition comparable à des Championnats du monde dans certains sports.

« Le Am Getting Paid a été un tremplin pour moi. J’ai ensuite terminé troisième en Afrique du Sud et je me suis fait remarquer par des commanditaires et des gens importants de l’industrie. J’ai gagné assez d’argent pour me lancer et commencer à vivre du skateboard », a-t-il dit.

Depuis, il se promène entre Montréal et la Californie pour s’entraîner à temps plein. Il espère que l’arrivée de son sport aux Jeux olympiques permettra aux gens d’avoir une meilleure vision de ce qui est sa passion depuis de nombreuses années.

« Ç’a vraiment changé ma vie et je ne sais même pas ce que je ferais de moi si je n’avais pas le skateboard. Je viens d’un petit village de campagne d’environ 600 habitants. Malgré tout, j’ai réussi à vivre ma vie et à voyager partout dans le monde grâce à mon sport. J’espère que les gens auront une vision plus positive du skateboard pour que ça change la vie d’autres petits garçons comme moi. »

Il compte bien tenter sa chance dans le processus de qualification olympique, en espérant se tailler une place dans l’avion pour Tokyo en 2020.

« Si je peux être un Olympien, ce sera quelque chose que je pourrai dire un jour à mes petits enfants », a-t-il mentionné.

L’ajout du skateboard aux Jeux olympiques a déjà des répercussions sur le milieu canadien. Une fédération nationale a notamment vu le jour il y a environ un mois. Une équipe nationale sera formée l’an prochain. C’est la première fois que les planchistes ont une structure.

« On va voir où tout ça va mener, mais si on pouvait avoir des aménagements et de l’organisation pour s’entraîner avec la fédération canadienne, ça aiderait énormément les athlètes. Dans d’autres pays, c’est déjà quelque chose d’instauré. Les athlètes ont de l’aide de leur gouvernement pour être plus en forme. Nous n’avons pas encore ça, mais ce serait super cool que ça se développe », a affirmé Lapierre.

Il tentera de renouer avec le podium du Am Getting Paid en fin de semaine, au TAZ, à Montréal. Mais son objectif premier est de s’amuser et de montrer ses meilleures manœuvres au public québécois. 

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