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La belle histoire de Xavier Desfossés, un rare athlète ouvertement gai

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MONTRÉAL – Encore aujourd'hui, les athlètes actifs qui se sentent suffisamment à l'aise pour afficher leur homosexualité demeurent très rares. Il ne reste qu'à souhaiter que l'histoire inspirante de Xavier Desfossés devienne la norme et non plus l'exception.  

 

Desfossés, un excellent joueur de volleyball, est ouvertement gai depuis l'âge de 14 ans. Son parcours, rempli de support et d'acceptation, contraste tellement avec la réalité du milieu sportif que ça étonne de l'entendre raconter une version si positive.

 

À partir de ses parents qui lui ont ouvert la voie pour dévoiler sa vraie nature, Desfossés a eu assez de courage pour partager le tout avec des cousins, cousines, tantes et oncles. Il a poursuivi le tout avec ses amis les plus proches et ses coéquipiers.

 

« J'ai reçu un beau support, je n'ai eu aucun problème. Rien n'a changé avec eux et j'étais traité de la même manière. [...] Dans ma tête, c'était un gros processus mental avant de le dire à n'importe qui. Puis de voir que, chaque fois, tout était correct, ça normalisait beaucoup la chose », a décrit l'athlète de six pieds cinq pouces, en entrevue avec le RDS.ca, dans le cadre du mois des Fiertés.

 

N'empêche qu'au moment de faire le saut au niveau collégial, avec les Titans du Cégep Limoilou, Desfossés ressentait des craintes. 

 

« C'est sûr que j'avais peur, je ne voulais pas me sentir exclu de l'équipe. Le volley, c'est un sport d'équipe, on est toujours ensemble. Avant de commencer le Cégep, j'en parlé avec un de mes colocs qui était le capitaine de l'équipe. Il a super bien reçu le tout. Tranquillement, j'ai commencé à le dire aux autres et ça s'est super bien passé », a indiqué l'athlète qui fera le saut avec le Rouge et Or de l'Université Laval, cet automne, après trois saisons collégiales.

 

« Même dans les vestiaires, je n'ai pas eu de problème, tout restait normal. Pas de commentaires qui se faisaient ou de gens mal à l'aise. Je me sentais toujours inclus dans l'équipe. Je savais que les gars m'appréciaient pour la personne que j'étais au fond de moi », a-t-il ajouté.

 

Le plus bel exemple de ce lien fort avec ses coéquipiers est survenu lors des derniers Jeux du Canada en été. Le comité organisateur avait planifié une journée de la Fierté pour souligner la diversité et les coéquipiers de Desfossés lui ont réservé une magnifique attention.

 

« Les gars sont allés acheter des drapeaux ainsi qu'un grand drapeau et ils l'ont donné à Xavier pour lui dire ‘On est avec toi là-dedans' », a raconté Rock Picard, son entraîneur qui a bien joué son rôle de bienveillance au Cégep Limoilou.

 

« Je ne m'en attendais vraiment pas, ça m'a énormément touché », a reconnu Desfossés avec une touche d'émotion dans la voix.

 

Comme le sport fait parfois bien les choses, l'équipe du Québec a remporté son match cette journée-là et ils ont pu célébrer le tout avec un plus grand sourire au visage.

 

Sauf que ce récit détonne avec les expériences vécues préalablement par Picard.

 

« Son parcours est vraiment différent. Parce que j'ai dirigé plusieurs athlètes gais au fil de ma carrière puis souvent les gars s'en ont caché. C'était ‘Rock, ne le dis pas à personne'. Il y en a qui ont attendu après l'université et d'autres qui n'ont jamais été en mesure de le dire. C'est pour ça que son histoire est remarquable! », a insisté Picard.

 

Desfossés « trouve ça poche» pour ces athlètes qui n'ont pas eu l'occasion d'être eux-mêmes. « D'avoir un coach acceptant comme lui, ça fait toute la différence», a-t-il noté.

 

Xavier DesfossésSi ça rassure de voir que Desfossés a été accepté ainsi par ses coéquipiers, ce fut également un bel apprentissage pour l'équipe.

 

« C'est rafraîchissant parce que tu sais, tout le groupe a grandi là-dedans. Quand tu arrives de l'Abitibi ou d'un petit village au Nouveau-Brunswick, c'est souvent la première fois que tu es exposé à ça », a admis Picard.

 

Ainsi, Desfossés s'attend à être aussi bien accueilli au niveau universitaire d'autant plus qu'il a connu plusieurs de ses nouveaux coéquipiers du Rouge et Or avec les Titans de Limoilou.

 

Déjà la grandeur d'âme d'être une inspiration

 

En tant qu'athlète, Desfossés regarde bien sûr ce qui se passe dans les autres sports. Quand on songe au hockey et au football professionnel, les athlètes gais demeurent plus que discrets quant à leur orientation.

 

Avec la grande maturité qu'il affiche, à 19 ans, il voudrait que d'autres jeunes l'imitent. 

 

« C'est un gros poids à soutenir surtout quand tu es jeune. De le laisser aller, ça te libère tellement. Tu vas te rendre compte que personne ne va te juger tant que ça. La pire chose qui peut arriver, c'est que des gens ne soient pas d'accord avec toi, mais tu ne dois pas essayer de les convaincre. Tu dois t'accepter toi-même et t'aimer toi-même », a mentionné Desfossés en s'adressant directement à des jeunes qui pourraient s'identifier à lui.

 

Desfossés a lui-même composé avec des gens qui n'étaient pas « en accord » avec son orientation et il a réussi à changer leur perception au fil du temps.

 

Il espère voir une plus grande ouverture dans les autres sports et la fin des commentaires déplacés dans les vestiaires.

 

« Dans une équipe de football, c'est sûr qu'il y a au moins une personne homosexuelle et parfois elle ne se sent pas full à l'aise, elle ne se sent pas elle-même. Ça peut nuire à son développement physique et mental », a évoqué celui qui aspire à l'équipe nationale et aux Jeux olympiques.

 

Puisque peu d'athlètes gais ont senti que le contexte était propice pour afficher leurs couleurs, Desfossés n'a pas eu le privilège d'observer un modèle. Sa grandeur d'âme l'incite toutefois à vouloir corriger le tir.

 

« J'ai toujours voulu être un modèle pour les plus jeunes, les inspirer à se lancer loin dans le sport et aussi pour les personnes comme moi qui ne savent pas nécessairement où ils en sont dans leur sexualité. [...] Je suis content de pouvoir être une inspiration pour les prochains jeunes, de pouvoir prendre ce flambeau », a humblement visé juste l'attaquant originaire de Sainte-Julie.

 

Ses parents et son frère ressentaient déjà une immense fierté en voyant le chemin qu'il a parcouru au niveau sportif et pour apprendre à s'accepter. Ils seront émus qu'il devienne une inspiration à l'extérieur du terrain.

 

*Remerciements à Pascal Clément, l'ancien entraîneur de volleyball du Rouge et Or pour la collaboration.