LONDRES (AFP) - La Grande-Bretagne s'est découvert une héroïne avec un petit bout de femme de 24 ans, 1,54 m et 50 kg, Ellen MacArthur, la deuxième dimanche du Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire et sans escale remporté la veille par le Français Michel Desjoyeaux.

Lundi, tous les journaux rivalisaient de titres et de qualificatifs: "Ellen, première Lady des vagues", "Elle a gagné le coeur d'une nation", "24. 000 miles. 94 jours. Quatre océans. Une héroïne", "Ellen la Magnifique".

Et les télés n'étaient pas en reste, diffusant en boucle les images de son exploit à bord de Kingfisher, de son arrivée dans le port des Sables-d'Olonne (ouest de la France), et de ses premiers mots, en passe de venir un slogan: "Si j'ai un seul message à transmettre, c'est que si vous avez vraiment un rêve, vous pouvez le réaliser, c'est possible. Mon rêve à moi, c'était la mer".

Même le Premier ministre Tony Blair l'a appelée pour la féliciter.

L'engouement des Britanniques est pourtant récent. Il y a trois semaines, elle était inconnue ou presque du public britannique, en dépit d'un parcours pourtant loin d'être anodin.

A 18 ans, elle obtient son brevet de skipper professionnel -un record de précocité- et se lance dans un tour d'Angleterre en solitaire. Après plusieurs transatlantiques, dont la "Jacques Vabre" avec le Français Yves Parlier, elle remporte à l'été 2000 la Transat anglaise en solitaire dans la catégorie monocoques.

"C'est une femme incroyablement courageuse, tenace et déterminée", a salué Sir Robin Knox-Johnston, vainqueur de la première course autour du monde en solitaire, entre 1968 et 1969.

Ellen MacArthur a confié que la lecture du livre de Knox-Johnston avait nourri ses rêves de petite fille, qui économisait le moindre penny de son argent de poche pour réaliser son rêve: acheter un bateau.

Au départ du Vendée Globe, le 5 novembre dernier, seuls les Français ont suivi sa course avec tendresse, puis admiration quand elle relatait ses acrobaties pour réparer, en haut de son mât de 27 mètres.

Il fallut les derniers quinze jours, à partir d'un communiqué signalant qu'elle était passée brièvement devant Desjoyeaux, pour que la Grande-Bretagne découvre à son tour cette navigatrice, née au coeur de la campagne anglaise, qui entrait dans le gotha de la voile hauturière.

Son arrivée a été préparée comme une apothéose par les médias britanniques, même s'ils n'ont pas diffusé l'événement en direct. Télévisions, radios et journaux avaient des envoyés spéciaux aux Sables-d'Olonne, et tous se sont dit étonnés de découvrir le formidable accueil des Français pour une Anglaise, une Anglaise qui parle français et vit en Bretagne... sur un bateau.