Il reste quoi? Une quinzaine de parties à jouer pour accéder aux séries de fin de saison. Et le moins qu’on puisse dire c’est que le tableau se resserre. Le Canadien est en bonne position, mais tout est encore possible autant pour améliorer sa position que pour se faire rattraper par des clubs qui luttent pour participer aux « parties de détail » comme disait mon père.

Ce qui est rassurant cependant, outre la fabuleuse performance et la constance de Price qui consolide sa position parmi les meilleurs gardiens de la ligue, c’est de voir que les quatre trios réussissent à faire leur travail et même à contribuer à la production offensive de l’équipe. Un peu comme si, après tous ces mois les ingrédients avaient enfin réussi à faire prendre la mayonnaise.

La semaine dernière a d’ailleurs été extraordinaire en ce sens. Je pense qu’on peut dire que tous les joueurs ont bien travaillé. Et si c’est annonciateur de ce qui s’en vient, on peut être très optimiste pour le dernier sprint de la saison. L’équipe semble soudée et faire preuve d’homogénéité et d’une bonne force mentale pour affronter n’importe quel club.

On m’a d’ailleurs demandé si, psychologiquement, on pouvait évaluer la force mentale d’un joueur ou même d’une équipe. La réponse est oui. Et il y a plusieurs méthodes qui existent. L’une d’elle a été mise au point par le Dr Robert Niderffer à l‘université de San Diego. Je la connais particulièrement bien parce que j’ai eu la chance d’étudier avec lui. Il s’agit d’un système d‘évaluation pour mieux connaître un joueur ou une équipe. Le test s‘appelle le « TAIS » pour The Attentional and Interpersonal Style (TAIS) inventory « Theory of Attentional and Personal Style ». Cette théorie, et le test qui en découle, a été développé pour établir des paramètres pour mieux comprendre et prévoir les conditions selon lesquelles un individu sera capable (ou non) de performer à son plein potentiel. C’est toutefois quelque chose d’assez complexe à comprendre et à appliquer correctement.

Il existe une autre méthode qui elle est accessible pour tous les entraîneurs (quelque soit le sport ou le niveau) et qui ne nécessite pas une grande connaissance des notions de psychologie. Il s’agit d’une grille d’analyse proposée en 2003 par Antoni Girod. La grande force de cette grille est sa simplicité. Elle permet une évaluation rapide des joueurs, elle peut être faite régulièrement pour évaluer la progression et ainsi déterminer plus précisément certains aspects à améliorer. Bien entendu, cela reste une évaluation sommaire et subjective qui, dans un contexte élite ou professionnel, doit être raffiné. Toutefois, la grille est d’une redoutable efficacité si vous ne savez pas par où commencer à ce chapitre avec votre équipe.

Voici de quoi il s’agit. On a sélectionné 21 aptitudes que l’entraîneur (ou même l’athlète en auto-évaluation) peut remplir sur une grille de 1 à 10,10 étant la perfection. Vous devez évaluer les éléments suivants : passion, enthousiasme, plaisir à jouer, goût de l’effort, discipline, respect, humilité, constance, volonté, ambition, détermination, courage, autonomie, motivation, confiance en soi, calme, concentration, combativité, lucidité et adaptabilité.

Vous voyez que c’est très simple et rapide à faire même pour tous les joueurs d’un club. Il faut, idéalement, compléter cette grille en notant quelques exemples qui prouvent chacune de vos notes. Il sera ainsi plus facile de prévoir les exercices ou les entraînements qu’il serait souhaitable d’améliorer ou les comportements et attitudes qu’on souhaite corriger.

On sait depuis longtemps que l’aspect psychologique est important dans la performance d’un joueur et d’une équipe. Le talent est essentiel, mais d’autres éléments doivent être considérés pour arriver aux objectifs d’un club. Cette brève analyse psychologique est un moyen d’y parvenir, ou de vous aider à y parvenir. Cela ne vous indiquera pas quelles combinaisons faire dans vos trios, ni s’il faut mettre tel joueur avec tel autre. Mais cela vous donnera une idée plus précise des forces et des faiblesses de vos joueurs, et ultimement de celles de votre équipe.

Il faut aussi toujours se rappeler qu’il n’y a pas de recette infaillible. Quels que soient les moyens dont vous disposez. Qui aurait pu imaginer qu’Andrei Kostitsyn serait à son mieux en jouant avec Lars Eller et Travis Moen? Il y a des mystères qui risquent de durer…