Qu’un gardien professionnel dise devant les médias que son objectif est de gagner la Coupe Stanley, je n’y vois aucun mal. En fait, c’est évident lorsque l’on y pense deux secondes. Combien de jeunes garçons et filles ont fait un rêve identique et dans la naïveté de leur jeunesse, ont osé le dire à papa et maman et même devant les amis dans la classe de première ou de cinquième.

Ce qui inquiète toutefois, c’est lorsque ce gardien professionnel affirme sur un ton sérieux qu’à Montréal, il se sent comme un Hobbit dans son trou et qu’il a peur d’aller faire son épicerie, craignant sans doute d’être pris à partie par quelques partisans déçus de ses performances.

Marc Bergevin n’a pas apprécié cette déclaration. Bon, il ne l’a pas dit aux journalistes lors de sa conférence de presse de fin de saison. Jamais il n’aurait osé donner de la viande fraîche à la meute, entassée dans cette salle devenue trop petite. Bergevin a toutefois lancé quelques pointes à son gardien, disant que même avec Bobby Orr et Raymond Bourque en défense, ces deux grands défenseurs n’auraient pu rien faire face à des tirs que Price aurait dû bloquer facilement mais qui malheureusement se sont retrouvés derrière lui.

Marc Bergevin n’a pas juste protégé son gardien. Il s’est protégé aussi. C’est lui qui a accordé le dernier contrat à Price. En juillet 2012, Price, signait une entente de 6 millions et demi pour six ans. Disons que cette saison, il doit quelques millions à son DG.

En début de cette saison écourtée, plusieurs experts ont affirmé que Price avait atteint son niveau d’excellence; Qu’à partir de 25 ans, il allait entrer dans la cour des grands et lui aussi allait offrir de grandes performances. Plusieurs sont aujourd’hui déçus, et peut-être que la direction du Canadien l’est aussi. Price n’a pas affiché une grande moyenne de buts alloués (2, 58). Il n’a pas été exceptionnel non plus dans son taux d’efficacité (,905). Pourtant, faut-il rappeler que le Canadien de Montréal est l’une des formations qui ont accordé le moins de tirs au but cette saison.

Carey Price vient de terminer sa sixième année avec le Canadien de Montréal. Statistiquement parlant, il s’agit de la pire saison de sa jeune carrière. Pourtant, un sondage effectué en fin de saison par nos collègues de TSN démontrait que selon 12 entraineurs-chefs de l’Association de l’Est, Carey Price était considéré le favori au trophée Vézina.

Alors qui croire?

Établissons le succès d’un gardien sur la base d’un taux d’efficacité de ,915. Or, parmi les 16 gardiens de but numéro 1 ayant pris part aux séries 2013, seulement 2 d’entre eux affichent un taux d’efficacité constamment supérieur à ,915 au cours des 5 dernières saisons, Henrik Lundqvist et Tuukka Rask.

À Montréal, tous les yeux sont tournés vers Carey Price. Mais on oublie que mis à part les séries, Jonathan Quick a connu une saison 2012–13 moyenne lui aussi, avec un taux d’efficacité de ,902; que celui de Craig Anderson était de ,897 il y a deux ans à peine lorsqu’il a quitté l’Avalanche; que le taux d’efficacité de Corey Crawford était de ,903 l’année dernière, que Marc-André Fleury penche des 2 côtés de la barre des ,915, année après année.

Oui, Carey Price a connu une saison difficile, mais l’idée est de contrebalancer cette saison « très moyenne » avec une saison au-delà des ,915 l’an prochain.

Visiblement, l’organisation du Canadien de Montréal fera confiance à Price en octobre prochain. De toute façon, a-t-elle le choix? Voyez-vous Budaj comme gardien numéro un? Et comme le Canadien n’a pas de véritable relève à cette position, la réponse est évidente.

Une chose est certaine; depuis son arrivée à Montréal, les performances de Carey Price ont créé deux camps bien nets, bien distincts et ces deux groupes sont maintenant devant des positions inconciliables. Il y a les Pros et il y a les Antis, deux groupes avec d’excellents arguments mais pas de réponse.

Des huit formations encore des séries, chacune mise sur un gardien plus âgé que Carey Price. Il y a donc encore de l’espoir de voir Price éclore. Il y a une lumière au bout du tunnel…

Y croyez-vous?

Stéphane Langdeau

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