Les superstitions : Quossa donne?
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 17:37 mercredi, 8 déc. 2010. 17:41Chacun de nous a entendu parler des superstitions des sportifs. Vous savez, ces petits gestes qui sont répétés pour se protéger du mauvais sort. Ce peut être n’importe quoi. Rappelez-vous Gretzky qui portait toujours un coté de son chandail dans ses culottes, ou de Patrick Roy qui ne patinait jamais sur les lignes de la patinoire et sautait lorsqu’il devait les traverser. En fait, si souvent les sportifs semblent en avoir plus que le commun des mortels, ce n’est pas toutefois un phénomène inconnu pour la plupart d’entre nous. Qui n’a pas son petit rite pour telle ou telle occasion? Qui n’a pas un doute s’il doit passer sous une échelle? Ou sa petite patte de lapin porte-bonheur? Alors, vous voyez que nous ne sommes pas très différents des sportifs.
D’où viennent les superstitions?
On ne sait pas, au juste, d’où elles viennent. Mais il y en a probablement depuis les tous premiers hommes. Les rituels superstitieux sont là parce que nous avons peur. C’est pour conjurer cette peur que nous avons pris telle ou telle habitude. On met en relation, de façon tout à fait arbitraire et presque magique, des faits ou des gestes qui n’ont absolument aucun rapport entre eux en se disant que ça favorise la chance ou que ça nous protège du malheur. On peut très bien imaginer qu’un de nos très lointains ancêtres soit sorti de sa caverne en tournant à gauche. Or, si sa journée a été catastrophique, en rentrant le soir il a dit au reste de la tribu que ça porte malheur de tourner à gauche en sortant de la caverne, ce que les autres auraient facilement pu adopter comme rituel par la suite.
Donc, même si on ne connait pas avec certitude l’origine des superstitions et des rituels qui y sont liées, il est indéniable qu’il y en a toujours eu et qu’il y en a encore.
Qu’est-ce que la superstition?
On définit la superstition comme étant de croire à l’existence de forces occultes et surnaturelles. En fait, c’est cette croyance en la valeur magique de certaines pratiques, en la signification surnaturelle de certains signes qui définit la superstition. On fait ou ne fait pas certaines choses par pure superstition. Plusieurs personnes, parmi les plus logiques ou incrédules, estiment que ce sont les plus faibles qui sont superstitieux. Je n’irais pas aussi loin. Je crois que nous avons tous besoin de nous raccrocher parfois à de petits moyens qui nous aident à faire face à certaines situations. D’ailleurs, il arrive que ces superstitions puissent avoir une influence favorable sur nous, comme je l’expliquerai plus loin.
Et les rituels superstitieux.
Ce sont ces rituels qui, essentiellement, nous permettent de savoir si quelqu’un est superstitieux ou non. Les rituels, ce sont, ni plus ni moins, que les gestes que nous posons ou ne posons pas et qui témoignent de notre superstition. Je suis convaincu que la plupart d’entre nous entretiennent de tels gestes. Pour ma part, quand je vais jouer au hockey, je prépare toujours ma « poche » de la même façon. Je dois mettre d’abord mes gants dans un coin. Puis, ce sont les jambières de chaque côté. Puis toutes les autres pièces d’équipement suivant un ordre précis auquel je ne déroge jamais. À mon sens, c’est une forme de superstition. Je suis certain que si je ne procède pas toujours de la même façon, je fais oublier quelque chose. C’est ma routine pour conjurer le mauvais sort
Pour d’autres, il s’agit d’autres actes, mais le sens est finalement toujours le même. Je vous donne quelques exemples que j’ai dénichés sur quelques athlètes.
Tiger Wood porte toujours un chandail rouge lors de la dernière journée d’une compétition.
Chris Chelios enfilait toujours son uniforme le dernier dans le vestiaire.
Guy Carboneau n’utilisait que du ruban blanc pour ses hockeys.
Rafael Nadal installe toujours ses bouteilles d’eau de la même façon entre ses jambes entre les sets. Et il ne retourne pas sur le terrain si l’étiquette des bouteilles n’est pas parfaitement perpendiculaire à la ligne de fond du court.
Wayne Gretzky, pendant le réchauffement immédiatement avant la partie, ratait volontairement le filet sur son premier lancer.
Michael Jordan a toujours porté comme un porte-bonheur le short de North Carolina sous ses tenues de match.
Jocelyn Thibault se versait de l’eau sur la tête exactement 6 minutes et trente seconde avant chaque partie qu’il disputait à Montréal.
Séréna Williams porte toujours la même paire de bas durant un tournoi. Pas une copie, la même.
L’explorateur Bernard Voyer entreprend toujours une expédition le 7 du mois.
Et c’est vrai aussi pour les équipes. Rappelez-vous des Flyers de Philadelphie qui croyaient que lorsque Kate Smith interprétait les hymnes nationaux ils gagnaient.
Et on pourrait ajouter des centaines d’anecdotes du genre pour des centaines d’athlètes dans tous les sports.
Pourquoi de tels habitudes chez les athlètes?
Qu’est que poser toujours les mêmes gestes peut bien leur apporter? Tous les spécialistes en psychologie du sport connaissent la réponse. Les sportifs ont alors l’impression d’avoir un léger avantage sur l’adversaire. Ces rituels leur donne un sentiment de sécurité et de protection. Ils se trouvent dans une zone de confort qui leur permet de mieux performer. Mais surtout. Par la plupart d’entre eux, ces rituels leur permettent de mieux se concentrer sur la partie. D’entrer dans leur bulle et de « focusser » sur le jeu. Uniquement.
C’est donc pour ces raisons que même les spécialistes en psychologie du sport qui sont attachés à telle ou telle équipe, ou qui suivent tel ou tel athlète les laissent faire, sans nécessairement encourager cette pratique pour autant. En posant ces gestes, en suivant ces rituels, les athlètes se croient plus forts, plus rapides. Or, vous savez, car nous en avons souvent parlé, l’importance de croire en ses moyens et en son talent. La « force du mental » comme disait l’autre. Pour les sportifs qui ont de tels agissements, ces rituels servent à canaliser l’énergie. Voilà aussi en quoi les superstitions peuvent avoir un côté positif.
Quel problème peut-il y avoir?
Il faut absolument être prudent face aux superstitions et aux rituels qui les accompagnent. Tout ça peut devenir très problématique. La frontière entre avoir des comportements bénins qui aident à la concentration et la performance d’une part et, d’autre part les individus qui sont « obsessifs compulsifs » peut être très mince. Je n’entrerai pas dans les considérations d’ordre purement psychologiques, mais, à mon sens, à partir du moment où ces rituels entravent votre liberté, vous avez un problème. Quand il y a trop de rites et de superstitions, quand vous êtes convaincus que si vous faites ou ne faites pas ceci ou cela vous allez perdre ou subir un malheur, il y a problème.
Quand une personne est rendue à un tel point qu’elle s’oblige à éviter toutes les fissures dans la rue parce que ça va lui amènera inévitablement des désagréments, il est évident que sa liberté d’agir et de penser est diminuée, Ça devient pathologique. Et ça c’est plus néfaste que n’importe quel oubli de rite que vous pourriez faire.
Il ne faut jamais oublier que ces superstitions ne sont pas vraies. Ce n’est pas parce que je vais mettre mon équipement d’une autre façon dans mon sac que je vais automatiquement oublier une pièce. Ce n’est pas parce que Gretzky aurait oublié de mettre un côté de son chandail dans ses culottes qu’il aurait joué moins bien. Ce n’est pas parce que je croise un chat noir qu’un malheur m’arrivera sous peu. Ça c’est la réalité. Si un geste ou un rituel permettait toujours d’avoir tel résultat, et toujours le même résultat, les scientifiques pourraient analyser les raisons qui expliquent cette situation, et tout le monde ferait ce même rituel pour arriver au même résultat.
Il fait donc prendre ça avec un grain de sel. Mais si ça vous donne le petit plus de confiance en vous pour mieux performer, alors pourquoi pas?