Le magazine Forbes a publié cette semaine son classement annuel sur la valeur des équipes de la Ligue nationale de hockey. On y apprend que le Canadien vaut maintenant 1 milliard 180 millions de dollars, ce qui le place au 2e rang, derrière les Rangers de New York, mais devant les Maple Leafs de Toronto.

En entrevue, l'expert en marketing sportif et ancien vice-président du Canadien, Ray Lalonde, a confirmé les chiffres de Forbes.

Ce bond de la 3e à la 2e place des Canadiens est dû essentiellement à son contrat de télévision avec RDS qui va lui rapporter 68 M$ pendant 12 ans. Pour vous donner une idée, les Blackhawks de Chicago, qui ont gagné trois fois la coupe Stanley en six ans, ne toucheront que 9 M$ par saison en droits de télévision locale jusqu'à la fin de la saison 2018-2019. Ensuite, les Hawks pourraient empocher 27 M$ par année.

Ceci étant dit, quel est le potentiel de croissance du Canadien au cours des prochaines années? Ça dépend de ses performances en séries éliminatoires. Si on tient pour acquis qu'une équipe qui atteint la finale de la coupe Stanley va jouer 12 ou 13 matchs à domicile, on parle ici de revenus d'environ 40 M$. Moins les dépenses, c'est environ 25 M$ qui vont tomber dans les coffres de l'équipe. Et ça ne s'arrête pas là. L'année suivante, on va augmenter le prix des billets, de la publicité, des concessions, des produits dérivés, etc.

Comme le Canadien a une équipe jeune et talentueuse, l'avenir est prometteur, sur la glace et dans les livres!

Plutôt ironique

Le classement de Forbes est plutôt ironique quand au même moment le Sports Business Journal nous apprend que Gary Bettman a touché un salaire de 9,6 M$ pour l'année 2013-2014. Le même article disait aussi que pour la même période, la LNH avait enregistré des pertes de 8,47 M$, comparativement à 71,87 M$ l'année précédente qui avait été marquée par un lock-out. Les revenus ont été de 124,3 M$ et les dépenses de 132,8 M$, des chiffres plutôt étonnants quand on sait que la ligue touche des milliards en droits de télévision, publicité, etc.

Mais le plus étonnant a été de lire qu'aux yeux du fisc américain, la LNH est un organisme à but non lucratif, un OSBL! Et c'est pour cette raison que tous ces chiffres ont été rendus publics. Alors, comment diable la LNH peut-elle être un OSBL quand elle n'a rien à voir avec un organisme de bienfaisance, de charité ou une école qui ont comme objectif de rendre le monde meilleur, pas de faire du cash?

L'affaire remonte à 1942, quand le gouvernement américain avait accordé ce statut à la NFL. Ce qu'il faut savoir, c'est que toutes les équipes sont imposées sur la vente de billets, chandails, souvenirs, droits de télévision, etc. Cependant, le siège social qui gère les activités de la ligue, l'organisation et les réglements ne paie pas d'impôts. Il reçoit un pourcentage de tous les revenus générés, le reste étant partagé entre les équipes et l'Association des joueurs.

En 2013, malgré des revenus de 10 milliards de dollars, elle n'avait déclaré que 326 M$ et des dépenses de 317 M$ pour un revenu imposable de 9 M$ seulement. Cette année-là, le salaire de Roger Goodell avait été de 44 M$. Un document du Congrès américain révélait que la NFL avait payé 109 M$ au fisc en 10 ans, des « pinottes ».

Au fil des ans, les pressions sont devenues de plus en plus fortes, surtout de la part de sénateurs qui représentaient des États où il n'y a pas d'équipes de football. Finalement, la NFL a renonçé à ce privilège plutôt que de se battre contre le Congrès jugeant que le jeu n'en valait pas la chandelle. Une décision essentiellement de relations publiques. Du coup, la NFL n'est plus obligée de révéler les salaires de ses dirigeants.

Le baseball majeur a aussi renoncé à cette clause, alors que la NBA et la MLS ne s'en sont jamais prévalus. La LNH, le circuit PGA Tour et le circuit de tennis ATP sont, à ce jour, toujours des OSBL.