Pas besoin d’insister sur le fait que Price fait actuellement abondamment parler de lui. Les commentaires, que plusieurs d’entre vous m’avez fait parvenir sur mon blog, témoignent des lacunes, autant personnelles que professionnelles que vous voyez en ce début de saison. Mais nous croyons tous qu‘il a du talent et qu‘il deviendra peut-être un excellent gardien de but.

On dit toujours que les gardiens sont d’une race à part. Mais est-ce vrai? J’ai déniché une excellente recherche, produite récemment par François Larouche étudiant en psychologie du sport, et qui a analysé l’ensemble des travaux et des expérimentations touchant ce dossier des gardiens. Il fait le tour plusieurs recherches faites par des spécialistes autant en psychologie du sport en général qu’en ce qui concerne spécifiquement les gardiens de but. L’auteur de l’étude se demande pourquoi le Québec, qui était une pépinière d’excellents gardiens (on n’a qu’à penser à Patrick Roy, Martin Brodeur, Emmanuel Fernandez, Jean-Sébastien Giguère, Roberto Luongo et Marc-André Fleury), semble avoir perdu sa place et s’il pourra, un jour, la reprendre?

Sans entrer dans les détails, l’une des premières constatations est effectivement d’ordre psychologique. En effet, dans une équipe de hockey, le gardien est le seul qui « subit » l’action. Ce n’est pas lui qui va compter des buts. Ce n’est pas lui qui va déjouer des joueurs. Ce n’est pas lui qui va faire un tir foudroyant en direction du filet. Ce n’est pas lui qui va donner des mises en échec. Le gardien, seul dans sa cage, subit tout cela. En partant il est donc différent des autres joueurs sur la glace. Or, cette distinction psychologique fondamentale est aussi associée à un rôle et des mouvements techniques qui sont différents de tous les autres. Un gardien n’a pas besoin d’avoir un bon coup de patin, mais il est le seul à devoir contrôler le style papillon, à devoir faire des déplacements latéraux rapides et contrôlés, à se jeter toujours devant la rondelle, à lancer sa mitaine au bon moment et au bon endroit pour attraper un tir, et ainsi de suite.

On se retrouve donc devant un joueur qui fait partie d’une équipe, mais qui un rôle et une attitude devant le match qui sont uniques. Les gardiens de but sont donc effectivement différents et doivent, en conséquence, avoir un entraînement différent, particulièrement du point de vue psychologique. La force du mental devrait être développée très jeune. Si, comme le disait François Allaire, la technique des québécois (et des canadiens en règle générale) est bonne, c’est donc le reste de la formation qui laisse à désirer. Les gardiens doivent développer de façon spécifique ses qualités particulières que sont : le contrôle de ses émotions, sa concentration et son attitude.

Pour en revenir à Carey Price, les spécialistes de l’équipe (et du monde du hockey en général) notent qu’il possède d’excellentes qualités techniques et physiques. Il semble alors évident que Price doive maintenant, avec l’appui de spécialistes dans le domaine de la psychologue sportive, s’attaquer à l’aspect plus intellectuel de son travail et de son attitude.

Ceci dit, malgré des résultats qui ne sont pas à la hauteur de ce qu’attendent les amateurs depuis le début des matchs pré-saison, il est beaucoup trop tôt pour paniquer. Il reste beaucoup de hockey à jouer d’ici le début des séries éliminatoires. Mais Price doit apprendre à se prendre en main et doit surtout rapidement apprendre à accepter ses responsabilités et à travailler en harmonie avec les autres joueurs de l’équipe pour enfin devenir le gardien de but exceptionnel que nous attendons tous.