Martin Brodeur, c’est vrai, connait un début de saison qui n’est probablement pas à la hauteur des attentes de ses fans ni de ses extraordinaires qualités de gardien de but. Avant la partie de jeudi, il affichait une moyenne de buts concédés de 3,18 et un taux d’efficacité 88,7%. Ce ne sont pas les chiffres auxquels il nous a habitués.

Il faut bien avouer que Martin Brodeur a une plus longue carrière derrière lui que devant. À 38 ans, il est déjà un être d’exception et il continue d’avoir un niveau de jeu que beaucoup de gardiens, plus jeunes, lui envient. Mais, il est indéniable que l’âge le rattrape doucement.

Pour être totalement honnête, il faut aussi préciser que certains éléments peuvent, en partie expliquer ce départ chancelant. Dans un premier temps, Martin a changé d’entraîneur cette année et il y a toujours une période d’apprentissage ou de rodage entre deux hommes qui doivent travailler en étroite collaboration. Le climat de confiance doit se créer. Il est aussi possible que ce nouvel entraîneur apporte des corrections au jeu de Brodeur qui le feront sortir de sa zone de confort dans le but d’améliorer encore ses performances. Ce qui implique des ajustements à son jeu et l’établissement de nouvelles habitudes de travail. Ce processus n’est jamais facile et peut jouer (temporairement du moins) sur la confiance. Or, un gardien qui doute de ses moyens réfléchit trop au lieu de réagir. Et les rondelles passent.

Il y a aussi le fait que l’équipe doit vivre avec de nombreux blessés, sans compter que les Devils doivent composer avec le plafond salarial ce qui les oblige à aligner une équipe réduite. Les joueurs sont-ils trop sollicités? Ce qui expliquerait en partie les performances générales de l’équipe en ce début de saison.

Bref, on peut entrevoir plusieurs pistes qui expliquent un départ plus lent. Mais il ne faut pas non plus négliger le goût de la victoire qui anime un gars comme Brodeur. Il sait ce qu’il faut faire pour réussir et il semble toujours vouloir la victoire. Autant qu’à ses débuts. Il est intense et excessivement compétitif. La victoire (par blanchissage) contre les Canadiens pourrait marquer un tournant pour sa saison et signifier un nouveau départ pour l’équipe.

Toutefois, je le répète, à 38 ans, Brodeur doit commencer à penser au moment où il devra accrocher ses patins et il doit s’y préparer. La retraite pour un sportif peut être un passage difficile et déchirant psychologiquement. Le moment n’est pas venu encore. C’était d’ailleurs clair quand il est entré au Centre Bell avant la partie, en compagnie de Kovalchuk. Tout dans son attitude, sa posture et sa tenue montrait qu’il est toujours le maître des buts des Devils. Et il l’a affirmé lui-même aux journalistes, quand il a dit qu’il n’aspire à rien de moins que la Coupe Stanley cette année. C’est cette attitude et cette force de caractère qui a toujours fait de lui un gagnant. Brodeur est encore loin d’être fini.