Il y a quelque temps, je donnais, dans le Nord de Montréal, une conférence-bénéfice au profit d’un club de patinage artistique de cette région. Durant ces allocutions je traite de biomécanique, mais aussi de psychologie du sport, de motivation et d’autres sujets de réflexion qui me viennent de la pratique de ma profession, mais aussi et surtout de l’expérience et des nombreuses rencontres faites au cours de mes voyages. Il ne s’agit aucunement de prétention de ma part, mais, voyez-vous, j’ai eu la chance et le privilège de traiter quelques uns des meilleurs athlètes et des plus illustres personnalités au monde. Ce que j’ai appris, je désire le partager avec tous ceux qui le souhaitent.

Bref, après la conférence, durant laquelle j’aborde, entre autre, l’importance pour chacun de nous de vivre dans le présent, quelqu’un me demandait de préciser ce que je voulais dire. Un autre exemple que j’aurais pu apporter comme réponse m’est venu alors que je regardais la course de Nascar sur le circuit Gilles Villeneuve. Ceux qui pilotent ces bolides représentent exactement ce que j’entends par vivre dans le présent. C’est un exemple extrême, bien sûr, mais il démontre bien ce que je veux exprimer. Imaginez-vous la concentration de ces hommes et de ces femmes à chaque moment de la course. La seconde qui vient de passer n’existe plus et celle qui arrive n’existe pas encore. Seul le moment présent a de l’importance. Bien sûr il leur faut anticiper la prochaine courbe et le déplacement des concurrents devant et derrière. Mais l’essentiel, c’est le moment présent. L’anticipation n’est pas la réalité. L’adversaire ne réagira peut-être pas comme on le croit. L’adhérence dans la courbe ne sera peut-être pas aussi forte qu’on l’espère. C’est donc dans l’instant présent qu’on agit. Pour eux, c’est souvent une question de survie.

Quand le jeune Ranger, à la fin de la course de la série Canadian Tire, se fait littéralement pousser par l’américain James Bowles, il doit réagir instantanément. Le geste de son poursuivant n’était pas prévisible. Dans la courbe suivante, quand l’opportunité se présente de lui rendre la monnaie de sa pièce et de le dépasser, il n’hésite pas et passe devant pour terminer en tête. Bien sûr, après la course il s’est dit fâché par le geste de Bowles, mais pendant la course, il a est resté concentré sur l’instant présent. L’accrochage était dans le passé et il ignorait qu’il aurait l’occasion de le doubler quelques secondes plus tard. C’est parce qu’il vit intensément dans le moment présent qu’il n’a pas perdu le contrôle de son bolide, dans premier temps, et qu’il a pu saisir une opportunité, dans un deuxième temps, de montrer toute sa valeur.

C’est vrai pour les pilotes de course, mais aussi pour chacun d’entre nous. Pas au même degré, je vous le concède. Le présent est le seul temps qu’il est possible de partager avec les autres. C’est le seul temps concret et véritable. Le passé et l’avenir sont des moments que nous nous représentons dans notre tête et auxquels nous n’avons pas accès. Je crois sincèrement qu’agir dans le moment présent et profiter de chaque instant au moment où il passe nous permet de transformer notre vie. Et je suis certain que plusieurs d’entre vous avez aussi des exemples qui démontrent bien l’importance de vivre dans la présent…