LONDRES (AFP) - Le Britannique Pete Goss a vu s'envoler dimanche ses derniers espoirs de participer à The Race, la course autour du monde en équipage et sans escale, après que son maxi-catamaran Team Philips eut été victime d'une nouvelle avarie lors d'une tempête dans l'Atlantique.

Le skipper et ses six coéquipiers, qui ont préféré quitter leur bateau pour des raisons de sécurité, ont été récupérés en milieu de matinée par un cargo allemand qui s'est dérouté pour leur porter secours. Celui-ci a poursuivi sa route vers Halifax avec les 7 membres d'équipage, tous sains et saufs.

L'équipage de Team Philips effectuait d'ultimes tests en mer avant de faire route vers Monaco, où ils devaient s'aligner au départ du prologue de la "régate du siècle", le 13 décembre.

Mais dans la nuit de samedi à dimanche, le multicoque révolutionnaire de 38 mètres, qui a multiplié les revers depuis son lancement en mars dernier, a subi une nouvelle avarie à quelque 1.300 km à l'ouest des côtes irlandaises. Dans une mer creusée par des vents de près de 90 km/h, une série de vagues puissantes ont endommagé la nacelle centrale du catamaran.

Team Philips aurait pu continuer sa route, a expliqué son équipe, mais avec une manoeuvrabilité réduite. La mort dans l'âme, l'organisation, après discussion avec le skipper et l'équipage, a donc préféré ne prendre aucun risque et appeler à l'aide.

6,4 millions d'euros à la dérive

"Sans doute la meilleure décision", a immédiatement commenté le directeur et concepteur de The Race, le Français Bruno Peyron.

Le voilier, qui a coûté 4 millions de livres (environ 6,4 millions d'euros), a quant à lui commencé à dériver au milieu de l'Atlantique, menacé par une nouvelle tempête attendue dans la soirée.

Un triste coup dur pour Pete Goss, 38 ans, entré dans la légende de la course au large en portant secours au Français Raphaël Dinelli dans le Pacifique Sud lors du Vendée Globe 1996-1997.

Cet ancien commando de marine et son équipe n'avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour boucler leur préparation avant le départ de The Race, le 31 décembre à Barcelone.

Mais le sort s'est acharné sur un catamaran présenté comme une prouesse de la technologie britannique, avec ses deux mâts-ailes d'une quarantaine de m de haut et ses coques en carbone.


Problèmes en série

Le 29 mars, quelques semaines seulement après son inauguration par la reine Elizabeth, une section de 12 m de longueur de la coque babord s'était brisée net lors de tests au large des îles Sorlingues. Un accident d'autant plus surprenant qu'il s'était produit dans un mer certes agitée (creux de 3 mètres, vents soufflant à 25 noeuds), mais sans commune mesure avec ce qui aurait attendu le catamaran dans les mers du sud.

Après une longue et coûteuse reconstruction, le voilier avait été remis à l'eau fin septembre, mais une nouvelle série de problèmes techniques, notamment au niveau des mâts, allait encore retarder la mise au point du voilier.

Au point que fin octobre, l'un des coéquipiers de Team Philips, Mike Calvin, décidait de jeter l'éponge. Poursuivre l'aventure serait "de la folie", avait-il expliqué. Selon lui, le bateau n'était pas suffisamment prêt.

Dimanche, le parraineur ne s'était pas prononcé sur l'avenir du catamaran géant, qui visait également le record du tour du monde à la voile sans escales, le Trophée Jules-Verne.

Le directeur du projet, Mark Orr, a expliqué qu'aucune décision ne serait prise avant que Team Philips n'ait été récupéré et les dégâts évalués.