NEW YORK (AFP) - La délégation irakienne, qui participe jusqu'à dimanche aux Championnats du monde de tir à l'arc à New York, un tournoi dont elle est déjà devenue la principale attraction, se réjouit de l'accueil très chaleureux qui lui a été réservé mais préfère esquiver toute question sur la guerre en Irak.

A ces Mondiaux, tout le monde n'a d'yeux que pour eux. "C'est la folie. Il est toujours très facile de dénicher l'équipe irakienne vu la horde de photographes qui se trouve à proximité", plaisante ainsi Travis Cranley, porte-parole de la Fédération internationale de tir à l'arc, en expliquant que sur les 70 médias représentés, plus de 60 ne sont là que pour leur parler.

"Tout le monde s'intéresse à nous, tout le monde veut nous parler", confirme Uday Kadhu, vendeur de voitures à Bagdad et membre de l'équipe irakienne. "Nous ne savons pas pourquoi, continue-t-il. C'est la première fois que l'équipe est ici et il y tellement d'effervescence. C'est comme si nous faisions partie d'une troupe de cirque."

Cet engouement amuse les Irakiens, mais ceux-ci se disent surtout émus par la qualité de l'accueil des New Yorkais: "Tout va pour le mieux. Nous sommes ravis. Les gens nous adorent et nous traitent très bien. Nous avons vraiment envie de découvrir New York après le tournoi", assure ainsi Uday Kadhu, qui prévoit notamment de visiter Ground Zero, lieu des attentats du 11 septembre 2001.

"J'ai perdu des amis."

Son coéquipier Amer Metab va dans le même sens en estimant que "les gens ici ont été très sympathiques et accueillants. Nous voulons la paix et l'amitié." Saad Ahmmad, le chef de la délégation forte de sept archers (4 hommes et 3 femmes) et quatre membres de l'encadrement, se dit lui "très content et surpris", en insistant sur la "gentillesse" des gens.

Mais, dans le sillage d'Ahmaad, tous insistent sur le fait qu'ils sont venus à New York "pour le sport et non la politique". Metab, qui a perdu des amis et des membres de sa famille dans le conflit, esquive ainsi toute question sur la guerre ou la situation actuelle dans son pays.

"Les gens nous interrogent sur la guerre mais nous leur répondons que nous sommes des athlètes et que nous sommes juste là pour faire notre travail", explique Kadhu qui, contrairement à ses coéquipiers, s'exprime dans un anglais irréprochable appris du temps où son père poursuivait des études d'ingénieur à l'Université du Missouri.

Très discret sur le sujet, il ne peut cependant s'empêcher, au fil de la conversation, de se livrer un peu plus. "J'ai perdu des amis, entre 10 et 15. Ce fut un moment tragique pour tous les Irakiens. Vous voyez votre pays en ruines, une chose que personne ne voudrait voir. C'était très difficile", murmure-t-il, avant de montrer un immeuble 30 mètres plus loin pour indiquer la courte distance qui le séparait du théâtre des hostilités.

"J'espère que l'Irak renaîtra rapidement de ses cendres. Je suis favorable au nouveau gouvernement", conclut-il pour renfermer cette brève parenthèse emplie d'émotion.