Nos Oiseaux se rendent (encore une fois, puisque c’est la huitième fois depuis la saison 2000) au match de la Coupe Grey. Pour plusieurs experts (au moins dans l’Est du pays) ils partent favoris. En plus, ils sont champions en titre puisqu’ils ont gagné l’an dernier contre ces mêmes Roughriders de la Saskatchewan. On se souviendra d’ailleurs de la fin dramatique alors que les Alouettes ont été cherché la victoire sur le dernier jeu de la partie alors qu’il ne restait plus de temps au cadran.

Les Alouettes forment une équipe disciplinée, talentueuse et certainement capable d’aller encore chercher le plus grand honneur de la LCF. Dans ce cas, me direz-vous, pourquoi ai-je écrit qu’il s’agit de tout un défi pour eux cette année? Tout simplement parce que gagner deux fois consécutive le trophée de votre sport relève presque toujours de l’exploit.

Juste pour vous donner une idée, j’ai fait quelques compilations. Prenons la ligue canadienne de football pour commencer. Depuis les débuts de la ligue en 1909, il est arrivé seulement 11 fois qu’une équipe remporte 2 années consécutives le titre de la suprématie de la ligue. Et là encore, on constate que trois équipes ont réussi 2 fois l’exploit. Au hockey, depuis 1917, c’est arrivé 17 fois. Mais si on enlève les Canadiens qui l’ont fait 4 fois et les Red Wings 3 fois, il en reste bien peu pour les autres. Dans la NFL, depuis 1967, 8 fois une équipe a réussi à gagner le Super Bowl deux années consécutives. Et seulement Pittsburgh l’a réussi à deux occasions. Si on regarde du coté du baseball, depuis 1903, le championnat a été gagné deux années de suite dans 14 cas. Mais si on enlève les Yankees de New-York qui ont réussi l’exploit 7 fois, on peut affirmer qu’il s’agit de quelque chose de vraiment difficile à atteindre. C’est comme ca dans les sports d’équipe mais aussi dans les sports individuels. Ainsi, au tennis, pour le grand Chelem (gagner les 4 tournois majeurs), ce n‘est jamais arrivé. Et au golf, pour le Master par exemple, seulement trois joueurs ont, depuis 1934, réussi à le faire et il s’agit de Tiger Wood, Nick Faldo et Jack Nicklaus.

Ce long préambule pour vous démontrer que, statistiquement, gagner deux années consécutives ou plus les grands honneurs de votre sport est extrêmement difficile. On peut alors se demander pourquoi il en est ainsi et pourquoi les Alouettes accompliront un exploit s’ils réussissent à gagner encore la Coupe Grey?

Je n’entrerai évidement pas dans les considérations techniques du sport que d’autres connaissent infiniment mieux que moi. Je veux seulement attirer votre attention sur le coté psychologique de la chose. En fait, une équipe ne se comporte pas très différemment d’une personne seule. Une équipe évolue et développe une personnalité et un caractère propre, un peu comme chacun d’entre nous. La différence vient du fait que dans une équipe, chacun des membres travaillent en coopération et en collaboration dans vers un objectif partagé par tous les joueurs.

Que se passe-t-il alors qu’on arrive au match ultime, situation qu’on a déjà vécu l’année précédente? La réponse n’est certes pas simple. Et je ne me souviens pas d’avoir vu d’étude spécifiquement sur ce point (si vous en avez eu connaissance, vous serez gentil de m’en donner les coordonnées). On peut toutefois facilement imaginer que ce qui fait la différence entre les deux équipes qui s’affrontent, c’est la pression additionnelle que doit vivre celle qui cherche à gagner encore une fois. Cette pression peut même paralyser, car si on sait comment gagner et si la partie n’évolue pas comme prévu, les joueurs peuvent changer leur plan de match et leur comportement. Ils créent ainsi un cercle vicieux qui fait que plus ils stressent plus ils changent de façon de jouer et plus ils ont de la difficulté à rivaliser. Donc plus ils ajoutent de pression, plus ils se paralysent eux-mêmes.

Pour les Alouettes en fin de semaine, je crois malgré tout qu’on devrait les favoriser. Car dans ce cas, il s’ajoute un facteur essentiel. Ils affrontent le même adversaire que l’an dernier. Eux qui ont perdu sur un mauvais jeu ne voudront pas revivre la même humiliation et se mettront aussi une pression énorme sur les épaules. Mais une pression plus négative qui risque d’être difficile à supporter si le match ne se déroule pas comme ils le souhaitent. Cette approche n’est pas vraiment, vous le comprendrez, une analyse psychologique. Il s’agit simplement d’appliquer quelques notions de gros bon sens. En tout cas, moi je mets un petit deux sur Montréal. Et vous?