TORONTO - Les commotions cérébrales reliées à la pratique de sports chez les enfants et les adolescents constituent un enjeu de santé publique majeur qui requiert des réformes importantes dans les politiques publiques, argue une nouvelle recherche canadienne.

Un article, publié mercredi dans Neurosurgeon, une publication en ligne de l'Association américaine des neurochirurgiens, laisse entendre qu'il y a une responsabilité éthique à agir sur cet enjeu.

Le docteur Paul Echlin, qui dirige une clinique de médecine sportive à Burlington, en Ontario, a fait valoir que les faits démontrent qu'il ne s'agit pas seulement d'un enjeu sportif ou d'un enjeu médical, mais d'une question de santé publique « qui affecte la population dans son ensemble ».

M. Echlin, co-auteur de l'article avec le docteur Ross Upshur, directeur de la recherche clinique au Bridgepoint Health de Toronto, a souligné la nécessité d'une prise de position urgente sur les commotions reliées aux sports chez les enfants et les adolescents, classées comme des traumatismes cérébraux mineurs par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il a soutenu que le changement ne pouvait pas venir des morceaux d'équipement comme les casques et les protège-dents, mais qu'il fallait un « virage dans la manière avec laquelle nous permettons à nos jeunes de pratiquer ces sports ».

L'article note que le U.S. Centers for Disease Control avait identifié les commotions cérébrales reliées aux sports comme un problème de santé publique en 2003, mais que les jeunes continuent de souffrir de "blessures au cerveau souvent évitables" en pratiquant des sports.

« Si vous savez ce qui en est et vous refusez d'agir de quelque manière significative ou majeure, alors vous faites une faute éthique », a dit M. Echlin.

« Il s'agit d'une épidémie dans la culture de nos jeunes, dans le sport. Le sport a été pensé pour améliorer la mise en forme, la sociabilité, mais pas pour causer des déficiences à long terme, pas pour promouvoir la violence, qui est un facteur sous-jacent pour beaucoup de ces blessures à la tête », a-t-il ajouté.

Pour s'attaquer aux commotions en tant que problème de santé publique, l'article recommande des « changements draconiens des règles » aux jeux des enfants et adolescents « pour éliminer tout contact à la tête intentionnel », tout en minimisant aussi les contacts à la tête accidentels.

Il est aussi suggéré d'augmenter la superficie des surfaces de jeu pour réduire les risques de collisions, de réduire le nombre de joueurs sur le terrain et d'envisager l'élimination de l'usage de la tête dans des jeux comme le soccer.

L'étude souligne également l'importance des mesures de conscientisation financées par l'État pour la prochaine génération d'athlètes, de parents et d'éducateurs. « Vous allez éduquer le jeune de dix ans à dire "oui, il y a un grave problème", et à lui donner la capacité de militer pour lui-même et pour les autres », fait-on valoir.