RIO DE JANEIRO - Un juge a déclaré que le comité organisateur des Jeux de Rio peut recevoir des fonds publics en prévision des Jeux paralympiques.

La décision équivaut à un prêt d'urgence du gouvernement, une situation gênante pour les organisateurs des Jeux, qui avaient promis pouvoir présenter les Paralympiques en utilisant seulement des fonds privés. Les Jeux paralympiques auront lieu du 7 au 18 septembre.

Le juge fédéral Guilherme Couto de Castro a déclaré jeudi que le comité organisateur pouvait accepter 150 millions de réaux brésiliens (59,31 millions $ CAN) du gouvernement pour combler ses besoins.

Le porte-parole des Jeux de Rio, Mario Andrada, a déclaré que les besoins financiers avaient été causés par "la vente des billets et l'appui des commanditaires (pour les Paralympiques) sous nos attentes".

Andrada a mentionné que seulement 12 pour cent de 2,3 millions de billets avaient été vendus pour les Paralympiques.

Il a ajouté que l'appui du gouvernement pourrait ne pas suffire pour équilibrer le budget. Il a expliqué qu'environ 200 millions de réaux (79 millions $ CAN) pourraient être nécessaires "pour offrir le niveau de services promis au Comité international paralympique".

Andrada a noté que « le chiffre final n'a pas encore été déterminé ».

Les athlètes paralympiques russes gardent espoir

Le nageur paralympique Alexander Makarov, spécialiste du dos, enchaîne les longueurs dans une piscine. Il continue de se préparer à des Jeux paralympiques dont il est aujourd'hui privé pour cause de dopage d'Etat en Russie.

Début août, le Comité international paralympique (IPC) a suspendu le Comité russe, excluant sans distinction l'ensemble des sportifs paralympiques russes.

Le Comité russe a depuis fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) : la décision doit tomber lundi, au lendemain de la fin des jeux Olympiques et à un peu plus de deux semaines du début des Jeux paralympiques (7-18 septembre).

Mais cette épée de Damoclès ne décourage pas les sportifs russes qui s'entraînent dans le centre de sports aquatiques de Rouza, à 100 kilomètres à l'ouest de Moscou.

« Peu importe, je continue à m'entraîner et à me préparer pour donner le meilleur de moi-même », affirme à l'AFP Makarov, 19 ans, qui a remporté des médailles d'argent et de bronze lors des derniers Championnats du monde organisés par l'IPC.

"J'essaie de ne pas y penser", ajoute le sportif, qui souffre d'arthrogrypose, une maladie neuromusculaire congénitale, et dont ce serait les premiers Jeux paralympiques.

Pour son entraîneur Olessia Alexandrova, "attendre est toujours difficile, et peu importe si c'est attendre une décision ou attendre à un arrêt de bus". Mais "la vie continue et nous travaillons en dépit de cela", poursuit-elle.

- Médailles 'dénuées de morale' -Le président du Comité russe paralympique Vladimir Loukine se veut confiant : une victoire juridique face à l'IPC est possible selon lui.

Le TAS « est connu pour avoir fait preuve d'équilibre (...) dans plusieurs cas, a-t-il déclaré. Je pense que nul autre comité paralympique ne suit le programme antidopage aussi rigoureusement et activement que nous. »

L'IPC avait pourtant pris à l'unanimité la décision de suspendre le Comité paralympique russe dans son ensemble. "Leurs médailles dénuées de toute morale me dégoûtent", avait déclaré Philip Craven, président de l'IPC.

Accusée d'avoir mis en place un système organisé de dopage, la Russie a envoyé aux JO de Rio une délégation tronquée d'une centaine de sportifs, suspendus par le Comité international olympique.

Avec douze médailles d'or jeudi, l'équipe russe n'était qu'en cinquième position au tableau des médailles, à trois jours de la clôture.

Pour ne pas "détruire les espoirs de millions de Russes handicapés", d'importantes organisations de défense des personnes handicapées ont envoyé une lettre ouverte à Philip Craven.

Ces ONG ont souligné leur préoccupation face à une décision "fondée sur des informations ambiguës".

- 'S'entraîner malgré tout' -Le ministre russe des Sports Vitali Moutko a de son côté dénoncé une suspension "inhumaine" et "dépassant l'entendement".

Pendant ce temps-là, le nageur Mikhaïl Zimin fait de son mieux pour ne pas se laisser distraire par ces rebondissements : malvoyant, il a été médaillé d'or du 100 m brasse lors des derniers Jeux et s'entraîne sans relâche à Rostov-sur-le-Don, dans le sud de la Russie.

« Je ne veux me laisser distraire par rien", martèle-t-il à l'AFP. « Je continue simplement à m'entraîner malgré tout. »

Et si l'épée de Damoclès tombe, son entraîneur est convaincue qu'elle ne signifiera pas la fin de la carrière du nageur.

« Je sais qu'il (continuera) parce que la natation et le sport sont le sens de sa vie, assure Alexandrova. Il dit : Je viens à la piscine parce que je ne peux imaginer ma vie sans elle. »

Aux prochains Jeux paralympiques, à Tokyo en 2020, Makarov n'aura que 23 ans. "Les Jeux n'auront pas lieu qu'une seule fois", rappelle son entraîneur.