J’ai attendu, quelques jours. Je voulais être certain, certain de ne blesser personne. Croyez-moi, ce n’est pas mon but. J’adore les athlètes d’élite. Ces gens là ont des prédispositions génétiques incomparables et ils poussent la machine à la limite de l’être humain. Peu importe le sport qu’ils pratiquent et les risques associés, ils sont prêts à tout pour atteindre de nouveaux sommets, des plateaux inégalés, pour passer à l’histoire et voir leur nom écrit en grosses lettres dans les livres de records.

À ceux-là, je dis bravo, bravo pour les efforts et bravo pour les dangers.

Mais entre sport-santé et sport-excès, il y a un monde, un grand fleuve à traverser. Ceux et celles qui s’y aventurent sans grande préparation risquent de trouver le Styx.

C’est justement arrivé par un beau matin de dimanche lors du marathon de Montréal.

Courir un marathon, c’est un sport dangereux. Allez voir dans Internet pour constater que l’événement de Montréal n’avait rien d’insolite. En proportion, « The American College of Cardiology » estime à une fatalité par 100 mille participants à des marathons.

L’étude de Stockholm présentée en septembre 2010 a clairement démontré que courir 42,2 kilomètres ou même un demi marathon n’est pas dénué de risques surtout chez les personnes non entraînées, celles qui ont plus de 40 ans et celles qui présentent des facteurs de risques cardiovasculaires.

Avant de prendre part à ces courses, les spécialistes recommandent d’effectuer au minimum un électrocardiogramme et l’on recommande un test à l’effort pour les personnes de plus de 40 ans.

Les spécialistes recommandent aussi quatre séances d’entraînement par semaine les 3 ou 4 mois précédant le marathon. Il faut s’hydrater correctement pendant la course afin d’éviter les troubles cardiaques mais pas trop non plus. En 2002, une coureuse est décédée au marathon de Boston d’hyponatrémie, c’est-à-dire une absorption exagérée d’eau.

Au juste, combien des 24 mille coureurs ont suivi ces recommandations?

Si vous décidez de courir un marathon par défi, sans respecter un rigoureux programme d’entraînement, vous risquez de graves problèmes.

Si vous décidez de courir un marathon pour diminuer votre excès de poids, c’est encore pire. Optez pour le régime alimentaire et vos résultats seront garantis.

D’ailleurs, courir un marathon, ce n’est pas nécessairement la santé assurée. Courir sur de l’asphalte pour une personne avec un excès de poids peut causer à long terme de graves problèmes aux genoux et aux hanches. Courir sur les boulevards alors que les voitures, camions et autobus rejettent une grande quantité de monoxyde de carbone n’est certainement pas agréable pour les poumons.

Et que dire de ceux qui ont pour objectif de ressembler au Kenyan Patrick Makau, récent vainqueur du marathon de Berlin avec le meilleur temps de l’histoire, 2 heures, 3 minutes et 38 secondes. Sachez que c’est impossible. Makau est une exception, sa musculature et sa physiologie sont conçues parfaitement pour le sport qu’il pratique. Il a une capacité respiratoire supérieure et son sang transporte davantage d’hémoglobine qu’un individu normal. Ses fibres musculaires sont principalement à contraction lente, ce qui favorise son endurance et sa récupération.

Courir demeure un beau sport à pratiquer dans un parc, sur un gazon, un gravier tapé et loin de la ville si vous le pouvez.

Stéphane Langdeau

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