Après une initiation réussie sur le circuit en 2013, 2014 s’annonçait encore mieux pour Eugenie Bouchard. Mais peu s’attendaient à un tel scénario de rêve dès le premier Grand Chelem de la saison.

Les Tang, Razzano, Davis, Dellacqua et maintenant Ivanovic se sont succédé sur le tableau de chasse de la jeune athlète de 19 ans aux Internationaux d'Australie, lui permettant ainsi de s’inscrire dans le carré d’as. Et une participation en finale n’est plus aussi irréaliste qu’elle ne le semblait en début de quinzaine.

Bouchard n’est plus que la chouchou du Québec aujourd’hui. Parions que, peu à peu, la Genie Army - son armée de partisans - gagne des soldats.

Celle qui a soulevé la province en battant la Serbe Ivanovic 5-7, 7-5 et 6-2 pas plus tard que la veille a certes profité de l’élimination de têtes de série (Errani, Flipkens) plus tôt dans le tournoi, mails il ne faut surtout pas attribuer ses succès simplement à la chance. Loin de là. Nul ne peut nier son talent et l’intelligence de son jeu après son éclatante victoire contre l’ex-no 1 mondiale lundi. C’est cependant son calme qui impressionne même les plus grands du sport.

« Ça ne s’enseigne pas, vous êtes nés avec cela. », a expliqué Chris Evert, l’une des plus grandes joueuses dans l’histoire de sa profession. La façon qu’elle se comporte, la façon dont elle joue dans les moments-clés, rien ne l’affecte. C’est un don qu’elle possède. »

Ivanovic, qui venait pourtant d’éliminer nulle autre que la favorite Serena Williams au tour précédent, a pu constater de près la progression fulgurante de la 31e joueuse au monde, qui fera un bond considérable dans le prochain classement de la WTA.

« Elle est jeune. Je crois qu’elle a un grand avenir devant elle. C’est une joueuse très agressive. C’est parfois très difficile de lire son jeu, il n’y a pas de pattern comme avec d’autres athlètes. Elle bouge bien et a été très agressive dans le troisième set. »

« Je suis évidemment très déçue de perdre de cette façon. Même si je n’ai pas joué mon meilleur tennis, je croyais toujours avoir des chances. Je n’en ai pas bien profité, je n’ai pas été assez agressive et j’ai fait trop d’erreurs, mais c’est quelque chose dont je peux apprendre pour avancer. »

Bouchard ne se laisse pas aller à l’émotion en réalisant tout le chemin qui lui reste encore à parcourir à Melbourne. Bien que visiblement heureuse et fière, elle n’est cependant pas surprise.

« Je pratique le tennis depuis que j’ai 5 ans, j’ai travaillé toute ma vie et fait des sacrifices pour arriver où je suis. Ce n’est donc pas tout à fait une surprise. J’espère toujours bien faire.

« Je suis très fière, c’est sûr, c’était une bataille (lundi). J’ai perdu le premier set, mais je suis contente de la façon dont j’ai joué dans les deuxième et troisième sets pour finalement gagner. J’ai un autre match jeudi (NDLR : mercredi, heure du Québec), donc je vais me préparer pour ça et essayer de faire de mon mieux. »

Ce prochain match sera justement disputé contre une vétérane du circuit, Li Na, classée 4e tête de série.

« Je crois que les joueuses plus âgées sont excitées de voir arriver un nouveau groupe de joueuses. Mais pour nous les jeunes, c’est difficile de les affronter parce qu’elles performent encore bien aujourd’hui. Serena domine toujours, même à son âge. Mais je crois que c’est ce qui rend le spectacle intéressant. Nous avons vu quelques surprises pendant ce tournoi. Je crois que n’importe qui peut perdre à un moment ou un autre, et c’est quelque chose d’extrêmement intéressant. »

En Li Na, Bouchard doit s’attendre à une sérieuse adversaire, mais l’inverse est aussi vrai.

La championne junior de Wimbledon en 2012 joue maintenant dans la cour des grands et elle a fait baver plusieurs joueuses de premier plan, dont certaines du top-15, dans les douze derniers mois. Jelena Jankovic (no 10) et Sloane Stephens (no 13) font notamment partie du lot. Li Na est-elle la prochaine?

Bouchard et Na se sont affronté il y a environ deux ans, cette dernière l’emportant non sans peine par la marque de 6-4, 6-4. Mais ça, c’était il y a des lunes ou presque. Depuis, la Québécoise a ajouté des armes à son arsenal et elle part à la guerre avec toute une armée derrière elle.