La Montréalaise Françoise Abanda n’avait perdu que six jeux en trois matchs de qualification, en route vers le tableau principal aux Internationaux des États-Unis de 2014.

Tout lui semblait si simple, si précoce à l’âge de 17 ans. C’était une première présence au plus haut niveau du tennis féminin, mais tout indiquait une belle carrière en perspective.

Il a fallu près de trois ans avant qu’Abanda ait pu répéter l’exploit.

Maintenant âgée de 20 ans, la Montréalaise s’est qualifiée pour le tableau principal à Roland-Garros vendredi à la suite d'une victoire de 6-3, 6-2 contre la 18e tête de série, la Sud-Coréenne Su Jeong Jang. 

Elle rejoint sa compatriote Eugenie Bouchard, dont la présence est incertaine après avoir subi une blessure à la cheville à l’entraînement la semaine dernière à Nuremberg, en Allemagne.

Le tirage d’Abanda fût favorable, et elle a su en profiter pleinement.

« C’était un match vraiment avec beaucoup de pression, autant pour moi que pour mon adversaire. On voulait les deux passer au tableau final. Donc c’est un match très important. Je suis contente d’avoir bien géré », a dit Abanda à l’issu d’une rencontre à sens unique.

Depuis ses grands moments à Flushing Meadow, Abanda a surtout roulé sa bosse dans les ligues mineures du tennis – le circuit ITF, les tournois dotés de bourses totales de 25,000$ et 50 000$. Elle a brillé par moments à la Coupe Rogers et aussi lorsqu’elle a représenté le Canada dans la Coupe Fed. Mais elle n’a jamais pu figurer parmi les 150 premières sur le circuit de la WTA. 

En effet, Abanda se trouve actuellement à peine classée parmi les 200 premières, classée no 195. La grande majorité est d’accord que le niveau de son tennis est nettement supérieur à son classement, mais le classement reflète le manque de bons résultats.

Le fait d’avoir accédé au tableau principal à Roland-Garros lui assure un minimum de 35 000 euros – presque le double de ses gains durant les cinq premiers mois de la saison 2017.

« C’est sûr que lorsque tu sors des juniors tu ne connais pas le circuit exactement, comment ça se passe, comment ça se déroule. Donc, une fois que tu es vraiment dedans, c’est beaucoup de travail. La compétition est très féroce, donc chaque match est important, a dit Abanda. Je pense que là, je suis sur un bon momentum. Alors il est important de continuer sur ce momentum et accumuler le plus de victoires possible. »

Depuis ses exploits insouciants d’adolescente à New York, le palmarès d’Abanda dans les tournois du Grand Chelem n'a pas été particulièrement reluisant, même si les opportunités se sont avérées limitées.

Aux Internationaux d'Australie en 2015, Abanda filait vers la victoire dans le premier tour des qualifications contre l’Israelienne Shahar Peer avant de s’effondrer en trois manches contre une joueuse nettement plus expérimentée.

Elle n’a pu revenir au même nouveau avant l’US Open de 2016, quelque 19 mois plus tard. Après deux victoires arrachées suite à la perte de la première manche, elle s’est inclinée contre Ana Bogdan de la Roumanie dans la ronde ultime.

Son ancienne rivale dans les juniors, l’Américaine Taylor Townsend, l’a battue au deuxième tour des qualifications en Australie en janvier dernier.

Françoise Abanda

Mais après un début de saison difficile, avec de multiples défaites au premier tour, Abanda a finalement pu concrétiser vendredi à Paris. Elle se retrouve dans le tableau principal du tournoi du Grand Chelem qui se joue sur la surface qu’elle privilégie le moins, la terre battue européenne.

« Ce n’était pas forcément à quoi je m'attendais. Depuis quelques mois j’ai un début de saison un peu difficile. Alors avoir obtenu quelques victoires en Coupe Fed et bien joué a Roland-Garros, c’est vraiment motivant pour moi. Roland-Garros est un tournoi du Grand Chelem; c’est là où je veux être, » a dit Abanda. « Je dirais que depuis la Coupe Fed je me sens bien sur le terrain. J’arrive à jouer un tennis très solide. »

La chance a souri sur Abanda encore une fois lorsque les qualifiées ont été insérées dans le tableau principal.

À sa dernière qualification à New York, Abanda avait fait face à l’Allemande Sabine Lisicki, 26e tête de série, au premier tour. Lisicki l’a emporté 6-3, 7-5.

Cette fois-ci, son adversaire sera la Française Tessah Andrianjafitrimo, à qui la fédération française a octroyé un laissez-passer pour le tableau principal. Classée actuellement no 264, Andrianjafitrimo n’aurait même pu se glisser dans le tableau des qualifications de son propre mérite.

Si Abanda l’emporte, elle pourrait faire face à la tête de série no 11, la Danoise Caroline Wozniacki.

Tout d'abord, Abanda saura profiter de quelques jours de congé pour soigner le virus qui l'a affecté lors ses deux derniers matchs. « Je suis encore un peu malade, a-t-elle dit. Il y a les nerfs, être un peu stressée de vouloir gagner ce match très important, alors il y avait la fatigue mentale et physique. »

Abanda avait dit, après sa victoire au deuxième tour contre la Paraguayenne Montserrat Gonzalez, qu'elle envisageait même de se retirer du tournoi. 

Heureusement, elle a persévéré.

Le Montréalaise Stéphanie Myles, longtemps journaliste à la section des sports du Montreal Gazette et affectée à la couverture des Expos durant leurs dernières années à Montréal, a repris sa passion pour le tennis après le départ de l'équipe. Elle est actuellement la rédactrice en chef du nouveau site web, tennis.life.