Est-ce que cela vous arrive d’être présent physiquement mais absent mentalement? Bien sûr, nous avons tous et chacun un chapitre dans notre histoire de vie intitulé : « La fois où j’ai eu l’air le plus fou ». La bonne nouvelle, pour la plupart d‘entre nous, c‘est que ce n‘était pas devant des milliers de personnes ni les caméras du monde entier. Pauvre Milos… il méritait tellement mieux que cette horrible fin en queue de poisson dans son match de ronde des 16 devant la 8e tête de série Jo-Wilfried Tsonga. Milos a oublié le pointage. Il pensait sûrement qu‘il était à 3–4 au service et non 4–5. Quand l‘arbitre lui apprend que sa double faute met fin au match, je suis certaine qu‘il aurait aimé se transformer en courant d‘air… Et pourtant s‘il y a un match qui nous a démontré tout « son potentiel top-10 », c‘est bien celui-là! Ah! P‘tite vie!

Rappelons les faits un peu plus en détails. Au premier set, Milos est majestueux en grande partie. Il est parfaitement en contrôle de ses parties en service et aussi, il faut le souligner, des jeux en retours punissant les 2es balles de Tsonga. Le Français ressemblait à un lapin traqué essayant de sauver sa peau. Je ne me souviens pas de l‘avoir vu faire du gauche-droite si loin derrière la ligne de fond pendant tout un set. Les seules petites notes discordantes de la part de notre Canadien c‘est qu‘il aurait dû mener par deux bris d‘avance (pas si grave) et qu‘à 5–4, 40–15 au service, il bousille 2 balles manches faciles, faciles… Assez grave finalement parce que pour la première fois du match, il paraît faible mentalement. On l‘a vu, mais pire encore, Tsonga aussi et il a pris note…

Malgré tout, même si Tsonga sert mieux dès le début de la 2e manche, Milos fait tout de même son travail lui aussi au service jusqu‘à temps que l‘on se retrouve à 6–5 Tsonga. À nouveau, de nulle part, la nervosité s‘empare totalement de notre grand Canadien. Quatre immenses fautes directes, l‘horreur en coup droit, pourtant une frappe si fiable et formidable normalement… La toute petite défaillance de la première manche est devenue pas mal plus grande et évidente et malheureusement coûteuse cette fois-ci. Comme une fissure dans une fondation qui finit par s‘ouvrir lorsque confrontée par trop de pression…



Bon… tout de même, ça arrive aussi à Roger Federer de mal servir en fin de manche et d‘être forcé de disputer un 3e set. C‘est toujours bien pas la fin du monde. Bien sûr, sauf que…Milos a perdu sa belle confiance tandis que Tsonga le voit, le sent que Raonic est déçu. Preuve à l‘appui, il n‘est plus le même en retour. Si brillant au premier set à ce chapitre, juste OK à la 2e manche mais là au 3e, Milos est moins explosif en jambes et n‘arrive plus à retourner les offrandes du français. En plus, Raonic sert à nouveau en 2e. Avec donc, toute la pression. Trop de pression? Trop de soleil sur la tête? Tétanisé à l‘idée de sortir un gros morceau? Quoi qu‘il en soit, le lapin galope, plus vraiment inquiété par le chasseur qui manquera de munitions et surtout de temps!

À sa décharge, le tableau indicateur était tombé en panne donc ne pouvait plus servir de référence. Tout de même parions que Milos, qui est un jeune homme intelligent, sensible et sensé ne l‘oubliera pas de si tôt celle-là. Aie-oye… j‘ai mal moi aussi… et vous???

hp