Décidément Bianca Andreescu n'est plus la petite jeune de 18 ans qui monte, mais bien une force à reconnaitre sur le circuit. D'ailleurs elle se taillera très bientôt une place parmi les dix meilleures joueuses au monde, j'en suis convaincue.

Ce que j'aime le plus, c'est que Bianca est une joueuse très complète et donc elle peut ajuster son jeu face à tous les styles. D'abord elle est rapide comme l'éclair, possède un immense sens de l'anticipation, une main formidable pour créer les amorties ou produire des volées gagnantes sans oublier cette grande puissance qu'elle sait générer en fond de terrain. Fait assez inusité compte tenu que c'est principalement la puissance qui domine sur le circuit des dames, Bianca adore aussi changer le rythme à l'intérieur des points en frappant des balles bombées et sans vie. Stratégie qui fonctionnait bien chez les juniors et qui marche encore aujourd'hui face aux meilleures.

Son potentiel est extrêmement grand et déjà en moins de trois mois cette année sur le circuit, Andreescu a déjà battu 3 championnes en Grand Chelem et numéros un mondiale ce qui est, un haut fait d'armes. Caroline Wozniacki, Venus Williams à Auckland et Garbine Muguruza à Indian Wells sont toutes passées à la casserole. Surtout face à l'Espagnole Muguruza, la correction est extrêmement sévère. De plus, en demie face à la 6e mondiale Elina Svitolina, Bianca passe à travers toute la gamme des émotions. D'abord très nerveuse, notre Canadienne titre de l'arrière 3-0. Comme elle ne se décourage jamais, elle revient grâce à des schémas de jeu plus offensifs pour gagner 7 parties de suite! Les choses se compliquent par la suite alors qu'elle me donne l'impression de souffrir physiquement. Son entraineur Sylvain Bruneau saura l'aider mentalement en lui rappelant qu'elle est la meilleure sur le terrain et que sa force mentale fera en sorte qu'elle saura s'extirper du piège tendu par l'Ukrainienne de 24 ans. Bianca fait fi des crampes qui ne la laisse pas tranquille au 3e set pour filer vers la victoire. Comme elle est impressionnante pour sauver plusieurs balles de bris en fin de match!

Savez-vous qu'avant la finale l'ado de18 ans a gagné 27 des 30 matches disputés sur le circuit en 2019 et que cela la place au 6e rang du classement de la course? C'est tellement spectaculaire! Assez pour croire en ses chances face à la coriace Angelique Kerber, elle aussi ancienne championne Grand Chelem (3 fois) qui a trôné au sommet de la hiérarchie. Le plus grand défi aujourd'hui, c'est de ne pas se satisfaire d'être en finale. Je suis certaine que Bruneau en est conscient et que toute son expérience aux côtés de près ou de loin avec Eugenie Bouchard l'aidera à garder Bianca sur les rails.

En finale dimanche, Bianca commence le match en lion et va chercher le bris de service d'entrée. Pendant tout ce set l'Allemande est incapable de se faire valoir en réception de service alors que Bianca récolte même 83% de réussite en deuxième balle. Kerber est souvent débordée par la combinaison puissance et amortie d'Andreescu qui gagne la manche 6-3.

Au deuxième set je sens Bianca un peu plus fatiguée et énervée par son incapacité à dominer l'échange. Kerber redevient Kerber c'est-à-dire une des plus coriaces sur le circuit. Pas toujours par la qualité de son jeu, mais très certainement par sa forte présence et sa force physique. Bianca n'aide pas sa cause en n'arrivant pas à jouer de façon offensive sur ses deux balles de bris.

On se dirige donc au troisième set et je me demande si notre Canadienne va tenir le coup physiquement. Tennistiquement elle est supérieure à Kerber ça crève les yeux, mais jouer face aux meilleures match après match c'est difficile surtout qu'en plus Bianca est incommodée par un malaise au bras droit. Souvenez-vous qu'elle a tellement eu de succès depuis le début de l'année qu'elle n'a pas beaucoup de temps pour récupérer.

Kerber la brise pour mener 3-2 alors que Bianca se plaint à son entraineur qu'elle a les pieds en feu. Sylvain lui répond qu'il faut aller au-delà de la douleur, qu'elle est forte, si forte. Et bien ce court discours de Bruneau l'inspire tellement qu'elle renverse complètement la situation pour se donner 4 balles de championnats!  C'est la dernière qui est la bonne!!! Bianca écrit l'histoire!!! Quelle belle équipe Bianca et Sylvain font! WOW!!!

Je vous ai beaucoup parlé lors de mes derniers blogues des beaux efforts de nos autres Canadiens soit de Félix et de Denis. Milos Raonic est quand même celui qui se rend le plus loin dans ce tableau avec une présence en demi-finale. Malheureusement durant ce tournoi, il y a toujours un élément du jeu de Milos qui n'est pas en place et cela lui rend la vie fichûment difficile. Par moments son magnifique service le laisse tomber. D'autres fois, son manque de constance en retours le rattrape. Malgré tout, sa vaste expérience et son tennis d'attaque lui permettent de disposer de Sam Querrey, Marcos Giron in extremis, Jan-Lennard Struff et Miomir Kecmanovic.

Contre un membre du top-10 de la trempe de Dominic Thiem cependant, on s'entend que cela prend un match plein pour vaincre l'Autrichien. Milos s'accroche bien après un premier set ordinaire à tout point de vue perdu au bris d'égalité. Le jeu de notre Canadien se stabilise au service, en retours et à la volée au deuxième set alors qu'il saura si bien hausser la qualité de son jeu lors du bris d'égalité pour forcer la présentation d'une manche ultime.

Malheureusement brisé pour faire 3-2 Thiem, Milos s'incline 6-4 au 3e set. Il se procure sa seule balle de bris de la rencontre à la toute fin du match à 5-4, mais en vain, car Thiem tient le coup merveilleusement bien. Tout de même, Raonic fait preuve de beaucoup de résilience et de combativité dans le désert de la Californie. Il faut espérer qu'il saura lors des prochains tournois mettre toutes les pièces du casse-tête ensemble. Il l'a déjà fait dans le passé et peut très certainement le faire à nouveau.

Roger Federer rate son coup

En finale aujourd'hui Roger Federer tente d'écrire l'histoire à sa façon en visant un 6e titre à Indian Wells. Dominic Thiem l'attend de pied ferme avec ses frappes d'une telle lourdeur en fond de terrain. Federer a les choses en main en brisant deux fois le service de l'Autrichien pour gagner le premier set 6-3. C'est beau de voir le suisse si bien exécuter sa stratégie d'attaque garnie de balles longues, de volées tranchantes et aussi d'amorties.

Les choses changent au 2e set alors que Roger se procure deux balles de bris à 1-1 mais n'en profite pas. Après cela Federer fait des choix de jeu incompréhensibles. Il s'amène au filet sur presque toutes ses 2es balles ce qui permet à Thiem de lui ravir son service tout de suite après et de filer tout droit vers le set 6-3.

À la troisième manche, Federer met tout en place pour aller chercher le titre. Il se procure une balle de bris à 4-3 mais n'en profite pas. Plutôt que mener 5-3 et servir pour le championnat, le Suisse se fait briser pour perdre le set 7-5. Thiem aura été merveilleux durant tout le tournoi et mérite un premier titre Masters 1000. Federer aura de la difficulté à se consoler avec un piètre 18% de réussite en balles de bris dans ce match soit 2 en 11 et en allant trop souvent avec l'amortie. Dur, dur le métier de joueur de tennis.