Eh bien oui! Cela faisait tellement longtemps qu‘Andy voulait faire plaisir à tout un peuple! Quand même pas si facile d‘attendre pendant 77 ans, alors que le vénérable Fred Perry triomphait au All England Tennis and Croquet Club, en pantalons longs… Chez les dames, Virginia Wade est la dernière Britannique à remporter la couronne en 1977. Quant à Andy Murray, il arrache la victoire à Novak Djokovic en ce 7e jour du 7e mois de l‘année pour ainsi être l‘élu du 7e tour en ce 127e Wimbledon. Commencez-vous comme moi à trouver que le chiffre 7 revient assez souvent dans cette rocambolesque histoire? Selon la Bible, Dieu créa le monde en 6 jours et le 7e, il achève son oeuvre en donnant Sa bénédiction. Le chiffre 7 représente la perfection. Andy Murray n‘a peut-être pas été blanc comme neige dans cette rencontre mais si vous me permettez de badiner un peu, je trouve cela amusant de constater que Murray a eu besoin de 7 balles de bris pour finalement aller chercher le service de Djokovic et qu‘à 4–3 (total de 7 parties), il a sauvé 3 balles de bris pour ainsi filer tout droit avec la première manche. Gagner le set initial dans un match comme celui-là revêt une grande importance!

Au 2e set aussi il y a un point tournant intéressant à la 7e partie : Andy tire de l‘arrière par un bris et ramène ce match à service égal avec des déplacements extraordinaires, des courses vers l‘avant épatantes et une justesse incroyable dans ses choix de jeu. À 4–3, l‘Écossais est aussi obligé de sortir du grand tennis pour recoller au score en sauvant 2 balles de bris. Nolé retrouvait son jeu petit à petit et cela l‘aurait relancé s‘il avait de nouveau trouvé la manière de mener. Mais non, Andy va chercher le set 7–5 et on croit que la victoire lui tend les bras surtout lorsqu‘il arrache le service de Djoko d‘entrée au 3e set.

Tout est en place pour déclarer Andy Murray béni d‘entre tous les hommes mais oh… hé… pas si vite. Novak est un guerrier des temps modernes. Il a beau tirer de l‘arrière 2 sets à 0 et 2–0 dans la 3e manche, il ne baisse pas les bras mais enfile plutôt 4 parties de suite! Devinez la suite : eh oui… ENCORE une fois le set tourne lorsqu‘Andy se rebelle et re-brise à la 7e partie! À 4–3, Murray ne perdra plus une seule partie. Plus rien ne l‘arrête, il s‘arrache le coeur, courre sur toute les balles. La foule jubile, scande son nom alors qu‘il sert pour le match. Incroyable quand même qu‘une si belle réussite repose sur les épaules d‘un Écossais venu du petit village de Dunblane. Tout le gratin dans la loge royale retient son souffle : est-ce-que ce fils souvent mal-aimé, puis adopté comme un sauveur va laisser filer cette chance en or? Ne vient-il pas de bousiller 3 balles de championnats CONSÉCU-TI-VES??? Mais non, Andy se nourrit de cette nouvelle foi en lui, pas question de toussoter si près du but. N‘a-t-il pas, après tout, été couronné médaillé d‘or olympique sur ce même terrain l‘an passé? Quand on goûte à cet enivrant feeling de la victoire, on se l‘approprie plus facilement par la suite et cette suite est glorieuse puisqu‘il trouvera la manière malgré l‘intensité de la bagarre à la dernière partie!

Lord Andy Murray : roi de Wimbledon, d‘Angleterre, de la planète tennis dans le temple des temples. Il doit être au 7e ciel! Bravo Andy, et aussi merci d‘avoir si généreusement partagé ce bonheur avec Ivan Lendl, qui avait tout sacrifié comme joueur mais qui n‘avait jamais été en mesure de tenir le trophée à bout de bras malgré 2 finales. Tu viens de le faire rajeunir de 30 ans…À savoir si son protégé est le meilleur joueur présentement, Lendl répond:“il a fait la finale à Wimbledon l‘an passé en plus de gagner l‘or Olympique et le US Open. Cette année il a atteint la ronde ultime en Australie et vient de gagner Wimbledon. Tirez-en vos propres conclusions. De toutes façons, demandez aux anciens champions le nombre de Grands Chelems qu‘ils ont gagné et ils pourront vous répondre précisément mais pas si vous les questionnez sur le nombre de semaines passés à la première place mondiale.”



Toute aussi belle et ointe est l‘histoire de Marion Bartoli durant cette quinzaine. Quand le destin te tend les bras il faut en profiter. Marion n‘a battu aucune joueuse mieux classée qu‘elle (15e) mais passe quand même à l‘histoire. Quand on réalise jusqu‘à quel point cela fut difficile de se détacher de l‘omniprésence de son père durant cette année 2013, on ne peut que se réjouir que tous les morceaux du puzzle se soient mis en place au bon moment. Gagner un Grand Chelem est un travail d‘équipe. Marion a retrouvé un pote d‘enfance en Thomas Drouet, partenaire d‘entraînement, un préparateur physique hors-pair, Nicolas Perrotte pour retrouver l‘explosivité durant la quinzaine, un kiné et chef cuisinier Antonin Mouchet pour voir aux moindres petits détails qui font une grande différence et l‘expertise de la bienveillante double championne Grand Chelem elle-même, Amélie Mauresmo triomphante sur Church Road en 2006 et tellement à l‘écoute de sa nouvelle protégée comme une vraie mère poule…

En 2007, c‘est Venus Williams qui avait empêché Marion de triompher en finale. Amusant de constater ce merveilleux clin d‘oeil de la vie d‘être celle qui s‘approprie le “Venus Rosewater Dish” cette année! Qu‘on se le dise, la victoire dans un sport individuel comme le tennis est plus que jamais le fruit d‘une symbiose de gens qualifiés et généreux. Avis aux intéressés, la preuve est faite.

Tiens, j‘en rajoute : un trophée de Wimbledon reviendra chez nous au Canada avec le triomphe de Daniel Nestor en double mixte avec la Française Kristina Mladenovic! Ahhh! Que d‘émotions! Vive le tennis!

hp