Angelique Kerber a dû bûcher longtemps avant de connaître enfin la consécration en janvier, aux Internationaux d'Australie. Cela faisait déjà depuis 2012 qu'elle était installée dans le top-10, puis sa carrière a pris un tout autre tournant cette année. L'exploit est d'autant plus remarquable qu'elle est la première championne Grand Chelem qui représente l'Allemagne depuis la légendaire Steffi Graf, il y a pas moins de 17 ans.

Angelique KerberDésormais la dauphine de Serena Williams au classement de la WTA, au 2e rang mondial, elle est cependant été promue à titre de tête de série no 1 à la Coupe Rogers en raison de l'absence de l'Américaine qui est blessée.

À son avis, c'est l'expérience qui fait en sorte qu'elle en est enfin arrivée à ce point dans carrière.

« Je pense que j’ai beaucoup appris des années précédentes et que j’ai beaucoup plus d’expérience que j’avais avant. Ça me donne beaucoup de confiance parce que je sais maintenant ce que je dois faire sur le terrain et à l’extérieur pour gagner. J’ai une bonne équipe en qui je peux avoir confiance, c'est un facteur important pour moi. Tout est tombé en place. Je joue bien, je suis en confiance et j’aime mon tennis. »

Au sein de son équipe, elle entretient des liens avec son entraîneur actuel Toben Betlz depuis près de 15 ans. Il travaillait déjà partiellement avec elle quand elle courait les tournois de niveau junior et quand elle a fait ses premiers pas sur le circuit de la WTA,. C'est toutefois plus tard qu'il est devenu entraîneur à temps plein au Schleswig Holstein Club et ensuite sur la route partout où Kerber allait, soit à compter de 2011.

Serena Williams et Angelique KerberAprès cette toute première victoire majeure, Kerber a traversé un creux de vague, mais elle s'est rapidement ressaisie. Elle a été finaliste au All England Club, concédant le Rosewater Dish à la cadette des Williams.

« Après Paris, où j'ai perdu au premier round, j’étais un peu nerveuse en arrivant à Wimbledon. J’essayais d’être un plus détendue et de ne pas me mettre trop de pression. La première semaine a été un peu compliquée, puis lors de la deuxième, je suis vraiment fière et heureuse d’avoir trouvé le moyen de revenir dans les matchs et de gagner, notamment des matchs très difficiles contre des adversaires très coriaces.

« En finale, je jouais très bien, et Serena servait magnifiquement. Ç’a été deux merveilleuses semaines. Atteindre ma deuxième finale de Grand Chelem en sept mois était incroyable. »

Elle a eu peu de répit par la suite. C'est un luxe que les athlètes professionnels s'accordent rarement.

« Je suis allée à la maison un peu. J’ai laissé ma raquette dans un coin, j'ai essayé de relaxer un peu, de revenir sur les dernières semaines et la première portion de l’année. Tout ça avant d’aller à Bastad et de commencer la tournée nord-américaine avec le Canada et les Jeux de Rio. Mais c’est peut-être bien aussi de ne pas avoir trop de temps mort pour réfléchir. »

Maintenant elle est de retour dans des conditions qu'elle apprécie particulièrement et qui pourraient lui apporter une fois de plus du succès.

« J’ai vraiment hâte de commencer la saison sur dur, j’adore jouer sur cette surface. Je ressens beaucoup de confiance en jouant sur le dur. J’aime Montréal alors c’est bien de commencer la saison ici. C’est bien d’être de retour sur cette surface. »

Une petite inquiétude

On a toutefois craint un instant de ne pas pouvoir voir Kerber à Montréal en raison de problèmes de santé. En effet, la native de Brême aux origines polonaises a déclaré forfait pendant le tournoi de Suède quelques jours avant le début de la compétition montréalaise.

« J’ai eu de la difficulté un peu à Bastad à cause de mon coude. Après je suis retournée à la maison pour soigner cette blessure et subir des traitements. J’ai rencontré mes médecins et ça va bien. Quand je suis arrivée à Bastad je ressentais déjà de l'inconfort, mais pas beaucoup. Je le sentais toujours quand je servais. Surtout lors de mon premier match, je me souviens à un moment donné que c’était vraiment douloureux. C’est pour ça que j’ai décidé de ne pas trop prendre de risque là-bas. »

« Depuis j’ai pratiqué et je me porte bien. Je continue toutefois mes traitements et je pense que ça va bien aller. »

À savoir si elle est réellement à 100 %, on en aura la confirmation ou non lorsqu'elle sautera sur le central mercredi soir. Elle affrontera en premier lieu la Croate Mirjana Lucic-Baroni (no 5), qui a dominé la Japonaise et joueuse issue des qualifications Nao Hibino (75e) lundi.

En tant que favorite, c'est une belle occasion d'améliorer ses chances d'un jour détrôner Serena au sommet de la hiérarchie. Elle ne veut par contre pas trop s'attarder là-dessus.

« Je ne pense pas du tout à ça. Je ne pense pas trop au classement car il faut s'affairer à jouer du bon tennis pour gagner des matchs et atteindre ce rang. Si éventuellement j’atteins le premier rang mondial, ça signifiera beaucoup pour moi. Mais entretemps, c’est encore très loin. Je ne veux pas penser encore à ça. »

« (Sans Serena), pour moi, rien ne change. Je suis ici pour jouer de bons matchs, et beaucoup de matchs. Bien sûr, pour les amateurs et tout le monde, c’est un peu décevant, mais la santé est toujours la chose la plus importante. »