Vingt ans après ses débuts sur le gazon londonien, Roger Federer a l'opportunité à 37 ans de boucler un cycle historique à Wimbledon et d'accrocher un 21e trophée en Grand Chelem, synonyme d'éternité.

L'hommage récent de Novak Djokovic, l'actuel no 1 mondial, désignant Federer comme « le plus grand de tous les temps » résonne étrangement dans la bouche du Serbe, dont l'ambition semble peu compatible avec la reconnaissance d'une telle vassalité. Mais si l'on évoque Wimbledon et Federer, un tournoi que le Suisse a remporté à huit reprises, difficile de ne pas tomber dans ce genre d'extase.

Le Suisse est un peu chez lui au All England Club, son jardin. Et chaque année, impossible de ne pas y voir le favori, comme cette fois-ci, malgré ses 37 printemps. Cette année, le Suisse a décidé d'ajouter la terre battue parisienne à sa préparation après l'avoir boudée pendant quatre ans. À la clé : un contrat rempli avec une demi-finale à Roland-Garros, et une défaite logique face à Rafael Nadal.

Les craintes d'une transition compliquée sur herbe ont vite été levées ensuite. Federer a aligné sa 10e victoire à Halle (Allemagne), son autre carré vert. Presque la routine. Une victoire qui lui a aussi permis de chiper la tête de série no 2 de Wimbledon  à Nadal, qui ne l'a pas très bien pris.

L'Espagnol a d'ailleurs fustigé cette incongruité unique qui veut que Wimbledon panache le classement mondial aux résultats sur herbe pour ses têtes de série. Une petite rareté pour l'Espagnol, plutôt discret d'ordinaire. Mais le tirage au sort lui a donné raison avec la perspective d'un 2e tour face à l'imprévisible et sulfureux Nick Kyrgios, pas du tout sa tasse de thé.

Ivanisevic va conseiller Djokovic à Wimbledon

Djokovic va lui retrouver, un an après, le lieu de sa renaissance. C'est à Wimbledon que le Serbe avait totalement relancé sa saison. Arrivé 21e mondial, son plus bas classement, il avait gagné deux semaines plus tard, et aligné deux autres titres en Grand Chelem dans la foulée. Il s'est même approché d'un exploit incroyable il y a un mois, mais a calé à deux matches d'une quatrième levée d'affilée à Roland-Garros. Un échec qui n'a en rien entamé son appétence pour les grands rendez-vous.

Le Croate Goran Ivanisevic, vainqueur à Wimbledon en 2001, a annoncé dimanche que le Serbe lui avait demandé de l'aider à conserver son titre dans le tournoi londonien.

« C'est tout à fait inhabituel. Il m'a appelé il y a quelques jours. J'étais un peu surpris. Nole voulait que je vienne plus tôt, mais j'avais un engagement antérieur dans un tournoi senior en Suède », a déclaré Ivanisevic à des journalistes serbes, selon le site en ligne Sportklub.

« Je suis arrivé ce matin pour le premier entraînement qui s'est bien passé. Malheureusement, je ne pourrai rester (avec lui) que pendant la première semaine à cause de mes engagements. J'espère que notre collaboration va se poursuivre », a ajouté Ivanisevic, âgé de 47 ans, seul joueur invité par les organisateurs à avoir gagné le simple messieurs à Wimbledon.

Ivanisevic, qui avait auparavant entraîné son compatriote Marin Cilic et le Canadien Milos Raonic, a souligné que l'appel de Djokovic était une grande reconnaissance pour lui en tant qu'entraîneur.

Si l'on se fie aux statistiques, le trophée ne devrait pas échapper à l'un des trois membres du « Big 3 », ainsi dénommé en l'absence d'Andy Murray, qui disputera lui le double cette année. Djokovic, Nadal et Federer se sont approprié 53 des 64 derniers tournois du Grand Chelem. Une hégémonie inédite dans l'histoire du tennis.

« Je pense que nous sommes devenus les joueurs que nous sommes grâce à cette rivalité entre nous », a estimé Federer.

Forcément, ce trio accapare la lumière de ce nouvel opus londonien, au grand dam de cette NextGen, qui tarde à renverser la table.

« C'est ennuyeux de voir Djokovic, Nadal et Federer gagner tout le temps, a récemment regretté Stefanos Tsitsipas (6e mondial). J'adorerais voir quelque chose de différent dans les Majeurs cette année. »