Jet privé, grande gueule, arrestation, prostituées et alcool, mais un tennis qui l'a porté à la 10e place mondiale. Ces temps sont révolus : c'est un Ernests Gulbis assagi mais 256e à l'ATP qui va disputer le troisième tour des Internationaux d'Australie.

« Je ne retournerai jamais en Suède : si vous sortez pour rencontrer des filles, ils vous mettent immédiatement en prison! », avait-il commenté après une nuit au poste de police à Stockholm pour sollicitation de prostituées en 2009.

« Si je commence à boire, je vais boire jusqu'au petit matin. Je ne peux pas aller en boîte et juste m'enfiler quatre bières. Si je sors, je sors vraiment toute la nuit! », avait-il également lancé à des journalistes.

Issu d'une famille riche et doté d'un très grand talent tennistique, il avait atteint les quarts de finale de Roland-Garros en 2008 à 19 ans. Mais il avait traversé un premier trou d'air en 2012 avant de revenir encore plus fort en 2014 : demi-finale à Roland-Garros et top-10 mondial.

En 2018, contrairement à ce qu'il avait annoncé, il retourne à Stockholm où il atteint la finale mais s'incline devant Stefanos Tsitsipas.

De nouveau, la suite est une longue descente au-delà de la 250e place mondiale, les matchs sur le circuit Challenger, la deuxième division du tennis professionnel, les qualifications des tournois ATP 250.

Alors à Melbourne, où il est passé par les qualifications avant d'éliminer un prometteur joueur de la jeune génération, le Canadien Félix Auger-Aliassime (22e mondial) puis, le Slovène Aljaz Bedene (55e), Gulbis savoure à 31 ans les fastes réservés à l'élite.

« Je ne devrais pas dire ça »

« Les Challengers ne sont pas au niveau, à commencer par les juges de ligne... lâche-t-il d'une voix lancinante. Je ne devrais pas dire ça, mais vous savez, avec l'âge... »

Et même s'il est marié et père de famille, dans ce dernier bout de phrase pointe l'énergumène qu'il a été, lui qui s'est rendu en jet privé au Challenger d'Aix-en-Provence en 2018.

En septembre dernier, c'est dans un van plein de gens qu'il ne connaissait pas qu'il a effectué le trajet de Paris à Orléans pour y participer au Challenger.

« On a récupéré sept autres personnes qui n'étaient pas du tout des joueurs. C'étaient juste des gens qui avaient commandé un taxi. Si j'avais su, j'aurais pris le train ou loué une voiture (...) À 18 ans, ça m'aurait peut-être un peu plus amusé, mais là, j'ai une famille et je préfère passer du temps avec eux plutôt que de rouler des heures dans un taxi rempli de gens que je ne connais pas », a-t-il raconté après sa victoire contre Auger-Aliassime.

Désormais, il veut de nouveau retrouver un classement plus digne de son talent.

« Je veux revenir le plus vite possible dans le top-100, alors chaque point ATP que je marque est important », a-t-il expliqué.

« Moments furtifs »

Gaël Monfils, son futur adversaire, affirme que l'homme a changé.

« Plus jeune, il a eu des moments un peu plus furtifs... (sourire entendu), mais c'est un gars super, vraiment gentil. Il a pris de la maturité sur plein de choses », assure le Français.

« Il a une bonne image dans le vestiaire, tout le monde le trouve sympa. On se marre avec lui, il est apprécié », poursuit Monfils, pas tout à fait rassuré à l'idée de l'affronter à Melbourne, alors qu'il l'a battu lors de leurs deux affrontements sur le circuit principal.

« Il aime bien les Grands Chelems. C'est quelqu'un qui aime les grands matchs : il a fait une demie à Roland, il a été dans le top-10. Il a battu les plus forts, il sait les gérer... », analyse-t-il.

Gulbis, lui, se délecte. À un journaliste qui commence sa question par « vous avez dit », il coupe la parole : « Oh j'ai dit tellement de choses, j'essaie de me taire maintenant... »