La victoire en deux manches obtenue lundi par Milos Raonic face au 30e joueur mondial Lucas Pouille a donné le ton à la semaine des Canadiens à la Coupe Rogers.

Plus important encore pour le principal intéressé : elle permettait à Raonic de commencer un de ses tournois préférés sur de bonnes sensations, lui qui n’avait pas réussi à décrocher une victoire à Montréal depuis qu’il y a atteint la finale il y a six ans.

Bien entendu, un match de premier tour dans un Masters 1000 est loin d’être une formalité pour une 17e tête de série. Mais le rendez-vous avec Pouille posait un piège particulièrement délicat. Le Français disposait de l’avantage psychologique d’avoir défait le Canadien lors de leur précédent duel, en janvier. Et pas n’importe où : sur la grande scène, en quarts de finale des Internationaux d’Australie.

Ajoutez à cela que Raonic a reconnu s’être senti à plat et à bout de ressources à son dernier match, jeudi dernier face à Peter Gojowczyk (défaite de 6-4, 6-4) en ronde des 16 à Washington, et il y avait lieu de se demander si le puissant serveur allait fouler le court du stade IGA dans des conditions optimales.

Cet élément de doute quant à ses capacités physiques, Raonic l’avait aussi soulevé après qu’il se soit fait renverser en cinq manches par Guido Pella, en huitièmes de finale de Wimbledon, il y un mois. Le Canadien de 28 ans avait alors qualifié sa condition physique d’« inacceptable ».

Tout compte fait, il s’est probablement rassuré avec le 6-4, 6-4 qu’il a infligé à Pouille, au cours duquel il a mitraillé son adversaire de 16 as, en plus de ne lui concéder aucune balle de bris. Le joueur originaire de Thornhill en Ontario s’est ainsi offert une journée de congé, dans l’attente de son adversaire au deuxième tour.

« L’important est de trouver le moyen de gagner le match », a opiné Raonic après sa victoire acquise en 1 heure et 12 minutes.

« Je pense que j’ai bien joué, c’est toujours un bonus. Je suis content de mon jeu aujourd’hui, j’ai osé et j’ai réussi à faire ce que je voulais. Je savais que le match serait difficile. J’ai réussi à maîtriser le jeu et à m’imposer. Je suis content d’avoir bien démarré, d’avoir bien lancé la machine. »

« J’ai essayé de ne pas avoir trop d’attentes. Avec mes antécédents cette année, j’ai été très déçu. Je prends les choses match par match. Je suis content de mes sensations sur le court cette année. Je suis content de me sentir bien après le match. J’espère que ça va durer. »

Spectateur privilégié des progrès d’Auger-Aliassime

Parions qu’une partie du mardi de congé de Raonic servira à observer la rencontre opposant ses deux compatriotes Félix Auger-Aliassime et Vasek Pospisil sur le court central, en après-midi.

Dans un scénario rappelant drôlement celui du tournoi d’Indian Wells de 2018, Auger-Aliassime et Pospisil en découdront afin de déterminer lequel des deux aura le droit de se mesurer à Raonic mercredi, au deuxième tour.

Cette semaine, c’est le forfait de Kevin Anderson qui aura été la cause directe de la tenue de ces deux duels canadiens consécutifs. Car à la base, c’était un match de premier tour face à Taylor Fritz qui était programmé pour Raonic, dans une autre section du tableau.

« Quand j’ai débuté sur le circuit, c’était rare (que des Canadiens se croisaient dans le tableau). J’ai joué contre Vasek ici en demi-finale (en 2013). Mais maintenant, nous sommes six sur le circuit, et cette semaine, nous sommes tous les six dans le tableau principal. Ça devait arriver. C’est bien plus probable qu’autrefois. C’est comme ça. J’aurais préféré que nous soyons mieux répartis. Ils vont jouer le premier tour, on verra qui sortira. C’est dommage que ça arrive justement à ce tournoi, où je joue à la maison. »

En raison de la vague d’enthousiasme entourant les débuts montréalais d’Auger-Aliassime et de la précarité de l’état du poignet gauche de Pospisil, c’est naturellement vers le plus jeune de ses adversaires potentiels que la conversation avec Raonic a bifurqué.

« J’ai eu la chance de côtoyer Félix régulièrement dans la dernière année. On a pratiqué ensemble dans le cadre de la Coupe Davis, avait rappelé Raonic en conférence de presse, samedi.

« Je pense que j’avais frappé avec lui à tous les jours durant la rencontre face aux Pays-Bas. Ça m’avait beaucoup aidé. Depuis le début de son éclosion, je suis présent sur le circuit [Raonic a subi plusieurs blessures durant les saisons 2017 et 2018]. Je l’ai donc vu aller dans plusieurs tournois. Il a progressé et gravi les échelons depuis six ou cinq mois. »

On a fait remarquer au 19e joueur mondial que le jeune tennisman à la progression fulgurante ne semble avoir que des amis sur le circuit ATP, et Raonic a bien voulu émettre sa propre hypothèse à ce sujet.

« Il m’a l’air d’être apprécié de tous. Sa façon de se comporter est une des raisons de ça. Il est un gars à la fois mature et plutôt relax. Les gars (sur le circuit) apprécient ça », a-t-il évalué.

La camaraderie et les franches poignées de main, c’est bien beau. Mais c’est surtout par la solidité de son jeu des cinq ou six derniers mois, à commencer par la tournée sud-américaine de terre battue, qu’Auger-Aliassime s’est mis à être le destinataire des compliments sans cesse renouvelés des autres joueurs professionnels.  

« Je crois que c’est son niveau de constance (qui a le plus aidé à son éclosion), a souligné Raonic. L’an dernier, quand on s’est affronté ou qu’on a joué des sets d’entraînement ensemble, il jouait déjà à un très haut niveau. Mais il y avait souvent un jeu précis (dans un match) durant lequel il pouvait perdre sa concentration et ses repères. Il a rectifié cette situation. Il n’a pratiquement plus de ces moments d’égarement, et quand ils se produisent, il arrive à minimiser leur durée et à s’en sortir. Et puis physiquement, il a beaucoup maturé. »

En attendant de connaître qui d’Auger-Aliassime ou Pospisil se battra avec lui pour l’appui de la foule montréalaise au deuxième tour, Raonic s’encourage de son début de semaine.

 « La saison a été difficile. Il y a eu quelques ratés ici ou là. (...) J’essaie encore d’aller jusqu’au bout d’un tournoi sans être blessé. C’est déjà bien difficile à vivre. Mais c’est comme ça. J’essaie d’être le mieux préparé possible. Je donne tout et j’essaie de progresser chaque semaine si possible. »