Après une saison 2020 éprouvante, marquée par le contexte de pandémie mondiale, des résultats en demi-teinte dans le dernier droit du calendrier et la fin récente d'une association de six ans avec son entraîneur Guillaume Marx, Félix Auger-Aliassime a posé le pied à Montréal pour la première fois depuis le mois de mai, il y a quelques jours.

Le jeune tennisman est en quarantaine forcée depuis son arrivée d'Europe la semaine dernière, peu après avoir disputé un dernier tournoi à Sofia, en Bulgarie. Si le plan mis en place est respecté, sa visite ne durera cependant que quelques semaines, puisqu'il prévoit s'envoler en direction de Majorque pour un camp d'entraînement à l'Académie Rafa Nadal au début du mois prochain.

Lors d'une rencontre virtuelle avec les médias montréalais lundi, Auger-Aliassime a posé un regard somme toute serein sur l'ensemble de cette année 2020 comparable à aucune autre qu'il ait vécue auparavant dans sa courte carrière. S'il reconnaît avoir traversé ici et là des moments d'essoufflement durant le calendrier chargé qu'il s'est imposé - il a totalisé 31 matchs en l'espace de 12 semaines à un certain moment - le 21e joueur mondial se considère grandi de l'expérience des douze derniers mois. Et ce, même si son classement ATP identique à celui qu'il affichait à la fin de 2019 peut donner l'illusion d'une stagnation dans son épatante progression sur le circuit.

« Ç'a été une année d'incertitude et de constante adaptation », a reconnu d'emblée Auger-Aliassime. Les différents protocoles de chaque tournoi par exemple, l'absence de partisans dans les stades, ou bien la présentation d'un tournoi important sur terre battue [celui de Rome] immédiatement après la conclusion de l'US Open, c'était du jamais vu. Le fait d'avoir tous ces tournois un à la suite de l'autre sans savoir si un d'eux allait être annulé, c'était compliqué à gérer. Et ça, c'est en plus de la réalité des bulles et de l'impossibilité d'être entouré de ma famille. Je crois que malgré les difficultés, je suis arrivé à rester engagé jusqu'à la fin. »

Le temps était venu pour une nouvelle voix

C'est non sans un pincement au coeur que Félix Auger-Aliassime a choisi, début novembre, de séparer sa route de celle de son entraîneur des six dernières années Guillaume Marx, qui était non seulement un coach mais aussi un ami proche de la famille. Autant il a été ardu de tirer un trait définitif sur cette union, le Québécois de 20 ans a souligné qu'il lui a fallu, dans une situation délicate comme celle-là, « séparer le côté personnel et affectif du côté professionnel ».

« Guillaume est devenu comme un membre de la famille et il va le rester. J'y ai longtemps réfléchi et j'ai senti à la fin de l'année que c'était le bon moment. J'ai senti

« Il me fallait de nouveaux conseils et défis »

que notre collaboration avait atteint sa limite. Il était temps pour moi d'aller chercher de nouveaux conseils, de me challenger à nouveau, pour aller justement à la prochaine étape. »

En date d'aujourd'hui, Auger-Aliassime s'en remet donc à son autre instructeur, Frédéric Fontang, « qui demeure totalement engagé dans notre projet », tout en se disant ouvertement à la recherche d'un mentor pouvant l'aider à atteindre l'échelon supérieur.

Et quelles sont donc les qualités recherchées chez cet éventuel conseiller?

« (Ça me prend) quelqu'un qui a connu l'expérience des plus grands niveaux. Soit quelqu'un qui a accompagné des joueurs ayant gagné des Grands Chelems ou qui en a lui-même gagné. C'est une piste qu'on commence à ouvrir. »

À l'ère où plusieurs membres du top-10 mondial orientent leurs décisions en fonction d'offrir leurs meilleures performances lors de ces fameux Majeurs, Auger-Aliassime a l'impression qu'il se rapproche graduellement, lui aussi, de cette réalité.

« La façon dont est structuré le système de points fait en sorte que les Grands Chelems sont cruciaux pour le classement. Ça reste quatre tournois qui ont une plus grande priorité que les autres, et on se penche pour trouver des façons pour que je sois dans les meilleures dispositions pour ces quatre occasions, même si je sais que je ne dois pas non plus négliger le reste du calendrier. »

Il ne semble pas y avoir un échéancier précis pour faire l'ajout de cette nouvelle personne-ressource. En ce sens, Auger-Aliassime ne cherche pas désespérément à amorcer la tournée australienne de janvier 2021 avec un nouvel homme de coin.

« C'est une porte qui est ouverte, bien sûr. Mais pour l'instant, Frédéric demeure mon entraîneur principal. Nous sommes prêts à prendre notre temps avant d'arriver à cette décision. Il n'y a pas de presse », a t-il assuré. 

Quand le double sauve la mise

Si 2020 s'est terminée amèrement en simple avec une séquence peu reluisante de quatre éliminations au premier tour, Auger-Aliassime s'est donné une raison de sourire en décrochant au Masters de Paris-Bercy un titre d'envergure en double, le fruit d'une union productive avec le Polonais Hubert Hurkacz.

« J'ai pris cette habitude de jouer beaucoup de double et je crois que c'est très formatif. Déjà, le fait de jouer deux matchs en une journée; il n'y a rien de mieux qu'un match de compétition pour te préparer à en jouer un deuxième. C'est bien pour mon jeu; mon service, mes retours, la précision de mes coups, mon jeu à la volée. C'était notre intention, à mon équipe et moi, de jouer plus en double cette année. Je pense d'ailleurs que je les ai presque tous joués, mis à part Vienne et les tournois majeurs. De terminer le tout avec un excellent titre, c'était très bien. Je ne m'y attendais pas du tout, mais j'étais ravi de gagner. »

Voyant les bienfaits évidents de ces ajouts à sa charge de travail, Auger-Aliassime a ajouté vouloir continuer dans cette veine en 2021, « tout en faisant la meilleure programmation possible » pour sa carrière en simple.

Ses performances dans un créneau bien précis du calendrier, soit les compétitions jouées à l'intérieur sur surface dure, constituent aussi une des grandes sources de réconfort du Québécois dans son bilan, lui qui après ses finales à Rotterdam et Marseille avant la pandémie, en a ajouté une troisième à Cologne, où il a été vaincu par son ami Alexander Zverev.

« J'ai grandi au Québec après tout, alors dans un sens je suis persuadé que ça m'aide. On est assez à l'aise ici à jouer à l'intérieur, en plus d'en avoir l'habitude. Mais en vérité, je pense que mon service m'aide beaucoup dans ces conditions. Il n'y a pas d'intempéries, de vent, de soleil. C'est là-dessus que j'ai obtenu mes trois finales de la saison 2020. J'ai connu de très bonnes semaines sur dur, et je crois pouvoir continuer d'y obtenir d'excellents résultats pour la suite », a-t-il avancé, lui qui ne se gêne pas pour identifier sa semaine à l'ATP 500 de Rotterdam comme « le » souvenir marquant de cette année 2020 on ne peut plus particulière. Aux Pays-Bas, il avait réussi un tour de force plutôt remarquable en battant consécutivement Jan-Lennard Struff, Grigor Dimitrov, Aljaz Bedene et Pablo Carreno Busta, ne perdant qu'un set en début de semaine pour prendre rendez-vous avec Gaël Monfils dans le match ultime.

« Je suis rendu à un stade de ma carrière où je joue chaque tournoi dans l'idée de le gagner. Je veux me préparer pour aller le plus loin possible, semaine après semaine. Il y a des lignes conductrices que je dois garder en tête pour assurer mon développement. Mais l'idée principale est d'être toujours plus précis, dans ma préparation notamment, dans l'optique de faire les meilleurs résultats possibles », a conclu Auger-Aliassime.