MONTRÉAL - Si 2013 avait propulsé Eugenie Bouchard sous les réflecteurs, 2014 lui aura servi à prouver que tout ce qu'elle avait accompli jusque-là n'était pas de la frime.

La Québécoise a de nouveau connu une saison phénoménale sur le circuit de la WTA. Celle qui aspire à devenir la meilleure joueuse au monde est passée du 32e au cinquième rang mondial avant de conclure l'année au septième échelon, a remporté son premier titre en carrière, en plus de participer à deux demi-finales et une finale en tournois du Grand Chelem et d'assurer au Canada une place au sein du groupe mondial de la Coupe Fédération, une première dans l'histoire.

Même après être passée de la 144e à la 32e place en 2013, sa saison 2014 a été si remarquable aux yeux de la WTA qu'elle lui a remis, en novembre dernier, le titre de joueuse la plus améliorée du circuit.

C'est en raison de tous ces exploits que La Presse Canadienne lui remet pour une deuxième année d'affilée le trophée Bobbie-Rosenfeld, décerné à l'athlète féminine de l'année au Canada, tel que choisi par un scrutin mené auprès des directeurs des sports des journaux, sites web et stations de radio du pays.

La victoire de Bouchard a été à l'image de ses meilleures journées sur les courts : sans équivoque. Elle a récolté 95 pour cent des votes, ne laissant que des miettes à celles qui ont terminé sur un pied d'égalité derrière elle avec deux votes chacune, la skieuse acrobatique et médaillée olympique des Jeux de Sotchi Justine Dufour-Lapointe, la gardienne de but de l'équipe féminine de hockey Shannon Szabados, également médaillée d'or en Russie, ainsi que la bobeuse Kaillie Humphries.

Elle est seulement la 15e athlète à recevoir ce prix plus d'une fois depuis qu'il a été créé en 1933. Il s'agit de la 12e fois qu'une athlète reçoit le prix pour une deuxième année consécutive, la première depuis la patineuse de vitesse Cindy Klassen, en 2005 et 2006.

« Comme c'est excitant pour Genie de remporter ce prix, a déclaré Kelly Murumets, présidente et chef de la direction de Tennis Canada. Elle n'a encore que 20 ans. Je suis certaine qu'elle est très honorée. Je peux dire que nous, en son nom, sommes très honorés que La Presse Canadienne la reconnaisse comme l'athlète féminine au pays pour une deuxième année consécutive.

« Nous sommes très, très fiers d'elle. C'est une compétitrice féroce et une incroyable ambassadrice pour le Canada. »

Eugenie Bouchard

« Ça démontre la qualité d'Eugenie comme athlète, a pour sa part révélé Sylvain Bruneau, entraîneur de l'équipe canadienne en Coupe Fed. Il y a d'autres athlètes qui ont obtenu d'excellents résultats cette année. Elle n'a que 20 ans, et elle est toujours en progression. On ne peut que rêver à ce qu'elle va accomplir dans le futur. »

L'année s'est amorcée sur les chapeaux de roue pour la Westmontoise de 20 ans, alors qu'elle a atteint les demi-finales des Internationaux d'Australie pour se hisser au 19e rang mondial. En mai, Bouchard signera le premier gain de sa carrière en enlevant le tournoi de Nuremberg, en Allemagne, en triomphant en trois manches de la Tchèque Karolina Pliskova.

La semaine suivante, elle amorce une irrésistible poussée à Roland-Garros, où elle élimine coup sur coup Angelique Kerber et Carla Suarez Navarro, classées neuvième et 15e au monde, avant de plier l'échine devant Maria Sharapova, huitième raquette mondiale, en demi-finale. Elle prendra ensuite part à Wimbledon à titre de 13e tête de série et deviendra la première finaliste canadienne - homme ou femme - dans un tournoi du Grand Chelem, où elle s'inclinera face à la Tchèque Petra Kvitova.

« L'ascension de Bouchard est proprement vertigineuse, a indiqué Jean Dion, du journal Le Devoir. Trois fois en demi-finales en tournois du Grand Chelem alors que le parterre en tennis féminin est fort relevé, voilà qui relève de l'exploit. Et dire qu'elle n'a que 20 ans... »

« Eugenie Bouchard est devenue en 2014 une superstar mondiale avec ses performances extraordinaires dans les tournois de tennis du Grand Chelem, a souligné Jean-Pascal Beaupré, rédacteur en chef du Journal Métro. Peu d'athlètes canadiens peuvent se vanter d'avoir atteint une célébrité aux quatre coins de la planète aussi rapidement. »

« Aucune Canadienne n'a connu une année comme celle qu'a connue Bouchard en 2014, fait quand à lui valoir Sean Rooney, directeur des sports du Medicine Hat News. Ce qui fait peur, c'est qu'elle n'a pas encore atteint son plein potentiel. Elle a remplacé Christine Sinclair en tant qu'athlète féminine de référence au pays. »

Après un petit passage à vide à la suite des Internationaux de Grande-Bretagne, Bouchard s'est ressaisie, atteignant la finale du tournoi de Wuhan, en Chine, ce qui lui a permis de se hisser jusqu'au cinquième rang mondial et de prendre part aux Finales de la WTA, tournoi réservé exclusivement aux joueuses du top-8. La Québécoise, assurément taxée par une saison fort chargée à jouer constamment contre les meilleures raquettes au monde, n'a toutefois pas offert la performance escomptée, perdant ses trois matchs de la phase de groupe de façon décisive.

Eugenie BouchardBouchard concluera donc sa saison au septième rang mondial, après avoir touché des gains de plus de 3,2 millions $ US. Pourra-t-elle en faire davantage l'année prochaine?

« Ce ne sera pas facile d'en faire plus, mais elle le fera en concrétisant en Grand Chelem, ce qu'elle n'a pas réussi jusqu'à présent, explique Bruneau. Mais si on regarde dans les cinq ou dix dernières années, des joueuses qui ont atteint deux demi-finales et une finale en Grand Chelem lors de la même année, il n'y en a pas beaucoup. Ça démontre l'ampleur de ce qu'elle a accompli.

« Elle devra également afficher plus de constances dans les autres tournois. Si elle a bien figuré dans les tournois du Grand Chelem, elle a aussi été rapidement éliminée dans certains tournois du circuit. De ce côté-là, elle peut également progresser et par conséquent progresser au classement mondial. »

Comme en 2013, Bouchard et Milos Raonic ont été primés par La Presse Canadienne. Que le tennis rafle la mise au cours d'une année olympique marquée par de grands succès des athlètes canadiens réjouit grandement la présidente de Tennis Canada.

« Si vous pouviez me voir présentement, vous verriez que j'ai un énorme sourire au visage, a-t-elle indiqué. Je suis si fière de Milos et Eugenie, c'est presque maternel comme sentiment! Ça augure très bien pour notre sport, qui est en pleine ascension, à mon avis. Je crois que ces deux jeunes athlètes inspireront une toute nouvelle génération de joueurs de tennis. Et je crois bien que le tennis deviendra notre sport national! », a-t-elle conclu avec enthousiasme.