À la suite d'un appel conférence regroupant 400 joueurs et les dirigeants de la fédération américaine de tennis le 5 juin dernier, quelques grandes pointures avaient fait connaître leur opinion sur le nouveau protocole qui doit être mis en place pour que le US Open ait lieu.

 

Le lendemain en entrevue à la télévision en Serbie, le no 1 mondial et président du conseil des joueurs Novak Djokovic passe ses messages en dévoilant que ce n'est pas acceptable de disputer ce genre d'évènement avec seulement un accompagnateur. Cela avait bien sûr fait réagir tous ceux et celles qui n'ont pas des millions en banque et qui ont absolument besoin d'une reprise pour pouvoir continuer d'évoluer sur le circuit.

 

Les Américains Danielle Collins et Noah Rubin l'ont traité de visage à double face qui tient un message laissant croire qu'il a l'avenir des joueurs moins bien classés à cœur, mais il n'est même pas capable de sacrifier quelques membres de son entourage pendant un tournoi pour le bien de la communauté tennistique en général. 

 

À la décharge de Novak, c'est bien vrai que le tennis moderne d'aujourd'hui est devenu tellement brutal qu'un kiné est une nécessité. D'un autre côté, cela ne fait que souligner encore plus l'inégalité qui règne entre les très très riches et les autres qui sont prêts à manger du gravier pour nourrir leur famille s'il le faut. Mais Novak tenait à son idée et voulait forcer la main des organisateurs.

 

À chaque jour depuis le 5 juin certains partagent la même idée : Dominic Thiem, Alexander Zverev, Simona Halep et Ashley Barty n'aiment pas ces contraintes jugées trop extrêmes, tiens, tiens. Même Serena Williams par l'entremise de son entraineur Patrick Mouratoglou fait savoir qu'elle ne se présentera pas à New York sans sa fille, donc il faut allonger la liste des accompagnateurs.

 

Aujourd'hui en conférence de presse vidéo en direct du Billie Jean King Center, voici ce que nous avons appris. L'US Open aura bel et bien lieu du 31 août au 13 septembre, mais sans spectateurs, et les joueurs pourront avoir trois accompagnateurs s'ils le désirent. Nous avons même eu droit à un enregistrement confirmant la présence de Serena au tournoi.

 

De plus, il y aura des précautions supplémentaires pour assurer la sécurité de tout le monde : du nettoyage incessant, des vestiaires plus grands et comme il n'y aura ni foule ni commanditaires sur place, les joueurs pourront aussi utiliser les loges des grands terrains pour s'isoler des autres. Ce que l'on veut créer, c'est l'idée d'une bulle.

 

Un espace sera aussi aménagé pour qu'ils puissent s'amuser entre les matchs avec la création d'un terrain de basketball côte à côte avec un espace pour jouer au soccer. Ils pourront aussi compter sur un système de transport complètement dédié au tournoi. Il n'y aura cependant aucun média sur place alors les vidéos conférences, il faudra faire avec. Sur le terrain les deux plus grands pourront compter sur un personnel complet de juges de lignes, alors que tous les autres courts, mis à part l'arbitre en chef, il faudra se fier au Hawk Eye. 

 

Comme la USTA tient mordicus à ce que les plus riches soient au rendez-vous, ceux-ci peuvent compter sur les services d'un agent immobilier qui leur dénichera une maison à louer dans les environs. Les autres seront logés à l'hôtel TWA (2 chambres par joueur si désiré) à l'aéroport JFK entièrement dévoué à la cause des joueurs.

 

Le directeur exécutif de la USTA Mike Dowse est bien heureux d'avoir réussi à sauver le contrat de télévision de 70 millions $ avec ESPN et pour cela, il faudra que les grandes têtes d'affiche y soient et que des points soient attribués. Le malheur pour les joueurs classés au-delà de la 120e place environ c'est qu'il n'y aura pas de qualifications.

 

Certes, le tableau du simple comptera 128 places dont huit seront réservées aux invitations, mais encore une fois, voilà un point qui désavantage ceux qui ont vraiment besoin de jouer et de gagner leur vie! À la place, l'USTA présentera le tournoi de Cincinnati - qualifications et tableau principal - juste avant le US Open et au même endroit, en plus du tournoi de Washington qui est maintenu à 350 kilomètres de New York.

 

Pas de Toronto cependant, alors que Tennis Canada a étudié la possibilité du huis clos, mais s'est buté à des directives gouvernementales moins flexibles que celles de l'Oncle Sam. L'avenir nous dira qui aura raison : vaut-il mieux faire preuve de sagesse ou foncer pour repartir l'économie malgré les dangers encore présents?

 

Et si un joueur devait contracter la COVID-19? 

 

Pour moi, le moment le plus intéressant de cette conférence aujourd'hui c'est lorsque notre consœur Stephanie Myles demande à la Canadienne Stacey Allaster (qui est devenue la première femme directrice du US Open en plus de 100 ans d'histoire), ce qui allait se passer, et surtout, qui allait payer si un joueur est déclaré positif à la COVID-19? Est-ce que les joueurs devront signer une renonciation de responsabilité si un membre de l'équipe attrape le virus? Qui va payer? Il faudra l'isoler pendant des semaines à l'hôtel ou à l'hôpital alors que l'on sait bien ce que cela coûte être hospitalisé aux Etats-Unis.

 

Madame Allaster a répondu vaguement, en ne confirmant pas que l'USTA allait payer pour les frais encourus mais que les médecins présents sur le site allaient s'occuper d'eux. Selon Myles, qui a parlé à quelques joueurs, ceux-ci ne prévoient pas amener de coachs parce qu'ils craignent pour ce que cela pourrait représenter financièrement si quelqu'un tombe malade.

 

Parlons maintenant de Roland-Garros,qui repousse son tournoi d'une semaine et qui accueillera des spectateurs. Donc, ceux qui iront loin en 2e semaine à New York auront deux semaines pour refaire le plein et apprivoiser à nouveau la terre battue. Ceux qui perdent tôt pourrons retrouver la terre avec les épreuves de Madrid et Rome.

 

Excellente nouvelle pour les joueurs car à la Porte D'Auteuil, il y aura des qualifs, 96 joueurs plutôt que 128, des tableaux de simple de 128, du double en formats habituels et du mixte (c'est notre Canadienne Gabriela Dawbrowski qui sera contente), des juniors et des compétitions en chaise roulante. La totale quoi, à part peut-être les matchs des Légendes qui n'auront pas lieu.

 

Paris-Bercy de la série 1000 disputé un peu plus tard, est quant à lui maintenu et les tournois en Asie à l'automne aussi. Si le fichu virus peut disparaître dans l'au-delà (je rêve), nous aurons un horaire ultra rempli jusqu'à la fin novembre.

 

En attendant, on s'amuse avec le tournoi original de Mouratoglou, le Challenge UTS avec sa formule très différente mais innovante et excitante. Soyez avec nous à cet effet le week-end prochain, samedi sur RDS2 à 15 h et dimanche sur RDS à compter de 18 h 30.