MELBOURNE (AP) - Guy Forget a tranché, mais veut toujours cacher les têtes qui ont roulé dans la sciure. Le capitaine français de l'équipe de France de Coupe Davis a informé son équipe mardi soir de ses choix pour disputer les deux premiers simples de la finale face à l'Australie vendredi, puis le double de samedi.

Mercredi, il a expliqué qu'il avoue garder volontairement encore 24 heures le secret, afin de brouiller légèrement les cartes du capitaine adverse John Fitzgerald: ''C'est quelque chose de minime, mais garder le secret peut ajouter aux questions que se pose Fitzgerald sur son équipe. Rafter a quand même mal. Va-t-il jouer en simple? Personne ne le sait. Et qui alors sera aligné en double?''

Puisqu'il paraît inconcevable que Forget se passe de son numéro un -et sixième mondial- Sébastien Grosjean, quelques doutes ont été émis en coulisses à Melbourne à propos de la participation de Nicolas Escudé en simple, le nom d'Arnaud Clément étant cité avec insistance pour être le deuxième homme du simple. Forget, il est vrai, a souligné la forme montante du feu follet Clément, finaliste de l'Open d'Australie à Melbourne justement en janvier. Mais Clément ne s'étant pas entraîné en simple depuis deux jours ici, Escudé, fort de sa superbe performance contre les Pays-Bas en demi-finale et de son quart de finale sur le gazon de Wimbledon, tenait toujours la corde.

Le remplacement éventuel de Cédric Pioline et Fabrice Santoro, particulièrement faibles à l'entraînement mercredi, par un tandem Grosjean-Escudé pour le double, a été également évoqué. Mais Forget est resté muet à ce propos.

''J'ai fait mes choix en fonction de mes instincts, mon 'feeling''', a-t-il déclaré. ''Chacun de mes joueurs a atteint quasiment son meilleur niveau sur l'herbe. Mais de toute évidence les Australiens vont placer la barre très haut. Ils le font toujours en Coupe Davis, et ils possèdent ici les premier et septième joueurs mondiaux. C'est mon travail de persuader l'équipe que ça passe par beaucoup d'audace, beaucoup de courage. Et le combat sera long et difficile''.

Voilà les certitudes des dernières heures avant cette finale. Car le mal de Rafter -des douleurs musculaires au-dessus et en-dessous du coude qui se font sentir au service-, reste un point d'interrogation et sans doute la clef de cette rencontre, tout comme ce gazon installé par modules, bien jauni et râpé au bout de trois journées d'entraînement, qui risque d'être en piteux état dimanche soir.

''J'ai été surpris par la rapidité avec laquelle le court se détériore'', a indiqué Forget mercredi. ''Les racines n'ont pas eu le temps de 'prendre'. Mais c'est comme ça. On ne peut pas faire grand chose. Il y aura beaucoup de faux rebonds, mais pour les deux équipes. Et comment savoir quel image ça donnera à la télévision au bout de trois jours de compétition? Nous aurions préféré nous entraîner davantage dessus, mais il fallait 'ménager' l'herbe. Tant pis. Il fallait trouver un compromis''.

La résistance du gazon, comme celle de Pat Rafter, préoccupent tout le monde. Le capitaine australien John Fitzgerald était toujours circonspect mercredi, évoquant la chance ''raisonnable'', sans plus, de Rafter de tenir sa place. ''C'est un vrai ''pro''. J'ai confiance en son avis'', a souligné Fitzgerald. ''S'il est sélectionné, c'est qu'il sera apte au service. Les joueurs d'aujourd'hui ont l'habitude de jouer avec une douleur''.

Ce sera la troisième finale en autant d'années pour l'Australie et la quatrième en onze ans pour la France: ''Il y a quelques nations -la France, l'Australie, la Suède- qui en font une grande priorité'', explique Forget. ''Ce n'est pas un hasard si ce sont les trois pays ayant les meilleurs résultats depuis 10 ou 15 ans''.

Forget, capitaine sur les deux tableaux de la Coupe Davis et chez les femmes, en Fed Cup, attend toujours sa première victoire collective. Il a connu trois années infructueuses avec les joueuses, et termine ici à Melbourne son troisième périple en Coupe Davis. Dix ans après le triomphe de Lyon au cours duquel il avait signé une victoire sur Pete Sampras, Forget se voit-il boucler la boucle ici?

''Je ne crois pas aux signes du destin'', dit-il. ''Mais cela dit, la coïncidence serait sympathique''.