MADRID – De beaux matchs, une importance décuplée du double, mais aussi une formule alambiquée, des frustrations et trop peu d'ambiance : aménagée après une édition 2019 très critiquée, la Coupe Davis nouvelle formule, remportée dimanche par la Russie, n'a pas encore convaincu et des évolutions sont à venir.

À Madrid en 2019, l'Espagne, en allant jusqu'au bout, avait sauvé les apparences au niveau de l'ambiance, alors que la plupart des rencontres s'étaient déroulées dans l'anonymat et un silence lugubre. En 2021, la compétition a été dispersée dans sa phase de groupes sur trois sites, l'idée étant que trois équipes – Espagne à Madrid, Italie à Turin et Autriche à Innsbruck – puissent profiter de leur public.

Pas de chance, l'Autriche a été confinée trois jours avant le début des rencontres pour cause de COVID et les matchs d'Innsbruck se sont déroulés dans un vide sinistre.

À Madrid et Turin, cependant, « 100 000 personnes ont assisté aux matchs, ce qui est un résultat exceptionnel », s'est félicité dimanche Eric Rojas, le PDG de Kosmos Tennis, la filiale de la société Kosmos qui a racheté les droits d'organisation de la Coupe Davis et en a changé le format historique en 2019.

« Même après l'élimination de l'Espagne (dès la phase de groupes, NDLR), la salle a continué d'être bien remplie. Nous avons montré qu'il s'agissait d'une vraie Coupe du monde de tennis », a-t-il insisté.

Histoire centenaire

Oui, mais justement, la majorité des acteurs et des spectateurs regrettent la disparition de la compétition par équipes nationales dans son format historique plus que centenaire.

Les joueurs en ont pris leur parti puisqu'il s'agit de représenter leur pays, à l'image du Français Nicolas Mahut, vainqueur du Saladier d'argent en 2017 : « Pour nous, l'excitation c'est le survêt' de l'équipe de France, la fierté qu'on a de le porter, le fait de représenter la France et d'aller loin dans la compétition », a-t-il affirmé.

Novak Djokovic, lui, estimait qu'il fallait changer la formule, qui posait notamment des problèmes en se déroulant tout au long de l'année dans un calendrier déjà très rempli. Mais le Serbe ne se satisfait pas tout à fait de la nouvelle.

« Pour gagner la Coupe Davis, il nous faut une équipe de double qui joue constamment ensemble, sinon, à chaque fois, ce sera comme gravir l'Everest », a commenté le no 1 mondial qui a remporté tous ses simples, sans pouvoir emmener la Serbie au-delà des demi-finales.

Conscients des insuffisances de la nouvelle formule améliorée de la Coupe Davis, les organisateurs ont d'ores et déjà annoncé un certain nombre de changements pour la prochaine édition.

« Tuer la compétition »

Ainsi, la phase finale passe de 18 à 16 équipes (afin d'éviter les savants calculs pour déterminer les deux meilleurs deuxièmes), dont 12 vont disputer un match de barrage dans l'ancien format (quatre simples et un double, mais en deux sets gagnants au lieu de trois).

Les phases de groupes seront dispersées dans quatre villes, chacune accueillant son équipe nationale et, des quarts à la finale, les rencontres se joueront dans une ville neutre encore à définir.

« Les leçons de 2019 ont été retenues. Ce modèle dans cinq villes est un format simple, compréhensible, qui se voit dans de nombreux autres championnats du monde. Il nous amènera la flexibilité de programmation dont nous avons besoin », a plaidé David Haggerty, le président de la Fédération internationale de tennis (ITF) qui régit la compétition.

L'annonce de la ville neutre pour la phase à élimination directe devait être effectuée dimanche matin dans un hôtel de Madrid. Mais au dernier moment, l'évènement sur invitation a été annulé et remplacé par une simple conférence de presse sur le lieu de la compétition, avec explication du nouveau format, mais pas un mot sur la fameuse ville hôte.

C'est qu'entre temps, une rumeur a circulé avec insistance voulant que ce soit Abou Dabi, où la tradition tennistique n'est pas légendaire.

Et les critiques les plus virulentes ont alors fusé parmi les participants, la palme revenant au capitaine australien Lleyton Hewitt.

« S'ils vendent l'âme de la Coupe Davis au Moyen-Orient (...) ils vont vraiment tuer cette compétition », a prévenu l'ancien no 1 mondial, vainqueur du Saladier d'argent en 1999 et 2003.