ZADAR, Croatie – Des partisans battant des tambours et soufflant dans des trompettes pendant des heures. Des costumes colorés. Des chants qui rappellent davantage des matchs de football que de tennis.

Sur le court, une série de matchs marathon au cours desquels l'avantage a changé de camp en de multiples occasions.

L'atmosphère de la demi-finale entre la Croatie et les États-Unis la fin de semaine dernière a brillamment rappelé ce qui rend la Coupe Davis si attrayante.

« Les joueurs joueront bien peu de matchs en ressentant plus de pression que cette fin de semaine dans leur carrière », a déclaré le capitaine américain, Jim Courrier, après que Borna Coric eut permis aux Croates de signer une victoire en battant la recrue Frances Tiafoe en cinq manches dans le tout dernier duel de dimanche.

« Les finales des tournois du Grand Chelem sont peut-être ce qui s'en rapproche le plus, a-t-il ajouté. Ça aiderait grandement la carrière de Frances . Il sait maintenant qu'il peut gagner dans ce genre d'environnement. »

Mais cet environnement n'existera plus en 2019.

À compter de l'an prochain, le plus prestigieux événement de tennis masculin, lancé en 1900, sera décidé par un tournoi disputé en site neutre, auquel participeront 18 équipes en toute fin de saison.

Le nouveau format a été mis sur pied afin de favoriser la participation des meilleurs tennismen comme Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic, qui pourront maintenant inclure la Coupe Davis à leur agenda chargé.

Coric, 21 ans, a dit de sa victoire contre Tiafoe qu'elle était de loin le « moment le plus spécial de (s)a vie », tout en concédant que de jouer cinq sets de tennis émotif est trop taxant.

« Pour les joueurs, ça va nous aider, a-t-il déclaré. Ça nous donnera un peu plus de temps pour récupérer après le tournoi. Quand je joue un match important comme celui-là, surtout quand je joue deux rencontres, la semaine suivante, je ne peux pas jouer, car je suis très fatigué. Je ne peux alors pas m'entraîner autant.

« D'un autre côté, c'est certain que je vais m'ennuyer de cette formule, c'est vraiment quelque chose de spécial, surtout au tennis. Nous n'avons pas beaucoup de matchs comme ceux-là. Nous ne jouons pas pour une équipe. (...) Je pense par contre que dans quelques années, nous trouverons que c'était une bonne décision. »

La finale de la Coupe Davis, présentée du 23 au 25 novembre à Lille, mettra aux prises les deux mêmes nations qu'en finale de la dernière Coupe du monde de football : la Croatie et la France.

Dans la nouvelle formule, les équipes joueront toujours une traditionnelle série en alternance à domicile et à l'étranger en février afin d'atteindre l'étape finale de novembre. Ce format remplacera le format actuel, où la coupe est disputée sur quatre semaines réparties sur toute l'année. La Fédération internationale de tennis (ITF) a affirmé que les bourses seraient semblables à celles des tournois du Grand Chelem.

« Ce qui me manquera le plus (si je joue l'an prochain) sera les matchs joués devant nos partisans, a indiqué le spécialiste du double américain Mike Bryan. D'entendre (les partisans), c'est complètement différent de ce qui se fait sur le circuit. C'est le seul point négatif à mes yeux. »

Les finalistes de 2019 seront divisés en six groupes de trois nations qui disputeront un tournoi à la ronde. Ces matchs – deux simples et un double – seront disputés au meilleur de trois manches, au lieu des quatre duels de simple et du duel de double joués au meilleur de cinq sets. Les meneurs de chaque groupe ainsi que les deux nations ayant la meilleure fiche après les six premiers passeront aux quarts de finale, à élimination simple.

Le premier championnat sera disputé sur court intérieur, du 18 au 24 novembre 2019, soit à Madrid, en Espagne, ou à Lille.

Courier souhaite que la Coupe Fed, le penchant féminin de la Coupe Davis, adopte la même formule à un moment donné, afin que les hommes et les femmes puissent disputer un tournoi au même endroit.

« Je crois que c'est la meilleure carte de visite pour notre sport, a noté l'Américain. Nous voyons l'attention portée aux tournois du Grand Chelem, parce que les hommes et les femmes sont présents. Je pense qu'il serait sage pour l'ITF d'explorer cette avenue. »