Serena Williams, un retour et des questions
Tennis jeudi, 8 févr. 2018. 09:55 vendredi, 13 déc. 2024. 18:48PARIS, France - Serena Williams doit reprendre la raquette ce weekend lors de la Fed Cup, après une année sans compétition pour donner naissance à son premier enfant. À 36 ans, l'Américaine a-t-elle les moyens de tutoyer de nouveau les sommets?
Éléments de réponse avec son entraîneur Patrick Mouratoglou et Stéphanie Nguyen, médecin de l'équipe de France féminine de tennis, interrogés par l'AFP.
Comment s'est passée sa préparation?
Les complications survenues le lendemain de la naissance de sa fille Alexis Olympia - née le 1er septembre - ont ralenti la reprise de l'ancienne no 1 mondiale. Difficultés respiratoires en raison de la présence de caillots de sang dans les poumons, cicatrice de césarienne rouverte, puis six semaines alitée : c'est ce qu'elle avait enduré, selon ses explications au magazine Vogue en janvier. La cadette des sœurs Williams n'a donc pu reprendre le sport qu'en novembre « ce qui a rendu impossible sa participation à l’Omnium d'Australie », affirme son coach français.
« Elle a fait un travail de remise en forme progressif par paliers. Le tennis a été repris immédiatement mais à très petites doses et sans déplacements dans un premier temps », détaille Patrick Mouratoglou. En parallèle, l'Américaine a suivi « un programme de préparation physique complet » adapté au contexte.
À quel niveau se situe-t-elle sur le plan physique?
« C'est une excellente question », répond son entraîneur, qui ne l'a pas vu à l’œuvre et ne la rejoindra que « d'ici une semaine pour (effectuer) un bloc d'entraînement en vue des tournois d'Indian Wells et de Miami ». On en saura plus ce week-end si l'Américaine foule le court de l'US Cellular Arena à Asheville (Caroline du Nord) contre les Pays-Bas, ce qui serait son premier match en compétition depuis la conquête de son 23e trophée majeur fin janvier 2017 à Melbourne.
Elle a déjà rejoué depuis son accouchement mais dans le cadre d'une exhibition, fin décembre à Abou Dhabi, contre la Lettone Jelena Ostapenko. Battue par la championne de Roland-Garros 6-2, 3-6, 10/5 dans un troisième set joué en mode « super bris d’égalité », Williams s'était rassurée sur son niveau, mais sa forme étaient loin d'être optimale. « Elle ne sera pas forcément à 100% de ses capacités physiques. Mais si le suivi a été très pointu, elle peut être à 80 ou 90% », estime Stéphanie Nguyen.
Pourquoi la Fed Cup?
L'Américaine n'a plus joué dans la « Coupe du monde » par équipes depuis 2015 et un match de barrage remporté face à l'Italie. Après le titre glané en 1999, l'année de ses débuts dans la compétition, la Fed Cup n'a plus guère fait partie de ses priorités. Elle n'a ainsi participé qu'à cinq des dix-huit dernières campagnes. « Elle avait décidé d'alléger son calendrier au maximum afin d'être performante aux moments clés de la saison. En 2018, compte tenu du contexte, s'aligner en Fed Cup fait plus de sens », commente son entraîneur, qui a fondé une académie de tennis près de Nice.
« C'est une occasion de se retrouver dans une super ambiance avec les autres joueuses américaines (dont sa sœur aînée Venus Williams), de s'entrainer avec elles, de faire des matchs d'entrainement, et éventuellement d’être alignée en simple ou en double en fonction de son état de forme », argumente-t-il.
Peut-elle battre le record de Margaret Court?
Il ne manque que deux titres majeurs à l'Américaine pour dépasser l'Australienne (24). Possible après un accouchement? Court, elle-même, en avait gagné trois en 1973 après une naissance, tout comme la Belge Kim Clijsters, dans un passé bien plus récent. L'Australienne Evonne Goolagong avait elle gagné Wimbledon en 1980. Mais elles avaient toutes plusieurs années de moins que Serena Williams, qui fêtera ses 37 ans en septembre.
L'âge n'est pas un handicap selon son entraîneur. « Ses seules limites sont une éventuelle lassitude un jour, le jour où elle décidera que c'est le moment de tirer sa révérence », estime-t-il. « Psychologiquement, un accouchement peut rendre une sportive plus forte », fait remarquer Stéphanie Nguyen, qui a suivi des mamans judokates. « Avec les moyens dont dispose Serena Williams et son mental de championne, cela me paraît tout à fait envisageable qu'elle rejoue à son meilleure niveau », ajoute-t-elle.