NEW YORK - Avec quelques bonnes années de retard, l'ex prodige du tennis américain Donald Young est aux premières loges: il affronte mardi Andy Murray (no 4) pour une place en quart de finale de l'US Open.

Après un exploit au 2e tour aux dépens de Stanislas Wawrinka (no 14) à l'issue d'une bagarre de 4h20, Young, 22 ans, casquette de biais et diamant à l'oreille, a confirmé dimanche en écartant l'Argentin Juan Ignacio Chela.

A l'en croire, le déclic est venu d'un été de travail intensif à Los Angeles, loin de chez lui, à raison de deux heures de tennis et deux heures de physique par jour. "Plus que je n'avais jamais fait jusque là", dit-il.

Il était en bonne compagnie aux côtés de Mardy Fish et Sam Querrey mais aussi d'un certain Pete Sampras avec lequel il a pu taper la balle.

Cela faisait un bail qu'on attendait celui qui a longtemps été annoncé comme un futur messie de la petite balle jaune aux États-Unis.

Le "petiot" n'avait que 14 ans que déjà médias, sponsors et bien sûr la Fédération américaine (USTA) lui faisaient les yeux doux, tant il faisait montre d'un talent naturel de gaucher que même John McEnroe comparait volontiers au sien. Invitations de tournois, demandes d'interviews et contrats publicitaires ont plu sur l'adolescent.

"Je veux remporter les quatre tournois du Grand Chelem au moins une fois", clamait-il deux ans déjà avant de devenir le plus jeune champion du monde juniors de l'histoire (ce qu'il est encore) à l'âge de 16 ans et 5 mois.

Mais Young s'y est vu un peu vite. "Le talent est une qualité trop souvent surestimée", assure l'Espagnol José Higueras, aujourd'hui cadre formateur à l'USTA. A force de considérer comme acquis les honneurs qui lui étaient réservés, Young a oublié que l'accession au plus haut niveau ne se faisait pas sans une discipline rigoureuse.

L'épisode du tweet

Passé pro à 16 ans, les années ont défilé et les résultats n'ont pas suivi. A l'étiquette de futur crack s'est ajouté le préfixe ex. Mais il n'a pas pour autant fait profil bas. En mai, quand l'USTA lui a préféré un autre pour une invitation dans le tableau final de Roland-Garros, Young a même déraillé: "C'est la dernière fois qu'ils me b....", a-t-il tweeté, avant de s'excuser.

"Cet épisode du tweet a eu le mérite de mettre les choses au point publiquement", avait estimé Higueras

"Ce n'est pas comme ça que tout ça aurait dû se faire, dit aujourd'hui Young. Mais aujourd'hui ça va. Il est temps d'aller de l'avant."

Toujours est-il que l'Américain au look hip-hop est enfin en train de réussir une saison digne d'un pro du circuit, même s'il avoue avoir perdu contre un joueur classé dans les 300 à l'ATP il n'y pas si longtemps dans un tournoi Challenger en Californie.

Il est 84e au classement ATP et, à 22 ans, sa victoire sur Andy Murray en mars à Indian Wells, puis sa demi-finale à Washington début août et enfin sa première accession à la deuxième semaine d'un Grand Chelem sont autant de signes que l'enfant gâté de Chicago est enfin en train de grandir.

Dixit le jeune homme: "Une carrière est faite de hauts et de bas. J'ai clairement eu ma part de bas, j'espère que j'aurais beaucoup plus de hauts."