NEW YORK (AFP) - Moins talentueux que Marat Safin, moins glamour que Dmitry Tursunov, moins titré que Yevgeny Kafelnikov, le Russe Nikolay Davydenko dispute pourtant samedi à l'US Open la deuxième demi-finale de sa carrière dans un tournoi de tennis du Grand Chelem.

Et pourtant, il est sans doute le Russe le moins connu du grand public, alors qu'il engrange les victoires.

S'il est vrai qu'il n'est pas le plus spectaculaire, ni le plus artistique, ni le plus bavard des joueurs sur le circuit, Davydenko possède pourtant quelques atouts.

Jusqu'à présent, le Russe de 25 ans a disputé le plus grand nombre de matches sur le circuit cette année (76) avec trois titres à la clé: Portschach (Autriche), Sopot (Pologne) et New Haven (Connecticut), dernier tournoi préparatoire avant l'US Open.

Né le 2 juin 1981 à Severodonezk en Ukraine, de parents russes, Davydenko (1,80 m et 69 kg), aux jambes en allumettes et aux bras en bâtons de sucette, a grandi en Russie, mais n'en a obtenu la nationalité qu'en 1999.

A l'âge de 15 ans, il émigre en Allemagne, qui lui sert toujours de base d'entraînement.

"Les conditions d'entraînement ne sont pas idéales en Russie, avoue Davydenko, entraîné par son frère Eduard depuis 1992. Et puis, on est un peu à l'écart de tout. Les voyages sur les autres tournois sont longs. Là, c'est plus facile."

"La machine à balles"

Pilier en simple de l'équipe russe de Coupe Davis aux côtés de son compatriote Marat Safin, Davydenko a fait sa route tranquillement entre son passage chez les pro, en 1999, et sa véritable éclosion en 2005.

A la fin de l'année 2000, il pointe à la 134e place, puis à la 79e en 2001 avec ses premières apparitions en Grand Chelem, il stagne en 2002 (85e). Le déclic se produit en 2003, avec ses deux premiers titres ATP, à Adélaïde, sur dur, et à Estoril, sur terre battue. Il confirme l'année suivante en finissant 28e mondial, avec deux autres titres.

En 2005, il dispute un quart de finale à Melbourne et une demi-finale à Roland-Garros et termine la saison au 5e rang mondial. Il n'avait alors jamais fait mieux qu'un 3e tour -une seule fois- en 15 tournois du Grand Chelem.

A Flushing Meadows, le Russe, qui n'a plus perdu un match depuis sa défaite au 1er tour à Cincinnati mi-août face à l'Argentin Juan-Ignacio Chela, en gagnant le titre à New Haven entre-temps, a continué son petit bonhomme de chemin à l'ombre des ténors du tournoi.

Et il n'a pas dû trop forcer son talent, sauf à partir des huitièmes de finale où l'Ecossais Andy Murray (N.17) l'a poussé aux cinq sets. En quarts, il a renversé une situation désespérée face à l'Allemand Tommy Haas (N14), en remontant un handicap de deux sets à zéro pour la troisième fois de sa carrière.

S'il continue comme cela, la "machine à (renvoyer) les balles", comme l'a appelé Haas, pourrait enfin se faire un nom et surtout laisser une trace dans la mémoire collective.