PARIS - Devenue tendance en 2012, la rivalité entre Novak Djokovic, no 1 mondial, et Andy Murray, no 3, a tout pour éclipser le duel entre Roger Federer et Rafael Nadal dans les années qui viennent.

En onze mois, les deux hommes, nés à sept jours d'intervalle en 1987, se sont rencontrés sept fois, un total plus élevé que tous les autres face-à-face dans le « Big Four » devant les cinq affrontements entre Djokovic et Federer.

Mieux, jamais Federer et Nadal ne s'étaient autant rencontrés en une saison. Et les chocs entre Djokovic et Murray ont toujours été croustillants, avec en point d'orgue la victoire historique de l'Écossais en finale des Internationaux des États-Unis pour le premier titre britannique en Grand Chelem depuis 1936.

À part ça, il y a eu un match épique en demi-finales des Internationaux d'Australie, remporté 7-5 au cinquième set par Djokovic; la revanche de Murray en demi-finale des JO de Londres; et la victoire de Djokovic en finale du Masters 1000 de Shanghai après avoir sauvé cinq balles de match.

Des larmes, du drame et de la sueur : tous les ingrédients sont réunis pour une opposition de qualité qui a tout pour durer, vu leur âge (25 ans).

« Djokovic et Murray ont été les principaux animateurs des derniers mois. Pour moi ce sera la grande rivalité dans les années qui viennent », estime l'ancien champion Boris Becker qui rappelle que Federer « ne devient pas plus jeune » (32 ans en août 2013) et que Nadal « est souvent blessé ».

L'avis est partagé par la plupart des observateurs du circuit. Federer et Nadal seront toujours capables de coups d'éclats mais plus à l'unisson.

Deux amis

Pas certain toutefois que la rivalité naissante va plaire autant que celle, magnifique par son opposition de style, entre Federer, l'attaquant suisse à l'élégance raffinée, et Nadal, l'infatigable défenseur au look d'Apache.

Les deux nouveaux rois n'ont pas le même caractère : Murray est plus réservé que Djokovic le farceur. Mais sur un terrain ils opèrent de la même manière, avec un jeu du fond du court indébordable, basé sur un solide revers à deux mains, et une propension à galoper pendant des heures.

« On excelle dans les mêmes choses et on lit très bien le jeu de l'autre. Cela donne de très longs échanges et explique pourquoi nos derniers matchs ont été incroyablement serrés », souligne Murray.

Mais les deux joueurs ont un parcours similaire, malgré des origines différentes, qui a forgé une vraie complicité.

Les deux hommes se sont rencontrés pour la première fois à l'âge de 11 ans à un tournoi en France. Depuis, leurs chemins n'ont cessé de se croiser.

Tous deux ont quitté tôt le nid familial pour apprendre leur métier à l'étranger, l'Espagne et l'Académie Sanchez-Casal à Barcelone pour Murray, l'Allemagne et le camp d'entraînement de Niki Pilic à Munich pour Djokovic.

Tous deux sont suivis de près par leur mère, Judy Murray, ancienne joueuse aujourd'hui capitaine de l'équipe britannique de Fed Cup, et Dijana Djokovic qui couve du regard celui qu'elle appelle « l'enfant de Dieu ».

« Avec Andy, on se connaît par coeur. On a grandi ensemble et au fil des ans, on est devenus amis », rapporte Djokovic. « Notre histoire commune rend notre rivalité très spéciale. Je pense qu'elle a de belles années devant elle. »