Tous les joueurs étaient avertis que ce Roland-Garros automnal ne serait pas de tout repos avec un temps frisquet et pluvieux.

 

Oui, il a fait froid lors des trois premiers jours mais Dieu merci, ce ne fut pas le déluge tel qu'annoncé. Du beau tennis et des parades biens maitrisées par les vrais terriens, il y en a moins ce qui est tout à fait normal. La terre est lourde et glissante et en plus de l'humidité, peu importe la marque de balle utilisée, elle ressemble à une petite roche...

 

Tout un défi pour les compétiteurs qui doivent non seulement se soumettre aux différents protocoles sanitaires sans rouspéter mais composer avec beaucoup de nouveaux irritants. C'est là que l'on découvre qui sont les joueurs capables de creuser au plus profond de leur être pour trouver et produire l'excellence quand même. Le roi de Roland-Garros avec ses 12 titres, Rafael Nadal est content de son départ face à Egor Gerasimov.

 

Satisfait de la qualité de son service et de son coup droit long de ligne, Rafa ne badine pas, mais il accepte l'immense défi défi qui se dresse devant lui cette année. Novak Djokovic, quant à lui, donne une leçon de tennis à Mikael Ymer en 1 heure 38 minutes. Quelle maîtrise incroyable de Novak aujourd'hui! Son seul péché c'est d'abuser de l'amortie... 

 

On ne peut pas dire la même chose de Daniil Medvedev, qui perd au premier tour à la Porte d'Auteuil pour la quatrième fois de suite! Marton Fucsovics est un compétiteur de qualité qui sait tenir dans les moments chauds alors que Daniil pétait les plombs. Le champion du US Open Dominic Thiem tient bien au premier set alors que Marin Cilic est vraiment coriace. L'Autrichien sait garder la dragée haute et profite de la nervosité du Croate pour sceller le débat en trois manches.

 

Pour sa part, Serena Williams commence son tournoi dans la douleur face à Kristie Ahn mais au moins termine en force. Même chose pour la première tête de série et favorite de l'épreuve Simona Halep face à Sara Sorribes Tormo. Un set serré et l'autre, à sens unique.

 

Genie avance, Félix souffre

 

Nos Canadiens maintenant, alors qu'Eugenie Bouchard ouvre le bal face à la Russe de 21 ans Alla Kalinskaya. Notre Québécoise est beaucoup plus calme sur le terrain et heureusement, car les occasions de se frustrer sont légions. Lors des deux manches, Genie tire de l'arrière par un bris à deux reprises mais elle s'accroche pour soudainement soutirer deux fois le service de l'adversaire en fin de chacune des manches pour l'emporter 6-4 et 6-4. La seule différence entre les deux joueuses : l'expérience.

 

Au prochain tour, Bouchard affronte la petite peste Daria Gravilova qui revient de blessure et n'a joué qu'un seul tournoi cette année à Cagnes-sur-Mer, juste avant Roland-Garros. L'Australienne remet beaucoup de balles arrondies en jeu et elle est tenace. J'espère que pour ce match, il fera un peu plus chaud, ce qui favorise le style de jeu préconisé par Eugenie. Elle est prévue aux alentours de 7 h demain matin.

 

Que dire de notre jeune de 18 ans Leylah Fernandez qui a le meilleur sur la 31e tête de série Magda Linette en trois manches de 1-6, 6-2 et 6-3? Après un premier set raté, la Québécoise change de stratégie. Comme nous sommes en soirée hier et il fait froid, elle décide de moins frapper dans le rebond, donc très tôt dans la balle. Cela lui facilite la tache pour redevenir constante dans l’échange.

 

Plus le match avance, plus Linette parait en difficulté pour gérer le gauche/droite en plus des amorties bien senties de Fernandez. Après quelques moments chauds en fin de rencontre, elle conclut avec panache. Pas mal pour un premier Roland-Garros dans le grand tableau!

Félix Auger-Aliassime ne connaît pas une belle séquence sur terre. Fabuleux sur le dur à New York, Félix me donne l'impression de souffrir sur terre battue. Il faut être un peu plus patient sur ocre mais notre Québécois commet beaucoup d'erreurs; 58 en trois sets face au petit poison Yoshihito Nishihoka. Malgré tout, si Félix est juste un petit peu plus opportuniste en balles de bris, nous aurions eu droit à un match bien différent. Je le sens nerveux dans les moments clés. Félix s'offre tout de même 13 balles de bris mais ne concrétise que deux fois. Allez, on passe à autre chose, en se rappelant que ce n'est qu'une première expérience dans le tableau principal à Paris. Sortir de cette fausse bulle lui fera aussi beaucoup de bien.

 

Bel effort de Steven Diez, qui bataille au meilleur de ses capacités alors qu'il arrache même le premier set en plus de mener de 2-0 au deuxième face à Mackenzie McDonald. Au fil du match cependant, le manque de premières balles percutantes de notre Canadien lui fera extrêmement mal alors que l'Américain le torture en réception de deuxièmes balles. Quel beau parcours tout de même pour le vétéran qui se qualifie en Grand Chelem pour une première fois en 16 occasions.

 

Pospisil n'a fait que passer, Shapovalov coriace

 

Très tôt ce matin, Vasek Pospisil ne fait pas le poids devant le top 10 Matteo Berrettini. Notre Canadien est inexistant en retours de service. Certes l'Italien livre une belle copie et il est intense. Quand même, je m'attendais à mieux de la part de Pospisil, qui ne s'offre qu'une seule balle de bris alors que Matteo va chercher six bris en trois sets sur 20 opportunités. En plus, que 18 fautes en trois manches pour l'Italien contre 45 pour Vasek. Ouf, vivement les surfaces dures à l'intérieur.

 

En fin de journée, Denis Shapovalov commence son tournoi face à un fier français, Gilles Simon, agé de 35 ans mais un ancien top-10. Régulier et très compétitif, Gilou en a fait tomber plus d'un mieux classé que lui au cours de sa longue et belle carrière. Nous avons droit justement à toute une bagarre. Régulier et combatif, Simon laisse quand même filer la 2e manche alors qu'il mène 5-2 et s'offre cinq balles de manche à 5-3. Shapo est courageux et il s'accroche pour tout renverser en sa faveur. Mieux encorer alors qu'il mène 2 sets à 0, il détient le bris à 2-1 au 3e set, Malheureusement, Shapo perd sa voie et le set 7-5.

 

La quatrième manche est bourrée de courses folles et de passings du revers incroyables de la part de Simon. Shapo a le mérite de rester calme, alors qu'il continue de construire ses points avec tout le panache qu'on lui connaît. Denis réussit aussi quelques bijoux à la volée. Ce 4e set est ponctué de six bris de service  dont quatre par notre valeureux Canadien. Une entrée en matière de 3 heures et 29 minutes. Denis l'échappe belle alors que se profilait dangeureusement à l'horizon un 5e set. Après un quarts à New York, une demie à Rome, ce ne fut pas un match parfait mais le kid s'est battu comme un forcené dans des conditions de jeu diamétralement opposées à ce qu'il a vécu en Italie. Bravo!

 

La suite maintenant alors que Shapo affrontera l'Espagnol de 27 ans Roberto Carballes Baena, expert de la terre qui a démoli Steve Johnson en trois petits sets au premier tour.