Félix Auger-Aliassime fait son entrée ce mardi au Masters 1000 de Madrid alors qu'il affronte Casper Ruud, de deux ans son ainé. Déjà, je me doute bien que le défi sera de taille parce que le Norvégien a vraiment bonne mine depuis le début de la saison sur terre. Demi-finaliste à Monte Carlo et à Munich, Ruud épate même la galerie avec des victoires convaincantes sur notamment Diego Schwartzman, Pablo Carreno Busta et Fabio Fognini, tous spécialistes de la surface et faisant aussi partie de l'élite. Les améliorations dans le jeu de Casper sont visibles en cette année 2021. Sa base en fond de terrain est de plus en plus solide avec en bonus des accélérations en coups droits qui lui permettent de dominer ses adversaires. Comme il est très en confiance, il est super constant en fond de terrain, sachant encore mieux que par le passé quand prendre des risques calculés. Son jeu est honnêtement super bien ficelé et ses retours de service bombés et profonds sont souvent de qualité top-10.

 

À l'inverse, depuis le tournoi de Monaco, je sens Félix un peu plus tendu qu'à l'habitude comme s'il sentait le besoin de prouver au monde entier qu'il mérite un entraîneur de la trempe de Toni Nadal. En même temps, c'est tout à fait normal comme réaction pour un jeune joueur de 20 ans aux aspirations très grandes. Alors que l'oncle Toni délaisse son rôle de directeur de l'Académie de Rafael Nadal sur l'île de Majorque pour se rendre à Monaco et Madrid, on veut profiter au maximum de ses conseils et emmagasiner le plus d'informations possible. Cependant, l'équilibre d'un jeune pro c'est fragile et il y a toujours ce danger de mettre plus de valeur sur le désir de respecter le plan de match du grand coach que de réagir avec les sensations du moment.  

 

Avec Toni on a beaucoup travaillé la volée. Malheureusement dans cet aspect du jeu, la récolte est maigre aujourd'hui avec seulement 5 points gagnés sur 12 présences au filet. Chaque fois ou presque que FAA va vers l'avant, il me donne l'impression de ne pas y croire ou d'être suffisamment conscient de l'endroit où il se trouve dans sa montée juste avant de procéder à son allègement pour bondir avec justesse vers la volée. De façon générale, il est tellement loin du filet pour la première volée, laissant trop de place à Ruud pour produire des passings de qualité.

 

À la base, on sait aussi que lorsque Félix est bien concentré et confiant il est exceptionnel avec sa première balle de service en plus de dominer le jeu avec son coup droit. Aujourd'hui les nombreuses fautes directes dans l'échange (27 au total) ne lui permettent jamais de prendre du rythme et de bâtir quelque chose de solide. Cela paraît encore plus évident parce que devant lui, se dresse un joueur qui contrôle si bien toutes les facettes de son jeu. Ruud gagne le match en deux sets de 6-1 et 6-4 en n'offrant aucune balle de bris à Félix alors que lui brise trois fois tout en finissant la rencontre en le muselant en retours de seconds services. Honnêtement, je ne me souviens pas d'un match où Auger-Aliassime ne gagne que 4 points en 2e balle sur 22 jouées. Ouf! 

 

Au-delà de tout, il faut que notre Québécois retrouve de la stabilité émotivement et qu'il revienne à maîtriser la base du jeu. Sinon même Superman ne pourra pas l'aider. Rappelons que du côté du clan Aliassime, on bâtit à moyen et long terme. Pas de panique, la route est longue et la compétition est féroce sur ce grand circuit. Il finira éventuellement à se débarrasser de ce carcan qui le retient et l'étouffe. Il faut aussi se rappeler que chaque difficulté représente une étape de plus à conquérir pour atteindre le but suprême. 

 

Même chose pour Denis Shapovalov qui se bute à l'excellence d'Alexander Bublik au 2e tour. Notre Canadien commence pourtant tellement bien le match avec une belle avance de 3-1 mais encore une fois salit son jeu d'horribles doubles fautes (14 au total!). Cela devient une fois de plus une grande bataille mentale pour d'abord rester calme et puis essayer de dominer un adversaire qui possède lui aussi tout un éventail de coups! À ce niveau, tu ne peux pas donner autant d'espoir à l'adversaire en faisant beaucoup trop de fautes (40!) puisque même tes magnifiques parades et accélérations mirobolantes n'affectent pas trop le moral de l'homme devant. Bublik savait que Denis finirait par flancher, à offrir des points lors des moments clés et c'est exactement ce qui se passe en fin de 3e set.

 

C'est quand même tellement dommage parce que Shapo a beaucoup travaillé pour réparer ses erreurs, il s'est même arraché pour trouver des solutions, butiner autour de ce qui fonctionnait bien mais en vain. On ne peut pas gagner à ce niveau-là sans pouvoir compter sur ses meilleurs coups lors des moments clés. Bublik a quant à lui excellé quand il le fallait. Dure journée donc pour nos jeunes Canadiens. Oh confiance, amie si infidèle, pourquoi te caches-tu? 

 

Défaite de Shapovalov au 2e tour à Madrid
« Je suis confiant de pouvoir passer au prochain niveau »
Ruud trop fort en coup droit
Amorti en douceur de Félix