PARIS– Dans l'esprit d’Eugenie Bouchard, une athlète professionnelle veut toujours rivaliser à tout prix.

Le degré de confiance de l'entourage de la Montréalaise, quant à ses chances de la voir participer aux Internationaux de France, ne s'est matérialisé qu'au cours des 24 dernières heures.

Samedi, l’athlète de 23 ans a confirmé qu’elle participerait au tournoi. Son match de premier tour contre la Japonaise Risa Ozaki aura lieu mardi.

Une entorse à la cheville de catégorie 2, subie la semaine dernière à Nuremberg en Allemagne, l'a forcée à se retirer de ce tournoi préparatoire. Elle avait dû quitter le site en béquilles.

« Il n'y a aucune poudre magique ou des choses spéciales que l'on peut faire. Il n’y a que le temps et les traitements. C’est certain que c’est toujours frustrant, mais ça arrive. Cela fait partie de la vie d’une athlète professionnelle », a dit Bouchard dans une entrevue accordée à RDS samedi. « J'ai essayé de ne pas être négative à ce sujet et de gérer la situation au jour le jour. »

La blessure est survenue lors d’une course de routine pour un amorti. Bouchard affirme que l’état du terrain de terre battue était en grande partie responsable de sa blessure. En effet, l’Allemande Laura Siegemund a subi une blessure au genou sur le même terrain, quelques jours plus tard. Siegemund a dû de retirer des Internationaux de France.

Depuis, la réadaptation de Bouchard s’est faite par étapes.

Mercredi, Bouchard s’est installée au centre du terrain. On a dirigé les balles en plein milieu de sa zone des prises, sans qu’elle soit obligée de se déplacer.

Jeudi matin, elle bougeait un peu mieux, mais il y a eu quelques occasions où elle a fait un mauvais mouvement et s’est retrouvée dans l’obligation d’arrêter un instant ou deux pour reprendre ses moyens.

Jeudi après-midi, elle a frappé quelques volées et smashs pour la première fois.

Vendredi matin, Bouchard avait le visage maussade. Découragée, son langage corporel laissait voir qu’elle n’était pas loin de jeter la serviette. Mais quelques heures plus tard, nette amélioration. Sa mobilité s’est améliorée d’une coche alors qu’elle jouait des points avec Mirjana Lucic-Baroni de la Croatie.

Samedi matin, lors d’un entraînement avec la Russe Ekaterina Makarova, c'était encore mieux.

« Lentement, j'ai ajouté du mouvement, une progression normale. La cheville est stable, ce qui est une bonne chose », a dit Bouchard.

« Dans ma tête, c’était toujours "oui", mais je gérais la situation au jour le jour cette semaine lors des entraînements. Je pense que lors des deux derniers jours, nous étions plus de confiants que je puisse jouer. »

Bouchard n’a aucune ambition pour le tournoi. « Je suis simplement heureuse de pouvoir jouer. Il y a une semaine, je n’étais vraiment pas certaine de le faire. Alors pour moi, c’est déjà gagné », dit-elle. « Qu’arrivera-t-il? Je ne le sais pas. Mais c’est certain qu’il y a un bon nombre de joueuses qui ont une belle opportunité. »

Bouchard a vaincu son adversaire de premier tour, Ozaki, deux fois chez les juniors et une fois chez les professionnels, l’an dernier au premier tour à Indian Wells.

La chance lui a souri dans le tirage, et aussi dans la programmation. Sa moitié du tableau principal jouera ses matchs de premier tour lundi et mardi; l’autre moitié sera à l’horaire dimanche et lundi. La Québécoise a fait une demande pour pouvoir jouer son match le plus tard possible. Une douzaine de matchs auront lieu le lundi; celui de Bouchard sera parmi les 20 à l'horaire mardi.

Elle pourra donc profiter de deux journées supplémentaires pour se faire traiter la cheville et continuer sa réadaptation.

Déjà agressive dans son jeu, Bouchard affirme qu’elle ne changera rien contre Ozaki, même si elle se doit d’éviter de longs échanges en fond du terrain qui pourraient mettre trop de pression sur sa cheville encore fragile.

« Dans les matchs, je ne pense jamais à ça. C’est ce que j’ai toujours fait durant ma carrière. De toute façon, habituellement, je ne sens presque rien durant un match – c'est peut-être l’adrénaline ou le fait que je suis concentrée sur le match lui-même et rien d’autre », a dit Bouchard. « J’irai sur le terrain et je jouerai mon jeu à 100 %. Après, je verrai s’il y a de quoi à gérer avec ma cheville. »

Aurait-elle joué à Paris si ce n’était pas un tournoi du Grand Chelem?

Question difficile, a répondu Bouchard.

« Je pense que oui. La cheville va de mieux en mieux. Je veux toujours jouer. Il est plus difficile pour moi de ne pas jouer. »

La Québécoise Françoise Abanda sera elle aussi du tableau principal de Roland-Garros. Après avoir franchi avec succès l’étape des qualifications, elle se mesurera à la Française Tessa Andrianjafitrimo.

Le Montréalaise Stéphanie Myles, longtemps journaliste à la section des sports du Montreal Gazette et affectée à la couverture des Expos durant leurs dernières années à Montréal, a repris sa passion pour le tennis après le départ de l'équipe. Elle est actuellement la rédactrice en chef du nouveau site web, tennis.life