Révélée au grand public par sa victoire sur Serena Williams en 2014 au deuxième tour de Roland-Garros, l'Espagnole Garbine Muguruza a fait du chemin depuis cet exploit fondateur : deux ans plus tard, elle fait figure de principale rivale de l'Américaine.

Finaliste de Wimbledon l'année dernière, solidement installée à la quatrième place mondiale, cette athlète longiligne (1,82 m), âgée de 22 ans, sera largement favorite en demi-finale contre l'Australienne Samantha Stosur.

En deux ans, sa vie a été révolutionnée : Muguruza a changé d'entraîneur et ne vit plus à Barcelone. Née à Caracas d'un père basque espagnol et d'une mère vénézuélienne, elle était arrivée à l'âge de six ans dans la capitale pour y jouer au tennis, comme ses frères, qui l'avaient précédée de quelques années.

« Je vis à Genève depuis quelque temps, je m'entraîne là-bas, ma famille m'y a accompagnée. C'est un bon endroit pour travailler », explique-t-elle.

Muguruza s'est aussi transformée comme joueuse de tennis. Si son potentiel physique et technique n'a jamais fait de doute, elle a longtemps alterné le meilleur et le pire. La recherche de la régularité sur toutes les surfaces a été son principal objectif des deux dernières saisons.

« Au-delà des coups en eux-mêmes, c'est mon attitude dans le tennis qui s'est beaucoup améliorée. Quand je joue des matchs difficiles, je vois que je suis mieux préparée qu'avant », dit-elle.

C'est surtout à partir de l'été 2015 que l'Espagnole a décollé : finale à Wimbledon (contre Serena), victoire au gros tournoi de Pékin, demi-finale au Masters; elle a bondi en quelques mois de la 20e place mondiale au top-4.

L'homme qui l'a accompagnée dans ses progrès est un Français : Sam Sumyk, l'ancien mentor de la Biélorusse Victoria Azarenka qu'il avait conduite à la première place mondiale. Le Lorientais a remplacé l'été dernier l'Espagnol Alejo Alejo Mancisidor, qui s'occupait d'elle depuis cinq ans.

Le début de la saison 2016 a toutefois été difficile.

« Après une montée, il y a toujours une descente. Après cette fin de saison un peu folle, il a fallu tout reprendre de zéro », a dit la joueuse.

Les Jeux avec Nadal

Jusqu'au tournoi de Rome, deux semaines avant Roland-Garros, elle n'avait joué aucune demi-finale cette année et avait parfois eu du mal à cacher son agacement.

« Dis-moi quelque chose que je ne sache pas déjà! », avait-elle lancé à son entraîneur devant les caméras de télévision en février au tournoi de Doha, alors qu'elle était en train de se faire battre.

Étiquetée « grand espoir du circuit », la joueuse a appris à faire face aux sollicitations. Il y a deux ans, extravertie et souriante, elle n'hésitait pas à se livrer devant la presse. Aujourd'hui, aux questions qui l'embarrassent, à propos de la situation politique dans son pays natal par exemple, elle répond qu'elle est « concentrée sur son tennis ».

Muguruza a été l'objet d'une longue lutte d'influence entre l'Espagne et le Venezuela. Quel pays allait-elle représenter? Après avoir beaucoup réfléchi, la joueuse a préféré disputer la Coupe Fed avec son amie espagnole Carla Suarez. À elles deux, elles peuvent espérer succéder à la fameuse paire Arantxa Sanchez et Conchita Martinez, vainqueur de l'épreuve cinq fois dans les années 1990.

Ce choix pourrait aussi lui permettre de jouer le double mixte des Jeux olympiques de Rio aux côtés de Rafael Nadal, si le Majorquin est remis de sa blessure au poignet.