Trois semaines de vacances, ce n'est pas long lorsqu'on s'appelle Roger Federer et qu'on essaie à 33 ans de se remettre d'un printemps et été éreintants. Preuves à l'appui : finale à Monte-Carlo (match qu'il aurait dû gagner face à Wawrinka), titre à Halle, finale à Wimbledon (Djokovic laisse filer son avance mais sauve des balles de bris à 3-3 au 5e set), finale à Toronto, titre à Cincinnati, demi-finale aux Internationaux des États-Unis et triomphe en demi-finale de la Coupe Davis face à l'Italie avec des victoires en simple face à Simone Bolelli et Fabio Fognini sans perdre un set! WOW! Quelle séquence phénoménale pour le trentenaire!

Donc, Roger doit faire du temps supplémentaire en cette fin d'année 2014 car jamais il n'a gagné la Coupe Davis et il y tient. Cependant, il aurait pu s'économiser et ne pas aller en Chine puisqu'après toutes ces années sur le circuit, on lui accorde tout de même quelques privilèges. Ceci étant dit, le Suisse est conscient de l'immense popularité que le peuple chinois lui accorde et il continue de profiter de l'émerveillement qu'il provoque là où il passe. Bon, jusque-là ça va, on peut comprendre, mais lors de son match de premier tour, Federer a les jambes lourdes face à Leonardo Mayer. Il sauve cinq balles de match de façon miraculeuse en plus de combattre la fin d'une grippe. 

Le pire est derrière lui puisqu'il enchaîne avec des performances quasiment parfaites. Les Chinois ne sont pas déçus parce que leur « bouddha » retrouve la sagesse voire le nirvana contre Bautista Agut et Benneteau. Offensif et constant, juste en attaque et à la volée, le monde entier salive déjà puisque Djokovic attend Roger de pied ferme en demi-finale.

Pas facile tout de même pour Novak d'affronter une légende vivante devant 15 000 spectateurs entassés dans ce magnifique Stade Qi Zhong. Tous ces coeurs vivent au rythme de leur héros et récompensent chaque geste, choix, mouvement et décision de l'horloger suisse, maître de précision, d'adresse et de finesse.

Federer est sublime face à Djokovic : rapide et solide en jambes, il gagne presque toutes batailles en fond de terrain. De plus, son jeu offensif si complet lui permet d'exceller sur cette surface qui récompense les attaquants. Je me régale de le voir si léger et rapide. Quel bonheur de constater qu'à 33 ans il peut monter au filet autant, nous régalant par la justesse et le son velouté de ses volées!!!    

Honnêtement, la façon que Federer se comporte depuis son premier match me laisse croire qu'il va continuer de marcher sur l'eau face à Gilles Simon en finale. « Gilou » a le mérite d'exceller toute la semaine en battant notamment Stan Wawrinka et Tomas Berdych et aussi en sachant qu'il a triomphé face à Federer deux fois en 2008 dont une à Shanghaï. Dans ces années-là le Suisse survolait le circuit. Il y alongtemps, certes, mais cela a de la valeur pour le Français. 

Simon va s'en mordre les doigts puisqu'il profitera d'une balle de manche au premier set et deux au second pour finalement perdre 7-6, 7-6. Federer est lent et inconstant au premier set ce qui permet à Simon de mener tout du long avant d'être rattrapé par ses nerfs au pire des moments, alors qu'il sert pour le set à 5-4. Roger nous prouve qu'il sait s'accrocher. Même quand son jeu n'est pas si beau, il accepte la bataille comme elle s'annonce : ardue et laide.

Relâché émotivement après le gain de la manche, Federer retrouve sa légèreté mais pas sa capacité à profiter de ses balles de bris. Simon reste présent mais rate deux coups droits sur balles de manche en plus de passer à côté du bris d'égalité. Le Suisse mérite pleinement ce 23e titre en série Masters. Durant cette belle semaine, il a parfois été brillant et surtout fabuleux dans le moment présent pour sauver gros face à Mayer et Simon. Il s'est finalement transcendé dans les moments clés. Son courage et sa sérénité en toutes circonstances l'auront une fois de plus honoré...